Une étude démontrerait l'efficacité d'une stratégie associant un vaccin et un antibiotique pour prévenir plusieurs IST

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Une étude promue et financée par l'ARNS l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes, en partenariat avec le laboratoire Roche, démontrerait l'efficacité d'une stratégie de prévention de plusieurs Infections sexuellement transmissibles (IST) en associant un vaccin et un antibiotique courant.

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Mise à jour le 11 août : mise en garde de l’ANRS

L’annonce n’est pas passée inaperçue à la Croi, la conférence spécialisée dans la recherche contre le VIH/sida et qui a réuni du 17 au 22 février des milliers de chercheur·euses, médecins et membres d’ONG à Seattle, aux Etats-Unis.

Une étude promue et financée par l’ARNS l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes, en partenariat avec le laboratoire Roche, démontre l’efficacité d’une stratégie de prévention de plusieurs Infections sexuellement transmissibles (IST) en associant un vaccin et un antibiotique courant.

Des chiffres impressionnants

Les chiffres sont impressionnants. La réduction du risque d’infection par les IST chlamydia et syphilis est de 85 % entre ceux qui ont reçu l’antibiotique doxycycline, pris dans les 72 heures suivant un rapport sexuel, et ceux qui ne l’avaient pas reçu.

En parallèle, l’étude, coordonnée par le Pr Jean-Michel Molina (Hôpital Saint-Louis) et menée en région parisienne, a montré l’efficacité du vaccin Bexsero pour prévenir l’infection par le gonocoque. Après trois mois, l’incidence d’un premier épisode d’infection à gonocoque dans le groupe vacciné avec Bexsero et celui non vacciné était de 9,8 et 19,7 pour 100 personnes-année. Ce qui signifie une réduction de l’incidence de 51 %.

Ces dernières années, on a pu constater une hausse importante de ces trois IST, en particulier chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). C’est pourquoi l’essai ANRS DOXYVAC a recruté 502 volontaires parmi des HSH prenant la PrEP, le traitement préventif contre le VIH.

Tirage au sort

Entre janvier 2021 et juillet 2022, 502 volontaires HSH vivant en région parisienne ont été répartis par tirage au sort en quatre groupes : l’un recevant une prophylaxie post-exposition par la doxycycline à prendre dans les 72 heures après un rapport sexuel non protégé par un préservatif, l’autre une vaccination par le Bexsero®, le troisième la combinaison de ces deux interventions et le dernier aucune des deux interventions.

Les volontaires avaient un âge médian de 39 ans, une médiane de dix partenaires sexuels dans les trois derniers mois et ont bénéficié d’un suivi médian de neuf mois. Ils étaient suivis et testés tous les trois mois en cas de symptômes pour les infections à gonocoque et à chlamydia et pour la syphilis.

Dans le communiqué de presse publié par l’ANRS, le Pr Molina affirme : « L’usage de la doxycycline en prophylaxie post-exposition s’est révélée efficace pour réduire à la fois l’incidence des infections à chlamydia et de la syphilis. Cet antibiotique a aussi eu un impact important, tout comme le vaccin contre le méningocoque B, sur l’incidence des infections à gonocoque. C’est la première fois qu’un vaccin montre un effet sur une infection sexuellement transmissible bactérienne* ». 

Le suivi des participants va se poursuivre jusqu’à la fin de l’année 2023 pour s’assurer de l’efficacité sur le moyen terme de ces stratégies de prévention qui ont été proposées désormais à tous les participants.

Efficacité du vaccin contre mpox

Les données de ces mêmes participants à l’étude DOXYVAC ont été analysées afin de mesurer l’impact préventif du vaccin MVA-BN contre le mpox, peu de temps après la flambée épidémique de ce qu’on appelait alors la variole du singe. Selon l’ANRS, « l’équipe de recherche a constaté que la seule vaccination contre le virus mpox en 2022 était associée à une réduction du risque de développer la maladie avec une efficacité de 99  % ».

Cette stratégie s’ajoute à d’autres outils de prévention pour réduire les risques (dépistages répétés du VIH et des IST, vaccination contre les hépatites A et B, distribution de préservatifs et de gels).

Encore faut-il que ces outils de prévention soient connus et très largement diffusés.

Comme l’explique Camille Spire, la présidente de Aides dans le communiqué, « l’émergence de nouveaux outils efficaces qui viennent s’ajouter à la palette de prévention déjà existante est à saluer, d’autant que nous avons constaté lors de la crise mpox une forte adhésion des personnes exposées à la vaccination. Nous veillerons à ce que l’accessibilité effective de ces outils soit soutenue par les politiques publiques en matière de lutte contre les IST ».

Vincent Leclercq, directeur général de Coalition PLUS complète : « Ces outils de prévention pour accéder à leur meilleur potentiel doivent atteindre toutes les populations à qui ils s’adressent. Or l’accès aux vaccins et aux médicaments est trop souvent restreint aux pays les plus riches. L’épidémie de mpox nous l’a montrée : seuls les pays du Nord ont pu mettre en place des campagnes de vaccination ».

* L’ANRS a publié le 15 mai dernier un communiqué de presse dans lequel l’agence explique que les résultats finaux de l’étude remettent en question l’efficacité du vaccin : « L’efficacité d’un vaccin contre le méningocoque B (Bexsero®) pour réduire le risque d’infections à gonocoques, telle qu’annoncée en février 2023 sur la base d’une analyse intermédiaire des résultats de l’essai ANRS DOXYVAC, est remise en question lors de l’analyse finale. En effet, une discordance entre l’analyse intermédiaire et les données finales a été identifiée. Cette discordance ne remet pas en cause les autres données présentées quant à l’efficacité de la doxycycline en prévention des infections sexuellement transmissibles. Elle ne concerne pas non plus les données de tolérance de la vaccination. L’ANRS | Maladies infectieuses émergentes a décidé de réaliser un audit indépendant dans les plus brefs délais avant de communiquer des résultats finaux consolidés. »