Agression transphobe à Limoges : une enquête ouverte, mais un motif controversé

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La préfecture de Haute-Vienne a indiqué vendredi 14 septembre en fin de journée qu'une enquête a été ouverte à la suite de la plainte déposée par l'étudiante trans agressée au mois d'août. Un suspect a été identifié.

La préfecture de Haute-Vienne - Capture d'écran Google Street View / Google Maps
La préfecture de Haute-Vienne - Capture d'écran Google Street View / Google Maps

Mise à jour le 17 septembre à 12h45 : L’article a été modifié avec ajout des propos de la victime.

Une enquête a été ouverte à la suite de la plainte déposée à Limoges par Ajda*, étudiante trans réfugiée politique, victime d’une agression transphobe le 6 août dernier. Via un message sur Twitter publié vendredi 14 septembre, la préfecture de Haute-Vienne a annoncé que l’agresseur, « connu des services de police », « a été identifié et est actuellement recherché ». La préfecture a également indiqué qu’un « témoin a été entendu ce jour ».

Selon le quotidien régional Le Populaire du Centre, la personne entendue ne serait autre que l’ex-compagne de l’auteur des faits, une femme de 29 ans qui était présente au moment de l’agression. Le journal indique qu’elle a été laissée libre à l’issue de son audition. Sollicitée par Komitid, la préfecture de Haute-Vienne devrait revenir vers nous dans la journée pour plus d’informations relatives à l’enquête en cours.

Le 6 août dernier, Ajda a été victime d’une violente agression sur le parking du Carrefour Market de la zone d’activité du Roussillon, à Limoges. Insultes, menaces de mort et tentative de meurtre… la victime a raconté à Komitid les terribles agissements dont elle a été victime et combien ils continuent de la hanter aujourd’hui. Contactée par Komitid lundi 17 septembre pour réagir à l’annonce de la préfecture, Ajda nous a confié être « choquée ». L’étudiante dit en effet avoir reçu un coup de fil du commissariat ce jour pour savoir si elle serait en mesure d’identifier son agresseur et la femme qui l’accompagnait. « Ils n’ont pas pris la peine de réquisitionner les films de vidéo-surveillance. Au commissariat, on m’a qu’ils savaient parfaitement que ces enregistrements allaient être effacés », déplore Ajda.

« Anéantie »

La victime dit être « anéantie » depuis qu’elle a pris connaissances des déclarations du directeur de la sécurité publique du département, Paul Agostini, interrogé par France 3. « La nature des faits rapportés c’était des faits d’injures, des échanges verbaux, il n’y pas eu de violences physiques dans cette affaire », a-t-il indiqué.

Dans le certificat du CHU de Limoges établi le 7 août que nous avons consulter, le médecin fait bien état de « lésion superficielle au coude gauche (…) avec un léger œdème ».

« En tant que victime je me sens obligée de me justifier. »

« Paul Agostini remet en cause le CHU en niant l’agression physique, il n’a même pas évoqué les menaces de mort. Il a quasiment transformé mon agresseur en victime parce que je l’ai insulté aussi. Je suis anéantie après voir vu cette interview, ce coup de fil, je pleure plutôt à cause de l’attitude de la police que de celle de mon agresseur. C’est effrayant ce comportement. En tant que victime je me sens obligée de me justifier. Ils ont traité mon dossier de manière discriminatoire, transphobe et incompétente, c’est inadmissible », a confié Ajda à Komitid.

Un motif controversé

Pour caractériser cette agression, l’officier de police judiciaire fait état « d’insultes non-publiques à raison de l’orientation sexuelle », comme l’atteste le procès verbal consulté par Komitid.

Sur Twitter, le collectif Grand Est de l’Association nationale transgenre (ANT) n’a pas manqué d’épingler la préfecture, soulignant que le fait d’ « être une personne transgenre n’est pas une orientation sexuelle ». L’association a rappelé que l’article 225-1 du code pénal mentionne bien la discrimination en raison de l’identité de genre. « Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques sur le fondement de leur origine, (…), de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre, (…) », est-il en effet inscrit dans le code pénal.


De son côté, Joël Deumier, président de SOS homophobie, qui a rapporté l’agression dont a été victime Ajda, a indiqué sur Twitter que l’association « veillera à la reconnaissance du caractère transphobe de cette agression »


 * prénom d’emprunt à la demande de la victime qui souhaite conserver l’anonymat le plus total.

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