« Cœur Errant », « Blue Jean », « Jeanne Dielman », etc. : les 11 sorties ciné LGBT en avril

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En avril, le cinéma queer touche à tous les genres ! Zoom sur les onze sorties du cinéma LGBT, entre comédies populaires, film de patrimoine, thrillers haletants et coming-of-age solaires.

Photo de « Cœur Errant » de Leonardo Brzezicki - Optimale Distribution

« Kokon », le 5 avril

Durant un été caniculaire à Berlin, Nora, 14 ans, se cherche. Déplacée temporairement dans la classe de sa grande sœur Jule, Nora découvre les garçons et les filles, elle, son corps et ses préférences, le tout avec une insouciance et une simplicité désarmante. Avec Kokon, la réalisatrice Leonie Krippendorff (lire son interview) réalise un coming-of-age exaltant et solaire qui met à l’honneur des personnages féminins drôles, complexes et révoltés. Elle y décortique, sans lourdeur aucune, la féminité dans sa pluralité la plus totale. Un premier film génial qui promet à la cinéaste un futur radieux !

« Coeur Errant », le 5 avril

Encore très affecté par une rupture récente, Santiago doit en même temps se préparer un départ prochain de sa fille. Dans ce beau film sensible et survolté, l’Argentin Leonardo Brzezicki entreprend la véritable étude d’un personnage que l’on voit peu au cinéma, à savoir un quinquagénaire gay en pleine dérive intérieure. Entre excès sexuels, amoureux et relationnels, Leonardo Sparaglia (Douleur et Gloire, Vies brûlées, Les Nouveaux Sauvages…) livre une performance fabuleuse et habitée. À travers le monde, le film arpente les festivals internationaux et continue de se bâtir une réputation solide. À ne pas manquer !

« À mon seul désir », le 5 avril

Derrière tous les clichés entourant ces lieux mythiques et érotiques que sont les clubs de strip-tease, il y a des femmes qui travaillent, s’aiment, s’aident et évoluent en marge des schémas de vies classiques. Dans À mon seul désir, Lucie Borleteau (Chanson Douce) met un coup de projecteur sur ces danseuses de la nuit, la sororité qui fait leur force et les situations extrêmes qui font leur quotidien. Zita Hanrot et Louise Chevillote mènent une troupe d’actrices épatantes dans un film qui s’annonce sulfureux, libre, et délicat à la fois.

« Une histoire d’amour », le 12 avril

Il y a quatre ans, son premier film Edmond, adapté de sa pièce éponyme, mettait tout le monde d’accord. Cette année, Alexis Michalik adapte de nouveau au cinéma l’une de ses pièces de théâtre avec Une histoire d’amour. Il y raconte la vie de Katia et Justine, heureuses et désireuses d’avoir un enfant. La procédure lancée, Katia tombe enceinte et, contre toute attente, Justine fuit. Douze années plus tard, Katia est mère célibataire et apprend que ses jours sont comptés. Un drame émouvant et humain porté par un casting rafraîchissant.

« Les Âmes soeurs », le 12 avril

Après notamment Les Roseaux sauvages, Les années folles ou encore Quand on a 17 ans, André Téchiné, cinéaste emblématique du cinéma queer français, sort un nouveau film ce mois-ci : Les Âmes sœurs. Dans ce drame porté par les étoiles montantes Benjamin Voisin (Été 85, Illusions Perdues) et Noémie Merlant (Portrait de la jeune fille en feu, L’Innocent), Téchiné filme la dure convalescence d’un soldat (Voisin) revenu blessé et partiellement amnésique de la guerre. Il retrouve sa sœur (Merlant), avec laquelle une relation étrange va se faire jour. À ce casting déjà prestigieux s’ajoute l’actrice Audrey Dana ainsi qu’un André Macon hilarant, qui crève l’écran en ami de la famille adepte du travestissement.

« Loup & Chien », le 12 avril

Dans ce long-métrage portugais sélectionné à Chéries-Chéris l’année dernière, une jeune fille se détache des traditions religieuses qu’elle subit depuis toute petite au profit d’une communauté queer locale qui va lui faire changer sa façon de voir le monde. Elle y fait la rencontre de la pétillante Cloé, ce qui amorce chez elle un véritable voyage émancipateur et intérieur. Pour son nouveau film, Claudia Varejao réalise un beau portrait d’une jeunesse queer et solidaire, qui redéfinit le monde à mesure qu’elle se cherche elle-même, le tout avec un souffle créatif et esthétique plus que bienvenu.

« La plus belle pour aller danser », le 19 avril

Loin d’être populaire et trop timide pour vraiment sociabiliser avec les autres adolescents de sa classe, Marie-Luce, 14 ans, tombe sous le charme d’Émile, un tout nouvel élève. Décidée à prendre les choses en main, Marie-Luce se rend à une fête incognito, habillée en un garçon qu’elle nomme Léo. Alors qu’elle se plaît dans cette nouvelle identité bien plus populaire, elle ose enfin approcher Émile….qui tombe sous le charme de Léo ! Une comédie populaire amusante et touchante réalisée par Victoria Bedos et repartie du Festival de l’Alpe d’Huez avec un prix d’interprétation pour sa jeune actrice Brune Moulin.

« Blue Jean », le 19 avril

Dans l’Angleterre de la fin des années 80, alors que des lois de Margaret Thatcher stigmatisent les personnes gays et lesbiennes, Jean, une professeure de sport doit mener une double vie. Cachant sa sexualité le jour et habituée des bars lesbiens la nuit, Jean voit sa vie basculer lorsqu’un évènement l’oblige à faire un choix. Le premier film de Georgia Oakley ne cesse de faire du bruit partout où il passe. Récompensé à Venise l’an dernier et récemment nommé aux Bafta, le film convainc notamment pour la partition intense de son actrice principal, Rosy McEwen impressionnante dans un rôle jamais vu au cinéma. Le distributeur français du film, UFO Distribution, a récemment fait état sur Twitter des difficultés qu’il rencontre pour programmer le film dans le plus de salles possibles. Un film à soutenir !

« Amel & les fauves », le 26 avril

Dans Amel & les fauves, le réalisateur Mehdi Hmili filme les deux versants de la société tunisienne via le parcours d’une mère : arrêtée pour adultère et atteinte à la pudeur alors qu’elle se faisait agressée sexuellement, elle sort de prison des années plus tard et part à la recherche de son fils dans le milieu de la nuit, entre cabarets, boîtes queers et clubs de charme. Hmili réalise un thriller noir dans les rues sombres de Tunis, un moment radical et riche en émotions qui ne laisseront personne de marbre.

« Burning Days », le 26 avril

Le nouveau film du réalisateur turc Emin Alper est le tout dernier film sélectionné pour la Queer Palm 2022 à sortir en salles ! Emre, un jeune procureur décidé à faire son travail avec sérieux, est muté dans une petite ville reculée de Turquie. Là-bas, il fait face aux tensions des locaux plus que réfractaires à sa présence, ainsi qu’au propriétaire du journal local, avec lequel il lit une relation particulière. Un thriller tendu et intense qui, depuis sa projection à Cannes, récolte les avis dithyrambiques par centaines. D’ores et déjà, l’un des rendez-vous de l’année à ne pas manquer !

« Jeanne Dielman, 23, Quai Du Commerce, 1080 Bruxelles », ressortie le 19 avril

Récemment meilleur film de l’histoire du cinéma par le prestigieux magazine Sight & Sound, le chef d’œuvre de Chantal Akerman ressort au cinéma en version restaurée. Dans ce film radical qui date de 1975, l’immense Delphine Seyrig interprète une femme au foyer célibataire au quotidien répétitif, où elle prépare les mêmes plats à son fils encore et encore, attend qu’il rentre de l’école, fait le ménage, et répète tout ça le jour d’après. Pour autant, de manière toute aussi routinière, elle reçoit des hommes chez elle, avec qui elle couche contre un peu d’argent. Pendant plus de trois heures, Chantal Akerman filme avec génie cette vie qui tourne sur elle-même jusqu’au point de non-retour. Une expérience passionnante, à vivre impérativement en salle.