« Face à la haine anti-LGBT, toute forme de complaisance est coupable »

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Alors que le rapport 2018 de SOS homophobie, dévoilé mardi 15 mai, fait état d'une hausse des témoignages LGBTphobes pour la deuxième année consécutive, Joël Deumier, président de l'association, et Véronique Godet, vice-présidente, appellent à la construction d'une société plus inclusive.

Des militant.e.s de SOS homophobie place de la Madeleine à Paris, en 2017 - SOS homophobie / Facebook
Des militant.e.s de SOS homophobie place de la Madeleine à Paris, en 2017 - SOS homophobie / Facebook

À l’approche du 17 mai 2018, Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, Joël Deumier, président de l’association SOS homophobie, dresse un état des lieux des LGBTphobies en France.

4,8 % de témoignages de LGBTphobies de plus en 2017, une seconde année de hausse, + 15 % d’agressions physiques : notre inquiétude est grande face à une homophobie et une transphobie qui ne cessent de progresser. Si les victimes sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses à témoigner, les manifestations de lesbophobie, gayphobie, biphobie et transphobie se multiplient.

Les dernières semaines ont ainsi été marquées par une recrudescence d’agressions LGBTphobes. Un couple de jeunes lesbiennes agressé et insulté dans un train de banlieue, entre Pontoise et Conflans-Sainte-Honorine ; un couple d’homosexuels injurié et menacé de mort dans un supermarché de Rueil-Malmaison ; des personnes trans frappées à Paris par une « brigade » au nom transphobe. Il y a quelques jours, à Marseille, Gaby, 25 ans, était agressé par cinq jeunes gens à la sortie du métro au cri de « Tu vois pas que c’est un pédé ? ». Chacun de ces faits nous rappelle la difficulté des personnes lesbiennes, gays, bi.e.s et trans à vivre librement leur orientation sexuelle, leur identité de genre.

Comment ne pas craindre aujourd’hui de vivre et d’aimer dans une société où la différence est synonyme de moqueries, d’insultes, de coups et de violences ? Comment ne pas craindre de vivre au sein d’une société dans laquelle les couples de femmes et d’hommes ne peuvent pas librement s’embrasser ? Comment ne pas craindre de vivre dans une société qui fait que les personnes trans ne peuvent pas vivre librement leur identité de genre ?

Aucune tolérance n’est permise face à celles et ceux qui entretiennent la violence

Face à la haine anti-LGBT, SOS homophobie rappelle que toute forme de complaisance est coupable. Aucune tolérance n’est permise face à celles et ceux qui entretiennent la violence. Nous saluons avec force les décisions de justice qui rappellent qu’aujourd’hui le droit condamne explicitement l’homophobie et la transphobie.

Cependant, SOS homophobie déplore des paroles au mieux malheureuses, souvent blessantes, des volontés hésitantes et timorées. Gardons à l’esprit les mots récents d’Édouard Louis : « Tu avais conscience que pour toi la politique était une question de vie ou de mort. » Gardons à l’esprit que la lutte contre toutes les formes de discriminations exige une union qui ne tolère aucun compromis.

« La société française est prête pour l’extension de la PMA et l’approuve majoritairement. »

Dans quelques mois, nous espérons que le Parlement votera l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA). La société française est prête et l’approuve majoritairement. Face aux LGBTphobies, la conquête des droits et libertés des personnes LGBT est essentielle. Elle offre aux personnes lesbiennes, gays, bi.e.s et trans une juste égalité qui, trop longtemps, a été niée. Elle les place sous la protection de lois nécessaires pour elles, eux et leurs familles. D’autres combats resteront à mener : la mise en oeuvre réellement simplifiée du changement d’état civil pour les personnes trans, le libre choix du parcours de transition et une véritable dépathologisation, dans les meilleurs délais.

Ensemble, menons nos combats et nos luttes contre les LGBTphobies, en faveur des personnes lesbiennes, gays, bies et trans, et, plus largement, pour la construction d’une société ouverte à toutes et tous.

Joël Deumier, président de SOS homophobie, et Véronique Godet, vice-présidente de SOS homophobie