3 questions à Flo, militant LGBT+ et street medic

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« L'idée de devenir street medic a commencé à me trotter sérieusement dans la tête depuis les manifestations sur la loi travail, je voulais contribuer avec mes compétences. »

Alexander Oganezov / Shutterstock
Alexander Oganezov / Shutterstock

Flo est un militant LGBT+, très solidaire et actif dans les actions de lutte sociale du 18ème arrondissement parisien où il réside, notamment auprès des personnes exilées, et graphiste le reste du temps. On l’a rencontré le 1er décembre dernier à l’occasion de l’acte III des gilets jaunes pour lequel le Claq avait enjoint les personnes queers à se mobiliser. Il débutait alors son engagement de street medic, ces personnes qui soignent les manifestant.e.s blessé.e.s par la police. Aujourd’hui, celui qui a commencé sa vie d’activiste sur le terrain chez les Indignés en 2011 explique à Komitid ce qui l’a motivé à s’impliquer sur ce nouveau terrain.

Komitid : Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans la formation street medic ?

Flo : Le fait de voir régulièrement des gens blessés en manif, vers qui j’allais naturellement, sauf que je n’avais pas le matériel qu’il fallait pour pouvoir intervenir. J’ai aussi vu pas mal de street medics qui étaient débordé.e.s, donc je me suis dit qu’il fallait absolument que je puisse aider aussi. J’ai toujours eu des fioles de sérum physiologique sur moi, ça c’est le minimum, comme de relever une personne qui serait tombée. Des choses à la portée de tout le monde, mais étant sensible à ces questions suite à une formation de secourisme CFAPSE lorsque j’étais marin-pompier, j’ai eu envie d’aller plus loin.

« On entend de plus en plus parler de violences policières »

En fait, l’idée de devenir street medic a commencé à me trotter sérieusement dans la tête depuis les manifestations sur la loi travail, je voulais contribuer avec mes compétences. On entend de plus en plus parler de violences policières. Là, avec ce qu’il s’est passé dernièrement, les manifs tous les samedis depuis novembre lors desquelles de nombreuses personnes ont été blessées, parfois très gravement, ma réflexion s’est accélérée et je me suis lancé.

Comment vos premières manifestations en tant que street medic se sont-elles passées ?

La première fois que je suis allé manifester avec le casque et le bandeau de street medic, je suis parti avec les cortèges des luttes dans lesquelles je suis impliqué, notamment aux côtés de la famille Adama, des collectifs lycéens et de sans papiers, les Féministes Révolutionnaires et le Claq. Être street medic dans ce cadre là était important pour moi. Sur les deux manifestations où je suis intervenu, ça s’est plutôt bien passé. Je n’ai pas été amené à soigner de blessures graves telles que l’on a pu voir sur les réseaux sociaux. Là, j’ai seulement eu à m’occuper de personnes qui n’étaient pas équipées contre les gaz lacrymogènes, ainsi qu’auprès d’une personne sans domicile fixe. On est là au cas où, on préfère éviter d’avoir à soigner les gens, c’est mieux.

« Certains signes nationalistes m’ont mis mal à l’aise, par rapport à mon identité queer et mes engagements sociaux »

Après, ces dernières semaines, ça a été plus compliqué. J’ai hésité à y aller, car il y a une règle chez les street medics, un peu comme le serment d’Hippocrate des médecins : on doit s’occuper de toutes les personnes qui en ont besoin. Du coup, j’ai eu des doutes. Car la dernière manifestation où je suis allé, je me suis retrouvé avec des gilets jaunes de toutes sortes : il y avait beaucoup de drapeaux français, avec certaines inscriptions, certains signes nationalistes qui me mettaient mal à l’aise, par rapport à mon identité queer et mes engagements sociaux. Donc même auprès de personnes que j’ai pu identifier comme des fachos, j’ai un devoir en tant que street medic, même face à un ennemi politique. Au final, je ne compte pas forcément aller à chaque manif en tant que street medic.

Pourquoi cette nouvelle mission de street medic est-elle importante pour vous ?

Il y a besoin de donner un coup de main et d’être visible en tant que street medic : si on me voit, avec mon bandeau, on peut solliciter mes compétences s’il y a besoin. Et ce besoin se fait de plus en plus sentir dans le climat social actuel. De plus, j’ai la sensation que l’on a aussi un rôle d’apaisement à jouer : les gens se sentent plus en sécurité en nous voyant et ça peut dissiper certaines tensions. En nasse par exemple, voir des street medics à proximité a un côté rassurant.

« Ce n’est plus du tout le même cadre de manifestations qu’avant »

J’invite toutes les personnes qui se sentent d’aller vers les autres et d’apprendre à se former pour devenir street medic. C’est important qu’il y en ait en manifestation, vu que la violence de la répression policière augmente. On ressent clairement que ce n’est plus du tout le même cadre de manifestations qu’avant. Je recommande, du moins pour les parisien.ne.s, de se rapprocher de la page Street Medic Paris, qui organise régulièrement des formations ou des briefs sur les comportements à avoir en manif. Durant ces moments de partage, on peut aussi récupérer du matériel, en plus des connaissances et des bonnes pratiques.

  • luey

    Très intéressant !

    Je me demande pourquoi ça s’appelle street medic et pas médecin/secouriste de rue.

  • boufcaliptus

    Super intéressant comme article merci!

  • expat

    Heu, désolé mais je n’ai absolument rien compris à l’article ?

  • phil86

    En fait c’est un langage de classe assez excluant.

  • phil86

    Aux rédacteurs : vous abusez des anglicismes bon là on comprend à peu près mais souvent c’est incompréhensible et ça fait langage réservé aux initiés tous les LGBT ne font pas partie de votre milieu branchouille il faut vous mettre plus à portée de tous parfois. ?