« Rainbow-gate » : l'UEFA et la Hongrie se prennent un carton rouge

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Et si, grâce à sa dimension globale, le foot lançait enfin la conversation sur l'homophobie d'État dans certains pays européens ?

Un carton rouge - GIROMIN STUDIO / Shutterstock

Et si le sport prenait enfin la mesure du problème des discriminations. Et si, grâce à sa dimension globale, le foot lançait enfin la conversation sur l’homophobie d’État dans certains pays européens ?

Pour les amateur·es de foot, la semaine a été riche en émotions devant les matches. Mais personne n’a pu échapper à la confrontation entre les instances sportives et la ville de Munich, sur fond de loi LGBTphobe en Hongrie.

Rappel des faits. Mardi 15 juin, le parlement hongrois vote une loi visant à interdire toute « promotion » de l’homosexualité auprès des mineurs. Une loi scélérate qui, au delà du texte, vise bien sûr à faire taire les associations de défense des droits en Hongrie et à interdire toute visibilité des personnes LGBTI+, y compris dans la publicité, les séries, les livres. Une loi qui bafoue les droits fondamentaux de la charte européenne que la Hongrie a signé.

Hasard du calendrier, la Hongrie est aussi très impliquée dans l’Euro de foot puisque le stade de Budapest accueille plusieurs matches.

Refus catégorique

Face au vote de cette loi, les réactions sont venues (enfin) de l’Europe, mais aussi des villes hôtes de l’Euro et en particulier de Munich, qui devait accueillir mercredi 23 juin le match Allemagne-Hongrie et avait décidé d’illuminer le stade aux couleurs de l’arc-en-ciel.

Refus catégorique de l’UEFA, qui se cache derrière ses statuts et « sa neutralité politique et religieuse ». Bien mal lui en a pris. Son attitude contre un geste de solidarité et d’inclusion de la part de Munich a fait apparaître l’hypocrisie de l’UEFA, pour bon nombre de spécialistes des instances sportives mais aussi de commentateurs (et tout spécialement le rédacteur sport de BFMTV Mohamed Bouafsi). C’est un carton rouge qui lui a été décerné à l’occasion.

Bien malgré elle, l’UEFA a alors offert un formidable porte voix à la question LGBTI+ en Europe. Réunis à Bruxelles, les chefs d’État et de gouvernement ont tancé leur collègue hongrois (on attend cependant qu’ils aillent plus loin que la simple remontrance).

La ville de Munich a été pavoisée aux couleurs du rainbow et dans les stades, personne ne pouvait passer à côté de la discussion sur la loi hongroise. Les joueurs eux-mêmes se sont prononcés contre toute forme de discrimination. Ainsi, le tweet du joueur de l’équipe de France Antoine Griezmann a été liké plus de 180 000 fois suscitant 5000 commentaires.

 


Cette épreuve de force a aussi valeur de test avant la Coupe du monde de football, qui doit se tenir au Qatar, une monarchie homophobe et peu soucieuse des droits humains.

Aujourd’hui, tous les regards se tournent vers Viktor Orban. Pourrait-il, cynisme absolu, retirer cette loi même si beaucoup estiment que le mal est fait ? Ou au contraire, va-t-il continuer d’instrumentaliser les personnes LGBTI+ au profit de son positionnement vis-à-vis de l’Europe ? Sans une réponse plus ferme de la part de celle-ci, il est à craindre qu’il se sente pousser des ailes.