Le magazine de cinéma So Film zoome sur le genre et la transidentité à l’écran

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Le dernier numéro du magazine de cinéma So Film, en kiosques depuis mardi 23 mars, fait sa couverture sur « L’explosion des genres » et met à l’honneur de nombreuses figures cinématographiques et sérielles ayant fait bouger les lignes.

Ce n’est pas un hasard si le magnifique portrait dessiné de la jeune comédienne trans Hunter Schafer, Jules dans la série Euphoria, adopte la colorimétrie bleue, blanc et rose du drapeau des luttes trans. Le dernier numéro du magazine bimestriel de cinéma So Film, en kiosques depuis mardi 23 mars, fait sa couverture sur « L’explosion des genres » et met à l’honneur de nombreuses figures cinématographiques et sérielles ayant fait bouger les lignes.

Postulat passionnant

Le dossier de cinquante pages s’ouvre avec un long article consacré aux sœurs Lilly et Lana Wachowski, réalisatrices ayant fait leur transition alors qu’elles étaient déjà connues et respectées du milieu du cinéma hollywoodien. Le postulat est passionnant, il consiste à s’interroger sur la façon dont leurs films auraient pu déjà tout dire de leur transidentité depuis le premier d’entre eux, le polar lesbien poisseux Bound, sorti en 1996. On apprend énormément d’éléments sur la genèse de ce film déjà pas comme les autres et notamment qu’on proposait aux Wachowski un budget bien supérieur à celui finalement obtenu si elles avaient accepté de transformer l’un de leurs personnages principaux en homme. Elles n’ont pas cédé, annonçant ainsi une carrière sans compromis.

L’article revient aussi sur les interprétations et intentions prêtées et/ou revendiquées de la saga Matrix et à son éventuel sous-texte trans. Lilly Wachowski affirmait d’ailleurs récemment que « Matrix portait sur le désir de transformation mais depuis un point de vue d’individus trans encore non déclarés ». Cette section « Wachowski » s’achève sur la retranscription intégrale du discours tenu par Lana le 20 octobre 2012 à San Francisco lors de la réception du Visibility Award de Human Rights Campaign. 

Champ des possibles

La suite du dossier de So Film ouvre tout un champ des possibles : une analyse de la série Pose, qui, à l’image de l’univers des « ballrooms » dont elle s’inspire, s’est imposée comme l’une des plus inclusives du paysage audiovisuel mondial ou une évocation de la nouvelle série espagnole Veneno, des interviews de l’icône Laverne Cox (Orange is the New Black),  de Mya Bollaers (Lola vers la mer), de Zoé Héran (qui fut, enfant, l’héroïne de Tomboy de Céline Sciamma).

Le magazine rend aussi hommage à des figures majeures et pionnières telles que Marcella di Folco et Eva Robin’s en Italie, la musicienne Wendy Carlos ou la « queen » Divine dont la légende est décryptée par deux figures de la scène drag parisienne : Lolla Wesh et Morphine Blaze.

Bonne idée encore que de faire parler de la série Euphoria par des jeunes fans trans de la série et de revenir sur cinq films inspirés d’histoires vraies et qui ont repoussé les frontières du genre au cinéma : L’occasion de redécouvrir Glenn or Glenda, Un Après-midi de chien, L’Année des 13 lunes, Boys don’t cry ou, de rouvrir le débat sur la transphobie supposée de Mrs Doubtfire. Un tour d’horizon passionnant et inclusif.

So Film, numéro mars-avril 2021, en kiosques depuis le 23 mars, 6,90€