Allez vite faire un tour du côté de « La Petite Boutique des horreurs » !

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C'est le temps du shopping avant les fêtes ! Prenez la direction de l'Opéra-Comique pour cette version désopilante, poétique et horrifique d'une comédie musicale acidulée mais grinçante, « La Petite Boutique des horreurs ».

« La Petite Boutique des horreurs » à l'Opéra Comique - Stefan Brion
« La Petite Boutique des horreurs » à l'Opéra Comique - Stefan Brion

C’est le temps du shopping avant les fêtes ! Prenez la direction de l’Opéra-Comique pour cette version désopilante, poétique et horrifique d’une comédie musicale acidulée et grinçante, La Petite Boutique des horreurs.

Au départ, Little Shop of Horrors estun film de série B de 1960 d’un des maîtres du genre, Roger Corman. Dans cette boutique situé dans le quartier pauvre du Lower East Side, Mushnik est un fleuriste en mal de clients, Seymour un jeune vendeur timide et secrètement amoureux d’Audrey, l’autre vendeuse. Seymour va présenter une plante originale à son patron et on va vite découvrir que pour s’épanouir, celle qu’il a appelé Audrey II (en hommage à son amour secret) se nourrit… de sang humain.

L’adaptation à Broadway, par le compositeur Alan Menken, et des lyrics signés Howard Ashman est un immense succès. C’est le génial Alain Marcel (disparu en 2020) qui signe l’adaptation française en 1985.

A l’Opéra-Comique, pour cette production bien sous tous rapports, Arthur Lavandier signe une nouvelle orchestration et chaque air fait entendre les sons de l’époque. Audrey Vuong, la scénographe, s’est elle inspirée de l’architecture des diners et des stations service des années 60 pour un décor très réussi. 

Le trio des Skid Row Supremes, qui a la manière d’un chœur grec fait avancer l’histoire, est particulièrement convaincant. Les trois interprètes (Laura Nanou, Sofia Mountassir, Anissa Brahmi) s’en donnent à cœur joie pour amplifier cette touche sixties propre à l’œuvre et leurs costumes parfois extravagants y contribuent aussi pour beaucoup. Une des belles originalités de cette production est d’ailleurs de mêler des artistes venant de l’opéra, du cinéma et du théâtre musical ce qui renforce la caractérisation de chaque rôle.

Lionel Peintre (Mr Mushnik) et de gauche à droite, Anissa Brahmi (Ronnette), Laura Nanou (Chiffon), Sofia Mountassir (Crystal) - Stefan Brion

Lionel Peintre (Mr Mushnik) et de gauche à droite, Anissa Brahmi (Ronnette), Laura Nanou (Chiffon), Sofia Mountassir (Crystal) – Stefan Brion

Certains tableaux sont à mourir de rire et dégagent aussi une forme de poésie, en particulier Au cœur du vert (Somewhere That’s Green) dans lequel l’héroïne Audrey (interprétée par la soprano Judith Fa) se voit déjà dans une belle maison entourée de pelouse, avec tous les équipements modernes du rêve américain. Ces objets (machine à laver, téléviseur, shaker) prennent alors vie sur scène. Et c’est hilarant !

Les metteurs en scène, Valérie Lesort et Christian Hecq, savent habilement mutiplier les registres, y compris ceux du gore et du grand guignol. Lorsque la plante devient un monstre haut de trois mètres (et manipulé par Sami Adjali), l’effet est saisissant, et il faut toute la puissance vocale de Daniel Njo Lobé pour accompagner cette vision très convaincante. 

Il y a toujours un message dans les comédies musicales et celui de La Petite Boutique des horreurs pourrait être : Et si la nature reprenait vraiment ses droits de manière violente ? Enoncée dans les années 60, cette prophétie n’a pas pris une ride. On peut même affirmer qu’elle n’a jamais été autant d’actualité. Ce spectacle, toujours drôlissime et haut en couleurs, est aussi là pour nous le rappeler.

« La Petite Boutique des horreurs », Comédie musicale en deux actes d’Alan Menken, Lyrics d’Howard Ashman, Adaptation française d’Alain Marcel, Nouvelle orchestration d’Arthur Lavandie – A l’Opéra-Comique, les 13, 14, 16, 18, 20, 21, 24 et 25 décembre.

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