À Paris, un rassemblement anti-Trump qui mobilise les personnes LGBT+
« Trump ne peut pas fermer les yeux et penser que les personnes trans n'existent pas. ». Collectifs et associations LGBT+ étaient présentes ce dimanche 11 novembre. Komitid y était.
C’est sous une pluie automnale que quelques centaines de personnes se sont rassemblées ce dimanche 11 novembre place de la République à Paris, en signe de protestation contre la venue de Donald Trump. Lui-même était là, incarné par l’énorme ballon Baby Trump, gentiment prêté par ses « babysitters », des activistes britanniques présent.e.s pour manœuvrer le monstrueux et colérique bébé aux allures de dirigeable.
Tout.e.s uni.e.s contre Trump
Une soixantaine de collectifs et associations ont répondu à l’appel pour protester contre la présence du président des États-Unis pour les commémorations du 11 novembre. À ce titre, des organisations LGBT+ étaient de la partie pour dénoncer la politique de Trump, mais aussi celle du gouvernement Macron. Au micro, les prises de paroles se sont succédées tout l’après-midi : un activiste du Strass a dénoncé la loi de pénalisation des clients de la prostitution comme étant responsable de la mise en danger des travailleurs et des travailleuses du sexe, la bédéaste féministe Emma a dénoncé le poids du patriarcat et la prégnance des violences faites aux femmes dans la société française, le comédien trans Océan, représentant le collectif des Irrécupérables, a accusé la France de continuer à nier l’existence des personnes trans :
« Cette décision va avoir des répercussions sociales ignobles. »
Billy est venu pour porter la parole de Won’t be erased, en soutien à la mobilisation contre la politique transphobe de Trump aux États-Unis. Mi-octobre, le New York Times a révélé qu’une note interne émanant du ministère de la Santé envisagerait de définir l’identité sexuelle comme étant strictement liée aux organes sexuels de naissance. Une mesure aux conséquences catastrophiques : « Ça va légitimer les violences envers les personnes trans, la violence juridique, par exemple, car on ne pourra plus entreprendre des démarches de changement d’état civil si on le souhaite. Pour les personnes intersexes, ça va légitimer les actes de mutilations, de prises d’hormones forcées. Cette mesure va aussi légitimer le harcèlement scolaire, ça va empêcher les jeunes de pouvoir utiliser les vestiaires qui leur correspondent, de s’habiller en accord avec leur genre. Cette décision va avoir des répercussions sociales ignobles qui perpétuent la notion selon laquelle les personnes trans ne devraient pas exister et pourraient être effacées. »
Derrière une banderole où figurent les mots « Aids : The world is burning », les militants et militantes d’Act Up-Paris brandissent des pancartes où apparaissent plusieurs visages. Celui de Trump, bien sûr, mais aussi ceux d’autres dirigeant.e.s présent.e.s pour les commémorations du centenaire de l’armistice : « Toutes ces personnes tuent autant que le sida, avec leurs politiques économiques et sociales qui propagent l’épidémie », résume Pierre, co-secrétaire général de l’association.
« Toutes ces personnes tuent autant que le sida. »
« Cela va de Poutine, qui criminalise les personnes LGBT+, les personnes usagères de drogues, à Trump qui coupe dans les budgets de la lutte contre le sida, alors que l’épidémie est encore là. Macron mène une politique qui est la suite de celle de Sarkozy et d’Hollande. Actuellement des personnes meurent dans les hôpitaux et ce ne sont pas les malades : ce sont les soignants, qui se suicident car ils n’ont pas la possibilité de travailler correctement. »
Mimi Aum Neko est venue au rassemblement au nom de l’association Acceptess-T. Réfugiée politique, trans et travailleuse du sexe, elle voit les nouvelles mesures américaines comme une nouvelle source de violences et de marginalisation : « Trump ne peut pas fermer les yeux et penser que les personnes trans n’existent pas. On a le droit d’être reconnus comme qui nous sommes. Nous, on sait qui on est, on sait quelle est notre identité. »
« Trump ne peut pas fermer les yeux et penser que les personnes trans n’existent pas. »
La venue du président des États-Unis et l’accueil que lui a réservé Macron lui est insupportable : « On ne veut plus que la France soit la Terre des dictateurs, parce que ces gens-là tuent des gens, soutiennent la vente des armes. Ils s’en foutent des droits humains, et donc des gens comme nous. On veut partager la solidarité avec toutes les personnes qui sont victimes de ce système, de cette politique raciste et sexiste, et on va lutter ensemble, résister sans rien lâcher. »
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