Mise en garde envers Agnès Thill : la faute lourde de La République en marche

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La députée de l'Oise a multiplé les saillies anti PMA ces derniers mois, provoquant la colère dans les rangs du parti majoritaire. Mais la décision d'En Marche est-elle à la hauteur ?

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Agnès Thill, député LREM de l'Oise, à l'Assemblée Nationale - Facebook/Agnès Thill/Komitid

Après des semaines d’atermoiements suite aux propos douteux d’Agnès Thill, La République en Marche, a finalement décidé… de ne rien faire, ou presque. La députée de l’Oise a écopé hier d’une simple mise en garde, le niveau le plus bas de la réprimande. Elle s’en est d’ailleurs aussitôt félicité sur les réseaux sociaux.

Épisode peu glorieux

Ce nouvel épisode peu glorieux nous rappelle que le vœu du Président Emmanuel Macron d’avoir un débat apaisé sur les questions bioéthiques et en particulier sur l’ouverture à toutes les femmes de la PMA, n’est pas respecté au sein de son propre parti. En ne proposant qu’une simple mise en garde, sans aucune autre forme de sanction envers Agnès Thill, LREM a commis une faute lourde. Car chaque prise de parole de la députée sur ces questions sent l’homophobie rance et une méconnaissance totale de la question.

Après avoir évoqué en novembre un « puissant lobby LGBT » à l’Assemblée nationale, elle s’était attiré les foudres d’autres députés de la majorité. Mais elle a depuis récidivé et ses diatribes anti PMA ont atteint leur paroxysme à l’occasion de la publication d’une lettre en réponse au Rapport de Jean-Louis Touraine sur la bioéthique et que Komitid avait détaillé le 17 janvier dernier. On y trouve entre autres un regret quant au non-encadrement de l’intelligence artificielle, un rejet total de la PMA, notamment pour les femmes célibataires. La femme politique, qui semble s’enfoncer dans des théories complotistes, s’y élevait également contre la réforme de la filiation et la création de la notion de « parent d’intention ».

« Est-ce pour exister médiatiquement qu’Agnès Thill parle de drogué.e.s pour évoquer les femmes seules qui désirent avoir des enfants et mélange école coranique et PMA ? »

Laurence Vanceunebrock-Mialon, député LREM ouvertement lesbienne et mère, Raphaël Gérard, lui aussi ouvertement gay, mais aussi Guillaume Chiche, hétérosexuel, sont parmi les plus virulents opposants à la députée de l’Oise. Il y a quelques jours, sur Komitid, Raphaël Gérard expliquait que si Agnès Thill devait rester, la question de son départ du groupe pourrait se poser. Mathieu Orphelin, autre député ouvertement gay, est lui déjà parti et une des raisons est la non-exclusion d’Agnès Thill. Des propos engagés, mais qui n’ont pas fait bouger les choses.

Est-ce cela, la stratégie de LREM ? Laisser partir celles et ceux qui sont des allié.e.s voire carrément des parlementaires LGBT+ ?

Jeu de massacre

Être député.e est une belle et importante fonction. Faire partie d’un groupe s’accompagne de devoirs, dont celui de la loyauté et de la solidarité. La PMA, engagement du Président, s’éloigne de plus en plus en laissant le champ libre à certain.e.s pour polluer le débat avec leurs saillies borderline. Est-ce pour exister médiatiquement qu’Agnès Thill parle de drogué.e.s pour évoquer les femmes seules qui désirent avoir des enfants et mélange école coranique et PMA ? Plutôt que de faire de la pédagogie sur le projet PMA, la majorité montre le spectacle navrant d’un jeu de massacre.

« Un débat apaisé ? Tu parles ! »

Nous sommes malheureusement habitué.e.s à ce que la PMA, et les questions LGBT+ en général, soient instrumentalisées. Et ce sont les personnes concernées qui en subissent les conséquences. Dernier exemple en date de cette habitude de souffler sur les braises. La secrétaire d’État Marlène Schiappa a parlé cette semaine à Valeurs actuelles (après avoir animé une émission avec Cyril Hanouna). Dans l’interview à l’hebdo très à droite, Schiappa explique qu’il y a une alliance entre la Manif pour tous et les islamistes radicaux. Et voilà que l’on remet une pièce dans la machine pour exciter les homophobes, la droite, la Manif pour tous et consorts. Un débat apaisé ? Tu parles !