Révision des lois bioéthiques : que pensent les associations homoparentales du rapport du CCNE ?

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Les associations homoparentales restent prudentes après cette première étape, en attendant l'avis du CCNE attendu pour septembre.

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Le char du Lesbotruck+ à la Marche des fiertés 2017 - Neil Anton Dumas / Shutterstock.com

Publié mardi 5 juin, le très attendu rapport de synthèse du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) présente la synthèse des débats et contributions de ce début 2018.

L’enjeu « Procréation et société » est de loin celui qui a suscité le plus de réactions en ligne et lors des réunions publiques. Lors de ces dernières qui se sont étendues sur plusieurs mois, plusieurs personnes et associations militant en faveur de l’extension de la PMA, ont dénoncé le phagocytage des échanges par les opposant.e.s à cette mesure, le plus souvent mobilisé.e.s par les associations Alliance VITA, la Manif pour tous et consorts. C’est ainsi que le rapport traduit cette vive confrontation dans le chapitre consacré à la PMA : « On peut, de façon générale et quel que soit le type de débat, rapporter la polarité des opinions et la difficulté parfois d’assurer une expression sereine des arguments des participants qui les ont conduits dans ces cas-là à des points de vue très opposés. »

« Un sentiment d’être entendu.e.s »

Pour Céline Cester, présidente des Enfants d’Arc-en-Ciel, ce rapport est une première étape : « Ce n’est pas l’avis du CCNE, qui doit arriver dans quelques mois, souligne-t-elle. Cette synthèse est ce qu’elle est, c’est une reprise des arguments des uns et des autres. Ce qui est rassurant c’est que nous avions la crainte, au vu de la teneur des débats où l’opposition à l’ouverture de la PMA a été très forte, que le contre-discours ne soit pas visible dans ce rapport. Or, c’est le cas, on entend l’ensemble des voix et nous avons le sentiment d’avoir été entendu. » Céline Cester a l’espoir que se confirme le rapport positif de l’année dernière lorsqu’en juin 2017 le CCNE avait donné son feu vert. « Notre crainte, ce serait de voir le CCNE céder face au poids des opposant.e.s à l’extension de la PMA et faire machine arrière. Il s’agit bien d’une minorité, mais qui aurait réussi à peser suffisamment pour empêcher cette avancée. Plus on crie fort, plus on est entendu. »

« Une synthèse complète »

Du côté de l’APGL, c’est un retour prudent mais positif : « Je suis plutôt contente, c’est une synthèse complète », estime Marie-Claude Picardat, co-présidente de l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens. Elle aussi avait peur de voir l’influence de la Manif pour tous peser sur le rapport et occulter toutes les paroles. « Pour la suite, je n’ai pas de boule de cristal, je ne sais pas ce qui se profile. Par contre, j’y vois un problème quand je constate qu’on rassemble à un dîner à l’Élysée des personnes présentées comme des experts de la PMA, mais que l’APGL, association homoparentale de référence, historique et présente sur tout le territoire, n’a pas été conviée. » Pour rappel, seules trois femmes étaient présentes lors du dîner : la ministre de la Santé Agnès Buzyn, la sociologue Irène Théry et une adhérente dont le nom n’a pas été précisé de l’association Icimamasolo. Seule présence d’une association homoparentale, celle du président de l’Association des familles homoparentales (ADFH) Alexandre Urwicz.

Autre constat dressé par Marie-Claude Picardat, la perpétuelle présence de la gestation pour autrui dans la synthèse des débats qu’elle juge problématique : « Par le passé, la présence de la question de la GPA a empêché de porter l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires. C’est ce qui a fait capoter la loi Famille de Dominique Bertinotti en 2014. La cause des femmes passent après l’intérêt des hommes », déplore la militante.

Et après le rapport ? Le CCNE a désormais trois mois pour rendre son avis, attendu pour le mois de septembre.