Agression lesbophobe à Lyon : un symptôme des reports de la PMA pour toutes ?

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Peut-on établir un lien entre la violente agression lesbophobe qui a eu lieu à Lyon vendredi dernier et les reports du calendrier autour de l'extension de la PMA ? Des activistes, un député et la secrétaire d'État chargée de la lutte contre les discriminations, Marlène Schiappa, ont livré des éléments de réponse à Komitid.

Maëlle Le Corre / Komitid
Maëlle Le Corre / Komitid
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Les faits rapportés témoignent de la violence de l'agression. Vendredi 15 mars, alors qu'elles marchaient main dans la main dans le quartier de la Part-Dieu à Lyon, deux femmes lesbiennes âgées de 20 et 23 ans ont été violemment agressées par un groupe de jeunes filles.

Selon Le Parisien/Aujourd'hui en France, qui a révélé les faits, la bande a proféré des insultes à caractère lesbophobe à l'endroit des jeunes femmes dont l'une, gendarme de profession, leur a rappelé le délit que cela constituait. Insuffisant pour calmer le groupe qui s'est jeté sur le couple en les frappant de plusieurs coups de poing. L'une des deux victimes a été blessée au visage d'un coup de cutter, ce qui lui a entraîné une interruption temporaire de travail (ITT) inférieure à huit jours.

Très rapidement après la révélation de cette violente agression, dont une seule agresseuse, une mineure, a pour l'heure fait l'objet d'une mise en examen, les réactions se sont enchaînées. Notamment de la part du Flag ! (association de soutien et de défense des agents LGBT des ministères de l’Intérieur et de la Justice) qui a tenu à témoigner de son soutien à une collègue, ou encore de l'association SOS homophobie. « Ceci est parfaitement anormal, nous devrions pouvoir vivre et aimer librement. Plein soutien aux victimes », a tweeté Joël Deumier, président de l'association.


« Face à l'augmentation des #LGBTphobies, il y a urgence a légiférer sur la #PMApourtoutes ! »

Mais d'autres réactions ont mis en lumière le lien entre ce type d'agression et le contexte dans lequel elle intervient. Celui d'une société française qui débat depuis de longues années de l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, dont le calendrier en vue de sa légalisation n'a cessé d'être repoussé.

Les internautes ont par exemple pu assister ce week-end sur Twitter à une (énième) passe d'armes entre les deux parlementaires de la majorité, Guillaume Chiche, député des Deux-Sèvres, et Agnès Thill, députée de l'Oise. Le premier, pro-PMA pour toutes, a réagi en énumérant les trois derniers actes et agressions homophobe et lesbophobe perpétrées ces dernières semaines et soulignant l' « urgence » de légiférer sur l'extension de la PMA.

Une position aux antipodes de celle de sa collègue, tristement célèbre pour ses positions virulentes contre la PMA pour toutes, qui lui a répondu en public. « Aucun rapport avec “l’urgence à légiférer pour la #PMApourtoutes” », a tweeté Agnès Thill.

Mais le député Guillaume Chiche n'en démord pas. Contacté par Komitid, il assume un lien direct entre ce type d'actes et les multiples reports opérés par le gouvernement : « À chaque fois qu'il y a des débats de société de ce type, cela créé des victimes collatérales, directes ou indirectes. Je ne suis pas naïf, poursuit-il, je sais que quand on aborde le débat de la PMA à toutes les femmes, on a ces relents, cette re-libération de propos et d'actes homophobes et lesbophobes ».

Un constat largement partagé par la Conférence européenne lesbienne (EL*C) qui, sur Twitter, a réagi en pointant la responsabilité du gouvernement français : « Nous témoignons notre solidarité, et rappelons au gouvernement français que le débat public lesbophobe qui se déroule depuis des années autour de la #PMA contribue à augmenter les violences contre les lesbiennes. »

« Le changement de la loi peut participer à diminuer l'agressivité que la société a vis à vis des minorités »

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