Agnès Buzyn zappée par les travailleurs et travailleuses du sexe à la Conférence internationale sur le sida

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Sous leurs parapluies rouges, les travailleurs et travailleuses du sexe présent.e.s à la Conférence internationale sur le sida à Amsterdam ont accueilli la Ministre des Solidarités et de la Santé avec une pluie de revendications.

Agnès Buzyn zappée par les TDS à la Conférence internationale sur le sida
Agnès Buzyn zappée par les TDS à la Conférence internationale sur le sida - Vincent Leclercq / Facebook

Comme chaque année, travailleurs et travailleuses du sexe (TDS) se sont rendues en nombre à la Conférence internationale sur le sida 2018 à Amsterdam. Très remontées, notamment par la loi qui pénalise les clients de la prostitution depuis déjà deux ans en France (Komitid vous parlait déjà des conséquences de cette loi jugée désastreuse ici et ici), ces activistes du travail du sexe et de la santé sexuelle ont profité du passage d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé à cet événement majeur de la lutte contre le VIH-sida pour faire entendre leurs voix ce mardi 24 juillet.

Parapluies rouges -leur emblème- à la main, les travailleuses et travailleurs du sexe qui militent chez le Strass (syndicat du travail sexuel) et Red Umbrella Fund, entre autres organisation de TDS représentées à cette 22ème édition de la conférence, ont suivi le parcours de la Ministre en scandant leurs slogans dont le fameux « sex work is work », soit « le travail du sexe est un travail » ainsi que « putes contaminées, Buzyn assassin ! ».

Un peu plus au calme, Agnès Buzyn a été confrontée à des retours directs sur la loi de pénalisation des clients. Parmi les activistes qui lui ont tenu tête se trouvaient Thierry Schaffauser, co-fondateur du Strass, ainsi que Juan Florian, travailleur du sexe et militant colombien. Ils et elles ont interpellé la ministre sur le harcèlement policier dans le bois de Boulogne, la hausse des contaminations au VIH et l’inefficacité du parcours de sortie, qui ne garantit que 330 euros mensuels pour les TDS qui souhaitent quitter le travail du sexe.

Les travailleurs et travailleuses du sexe pointent un désengagement des pouvoirs publics

Mylène Juste, secrétaire générale du Strass, a partagé la scène en vidéo, dénonçant la « langue de bois » de ses réponses, et le fait qu’aucun rendez-vous officiel n’ait finalement été acté. Agnès Buzyn n’a absolument pas évoqué cet échange sur ses réseaux sociaux, bien qu’elle ait pris soin de mentionner son passage à la Conférence internationale sur le sida pour confirmer « la mobilisation » de la France dans la lutte contre le sida.

Sur Twitter, l’ancien président d’Act Up Paris et militant LGBTQI Jérôme Martin a pris soin de rappeler qu’en 2017, la ministre de la Santé avait déjà été zappée par les militant.e.s présent.e.s à la Conférence quant au manque de moyens mis à disposition par la France pour la lutte contre le sida et l’absence, criante, d’Emmanuel Macron à un tel événement. D’ailleurs, il ne s’y est pas rendu non plus en 2018.

Ce même jour, travailleurs et travailleuses du sexe ont marché dans les rues d’Amsterdam, jusque dans le quartier rouge d’Amsterdam, afin de porter haut et fort les revendications pour leurs droit d’exercer leurs professions dans la dignité et le respect.