Archives LGBT+ à Paris : le bout du tunnel est-il proche ?

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Coup d'accélérateur pour le centre d'archives LGBT+. La Mairie a fait un (grand) pas en avant et satisfait aux demandes du collectif communautaire qui plaide pour un centre autonome. Mais le chantier ne fait que commencer.

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Coup d’accélérateur pour le centre d’archives LGBT+. La Mairie a fait un (grand) pas en avant et satisfait aux demandes du collectif communautaire qui plaide pour un centre autonome. Mais le chantier ne fait que commencer.

L’histoire des archives LGBT+ à Paris, je la connais et je la suis depuis le début de ma collaboration avec Têtu, premier engagement dans les médias LGBT. C’était il y a 20 ans. Évoqué par Bertrand Delanoë après sa campagne victorieuse en 2001, le dossier fait du surplace pendant des années. Après le fiasco d’un premier projet dirigé par Jean Le Bitoux, (doté d’une généreuse subvention de 100.000 euros à l’époque), l’équipe municipale propose à Louis-Georges Tin de prendre en main le dossier. Il jettera l’éponge dénonçant l’absence de volonté politique de la part des institutions. Mais les associations lui reprocheront aussi des dépenses importantes sans résultat. Car le centre d’archives a très vite constitué un motif de controverse au sein même des associations.

C’est en 2014 que grâce au groupe écolos, le sujet est à nouveau relancé. En relisant l’interview que David Belliard, à l’époque co-président du groupe écologiste au Conseil de Paris (et désormais adjoint à la Maire), avait accordé à Yagg, on y retrouve les mêmes principes que ceux énoncés hier par le vœu approuvé par le Conseil de Paris. Et notamment le point le plus important : qu’un lieu soit choisi en concertation et géré par les associations.

Durant la première mandature d’Anne Hidalgo en tant que Maire, le dossier est resté (presque) au point mort pendant trois ans. Mais la bonne nouvelle est venue de la communauté LGBT+, qui a réussi à dépasser les clivages pour aboutir à la création du Collectif Archives LGBTQI en 2017. Depuis, les discussions entre le Collectif et la Mairie ont parfois été au vert, puis ont viré au rouge vif. Mais le Collectif a tenu dans ses revendications pour un centre d’archives communautaire et autonome.

Son obstination a porté ses fruits. Dans une enquête de Komitid publiée en octobre dernier, Jean-Luc Romero, nouvelle adjoint à la Maire en charge notamment des questions LGBT+, confirmait que la Mairie avait envie d’avancer, avec le Collectif. « C’est le collectif d’associations qui est légitime pour porter le projet. Il faudra bien sûr travailler avec des professionnels, mais c’est sur les associations qu’il faut se reposer. »

Le vote du vœu, jeudi 4 février, à l’unanimité (il faut d’ailleurs noter que l’orateur le plus convaincant et convaincu était hier l’élu de droite Aurélien Véron), est-il l’épilogue de deux décennies de déception, de faux-pas, de capotage et de fausses promesses ? Tout commence. Il faut en effet trouver le lieu (ce sujet est touchy, oh combien !), puis viendra le temps de la conception et de la gestion de ce centre d’archives. Il faut d’ici là saluer l’opiniâtreté du Collectif, qui n’a jamais cédé sur ses principes. Et cela a payé ! Une bonne nouvelle en ce début d’année qui n’est pas franchement gai. Réjouissons-nous alors !

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