Sur l'eau, à vélo, à pied : elle est belle la fierté radicale

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La séquence qui s'achève a montré que les manifestations des personnes LGBT+ ont pris une tournure particulière en période de crise sanitaire. Et la radicalité a fait un retour en force !

Une banderole accrochée à Paris, durant la  « Pride sur l'eau », le 27 juin 2020 - Jean-Benoit Richard

Tout a commencé par une ride sauvage avec les Goudou.e.s sur roues et l’association Diivines lgbtqi+ le 26 juin, puis le lendemain une « Pride sur l’eau » avec les Dégommeuses, et une semaine plus tard, une « Pride 2020 » le 4 juillet. Trois moments forts de mobilisation malgré le contexte sanitaire et politique.

La séquence qui s’achève a montré que les manifestations des personnes LGBT+ ont pris une tournure particulière en période de crise sanitaire. Et la radicalité a fait un retour en force !

Une des caractéristiques de ces manifestations est qu’elles sont imaginées et menées par des femmes lesbiennes, bies, trans et cis, mais aussi des personnes non-binaires, et des collectifs de personnes racisées.

Il faut lire la passionnante enquête de Clémence Allezard sur les Goudou.e.s sur roues pour comprendre que ce mouvement vient de loin. Dès le début des mobilisations de la fierté, au sein-même des associations, les femmes tiennent leur place. Féministes, antiracistes, elles prônent aussi désormais une convergence des luttes, alors que cette crise du Covid-19 a montré que les personnes racisées étaient durement touchées.

Ce n’est pas anodin qu’une banderole : « Décolonisons nos luttes LGBT+ » ait été accrochée au dessus du bassin de la Villette. Comme l’expliquait à Komitid Veronica Noseda des Dégommeuses avant la manifestation : « Le racisme, l’exotisation à outrance, la négrophobie, l’islamophobie guettent nos mouvements LGBT, et ce n’est pas la bonne conscience qu’on tire de notre position de dominé.e.s qui y changera quelque chose. Il est grand temps de regarder en face cette réalité et de décoloniser nos luttes. »

Le 4 juillet, une autre manifestation a eu lieu, nommée Pride 2020. L’appel évoquait le lourd tribut que les personnes LGBT+ précaires, racisées, en particulier les personnes trans, payent à l’épidémie de Covid-19 et comment la répression est forte sur les communautés les plus fragiles.

Comme le rappelait les organisateur.rice.s sur la page Facebook, « cette manifestation est avant tout mise à disposition des collectifs de lutte et individu·e·s pour que chacun·e puisse crier ses fiertés et porter ses revendications. Vous êtes invité·e·s à vous en emparer, cette journée sera ce qu’on en fait collectivement. »

Plusieurs milliers de personnes ont défilé entre place Pigalle et la place de la République.

Certain.e.s, bien que soutenant totalement cette action, ont sans doute pensé qu’il était plus sage pour sa santé de rester éloigné.e.s de la foule (c’est mon cas) en raison de la persistance de l’épidémie de Covid-19. Il n’en demeure pas moins que cette action a eu le mérite de rappeler que Stonewall était une émeute et que des manifestations de ce type permettent aussi de mettre en avant des collectifs et des parcours que l’on voit moins dans la communauté LGBT+ et ses organisations « traditionnelles ».

Hasard du calendrier. La fin du mois de juin a aussi été marquée par le deuxième tour des municipales.

Ce n’est d’ailleurs pas sans aussi ressentir une certaine fierté que de voir des personnalités LGBT+ élues. Je pense en particulier à l’activiste lesbienne et féministe Alice Coffin, engagée depuis des années et qui va désormais siéger au Conseil de Paris après son élection dans le 12e arrondissement de la capitale. Le génie lesbien va pouvoir y résonner encore et encore. Et c’est tant mieux !

 

P.S. : Depuis le 21 juin, les posts Facebook de Komitid sont systématiquement masqués pour la plupart de internautes sur la plateforme et nous ne sommes pas en mesure de vous dire pourquoi. Changement d’algorithme ? Malveillance ? Aujourd’hui, cette quasi-disparition de Komitid sur le réseau social n’est évidemment pas sans conséquence sur notre audience. Il y a quelques semaines, des activistes LGBT+ avaient vu leur compte fermer pendant quelques jours. Facebook a-t-il fait preuve de trop de zèle en censurant des contenus LGBT+ ?

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  • arnosa

    Decolonisons nos luttes. Non au racisme Anti blanc !!!
    All lives matter