Mort de Jan-Paul Pouliquen, principal artisan du pacs : le monde militant LGBT lui rend hommage

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Le décès le 28 avril dernier de Jan-Paul Pouliquen, à l'âge de 69 ans, a provoqué une forte émotion dans la communauté LGBT et beaucoup saluent la mémoire et le combat d'un des artisans du pacs, engagé toute sa vie pour les droits LGBTI+.

Jan-Paul Pouliquen interviewé par France 2 en 2002
Jan-Paul Pouliquen interviewé par France 2 en 2002 - Capture d'écran INA

Le souvenir est encore précis. Nous sommes en Réunion hebdomadaire d’Act Up-Paris, à l’Agecca, rue de Charonne et Jan-Paul Pouliquen, qui porte un gros pull en laine un peu seventies, vient présenter ce qui ne s’appelle pas encore le pacs. Un « contrat d’union civile » destiné aux couples de même sexe. Mais en 1992, les militants d’Act Up-Paris ne prennent pas conscience tout de suite de l’importance de cette proposition. L’urgence, c’est de vivre. Huit ans plus tard, alors que le pacs entre en vigueur, Act Up a appris la leçon et réclame le mariage pour tous, bien plus égalitaire et plus protecteur.

La dernière image que je garde de Jan-Paul Pouliquen, c’est celle d’un homme certes un peu fatigué et diminué mais toujours combatif. Il participe alors aux côtés de Catherine Gonnard (fondatrice de Lesbia) à une table ronde que j’anime sur les 40 ans de la dépénalisation de l’homosexualité, dans le cadre du Festival des fiertés, dans le 14e. Sa disparition est un grand choc.

Né en 1954, Jan-Paul fut un temps membre du Parti communiste, mais c’est son engagement dans les combats pour les personnes LGBT qui va marquer sa vie. Dans la série d’Ariane Chemin du Monde consacrée aux années d’avant la dépénalisation, il confie en quoi l’émission des « Dossiers de l’écran » consacrée à l’homosexualité en 1975 a compté : « Pour ma génération, ce numéro des “Dossiers de l’écran” est un grand souvenir, conclut Jan-Paul Pouliquen, désormais marié à un homme. Des années après, dans les associations de militants gay, on en parlait encore. » 

En 1979, il est un des fondateurs du Comité d’urgence anti-répression homosexuelle (CUARH), qui milite pour la dépénalisation et organise notamment la grande marche homo du 4 avril 1981. Puis il participe à la création de l’association Homosexualités et socialisme en 1983, qu’il préside jusqu’en 1986. Entre 1990 et 1999, son action vise à mettre en place un contrat permettant de sécuriser les parcours de vie des gays et des lesbiennes.

Depuis son décès, le 28 avril dernier, les hommages se sont multipliés sur les réseaux sociaux.

Comme le souligne le journaliste de Remaides Fred Lebreton, c’est la lecture d’un article sur un couple d’hommes dont l’un vient de mourir du sida, qui déclenche son engagement sur ce projet de reconnaissance des couples de même sexe.

Gwen Fauchois, ancienne militante d’Act Up-Paris, et nouvellement élue membre du CA du Collectif Archives LGBTI+, c’est un pan de la mémoire militante qui s’efface.


Pour Jean-Luc Romero, aujourd’hui adjoint à la Maire de Paris, c’est la tristesse qui domine.

L’avocate Caroline Mécary, qui a beaucoup œuvré ces deux dernières décennies en faveur des droits des personnes LGBT salue le travail de Jan-Paul Pouliquen.

 

 

Pour l’ancien président de HES Denis Quinqueton, le combat de Jan-Paul Pouliquen est exemplaire.

 

 

Pour écouter Jan-Paul Pouliquen raconter son combat pour le pacs, cet épisode du podcast La Fièvre est passionnant. A retrouver ici. 

  • jmm13

    J-P P a été un exemple pendant les années 90, une époque où peu de gens s’intéressaient au “contrat d’union civile”. Je n’oublierai jamais sa capacité d’action communicative qui a changé notre vie.
    Je suis désolé d’apprendre qu’il avait perdu une partie de ses archives. Cette question des archives n’a pas encore de réponse définitive, hélas.

  • jm-gambieryahoo-fr

    Je suis surpris de lire que, “huit ans plus tard” après 1992, soit aux alentours de l’an 2000, Act Up réclamait le mariage pour tous. A ma connaissance, ce sont Les Verts qui, en 2004, ont été la première organisation, et en tout cas le premier parti politique, à porter cette revendication. Le 3 avril, le conseil national des Verts votait une motion en ce sens (j’en sais quelque chose, c’est moi qui ai préparé le texte) ; le 5 juin, Noël Mamère mariait un couple d’hommes dans sa mairie de Bègles. Je n’ai pas le souvenir d’une grande sympathie d’Act Up à notre égard sur cette question.