Tribune : À Paris, on souffre et on meurt encore du sida !

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Dans une tribune sur Komitid, Hélène Bidard, adjointe à la Maire de Paris chargée de l'égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations, et deux autres personnalités communistes appellent à intensifier la lutte contre le sida dans la capitale.

sida
Manifestation du 1er décembre à l'appel d'Act Up-Paris, le 1/12/2019 - Christophe Martet

Deux jours après le 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le sida, et malgré l’échec de leur mobilisation, nous dénonçons l’indécence absolue de la « Manif pour tous », qui a choisi ce moment si important et si symbolique pour déclamer ses slogans LGBTphobes. Or cette manœuvre indigne ne doit pas occulter la nécessité de la lutte contre le VIH.

Trois nouvelles contaminations sont enregistrées chaque jour dans la capitale. En 2018, ce sont près d’un millier de Parisiennes et de Parisiens qui ont appris leur séropositivité. Paris, ville refuge et d’inclusion, est confrontée de plein fouet à l’épidémie, qui frappe ici cinq fois plus que la moyenne française. D’où l’importance de tenir bon sur notre objectif ambitieux de « zéro infection » d’ici 2030.

Cela passe d’abord par la poursuite de plans de sensibilisation. Le VIH a toujours fait l’objet de ce qu’on appelle aujourd’hui des « fake news ». Si la génération des plus de 35 ans a commencé sa vie sexuelle avec le sida comme angoisse première, les adolescent.e.s sont 25 % à penser que les antirétroviraux guérissent la maladie. Une forme de banalisation de la maladie succède – ou s’ajoute – à des décennies de diabolisation des séropositif.ve.s. C’est pourquoi l’usage des préservatifs internes ou externes , en recul, doit être réaffirmé contre la propagation des IST/ MST.

Si l’épidémie ralentit, la sérophobie est toujours bien présente

Selon les enquêtes AIDES de 2015 et 2016, 23,6 % des séropositif.ve.s qui se disent discriminé.e.s le sont dans le milieu médical. Un tiers des répondant.e.s se disant séropositif.ve.s se sont vu.e.s par exemple refuser une consultation auprès de chirurgien.ne.s-dentistes.
Voilà pourquoi un grand plan de formation de tous les futur.e.s praticien.ne.s est vital : pour éliminer les violences médicales qui freinent l’accès aux soins, aux dépistages et au bien-être des publics les plus en attente et en besoin d’accompagnement adapté et régulier. La Ville de Paris peut jouer un rôle renforcé en ce sens.

Vers Paris Sans Sida, les structures médicales et le tissu associatif et militant parisien sont des outils indispensables. Ils doivent disposer de moyens humains et financiers à la hauteur des enjeux. Nous portons pendant ces élections municipales la nécessité de renforcer financièrement et humainement les centres de santé et les plannings familiaux sur la prévention autour des enjeux sexuels et intersectionnels.

Migrant.es, femmes et personnes trans : les oublié.e.s

Pour atteindre l’objectif « zéro infection », un défi perdure : améliorer l’accès des femmes et des personnes trans à la PrEP et plus largement à la prévention contre le VIH. En effet, la baisse des nouveaux diagnostics ne concerne quasiment pas les femmes. Elles et les personnes trans ont des difficultés à trouver des professionnel.le.s de santé qui les accompagnent de manière non discriminantes. Le rapport 2019 de SOS homophobie relève que la hausse la plus inquiétante des actes LGBT-phobes est celle des actes lesbophobes, qui ont crû de 42 %. La prévention délaisse les femmes lesbiennes qui sont donc trois fois plus touchées par les IST que le reste de la population, d’après l’Inter-LGBT. La prévention mainstream délaisse également trop les personnes trans.

« Pour atteindre l’objectif « zéro infection », un défi perdure : améliorer l’accès des femmes et des personnes trans à la PrEP et plus largement à la prévention contre le VIH »

Quant aux discriminations envers les migrant.e.s, elles ont la vie dure. Entre 35 à 49 % des migrant·es ont été infectées après leur arrivée sur le sol français comme le montre une étude de 2018 parue dans The Lancet Public Health, un travail mené sous par l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) et l’Institut de recherche pour le développement. Les violences sexuelles subies en France par les femmes migrantes multiplient par quatre le risque d’infection. Il est donc totalement faux d’affirmer que les mouvements migratoires « apporteraient le virus » en France. Il est urgent de protéger les migrant.e.s par des campagnes et des dispositifs !

Autre « fake news », brandie jusqu’au plus haut sommet de l’État : l’existence d’une immigration « pour raisons médicales ». Selon les associations, la grande majorité des personnes migrantes séropositives ne se savent pas atteintes du virus avant de se faire dépister. Plus de 80 % des patient.e.s reçu.e.s dans les centres de soins sont dépourvus de couverture maladie alors que plus des trois quarts pourraient théoriquement en bénéficier.

Rendre hommage

Alors qu’à l’initiative des fondateurs et fondatrices et d’anciens président.Es d’Act Up-Paris ou encore de l’archiviste d’Act Up-Paris comme Yves Grenu, la Ville de Paris a inauguré la veille du 1er décembre la promenade Cleews Vellay, PrésidentE d’Act Up-Paris mort du sida, souvenons-nous des plus de 10 000 Parisien.ne.s mort.e.s du sida dans les années 1990. Saluons les combats de Cleews Vellay et de tous les militant·es d’Act Up-Paris. Portons l’espoir d’en finir avec cette maladie mortelle et politique.
Comme il est écrit à la fin du livre Le Sida, combien de divisions ? : « Sida : que cesse cette hécatombe ! ».

Hélène Bidard, adjointe PCF à la Maire de Paris chargée de la lutte contre les discriminations
Shirley Wirden, présidente du Conseil départemental du PCF Paris
Maxime Cochard, auteur et militant LGBTI

  • balayeuses75

    Ce projet ne fut pas à l’initiative des fondatrices et fondateurs d’Act Up-Paris. Pour la plaque, il s’agit d’une idée de Yves GRENU, l’ancien archiviste de l’association Act Up-Paris. Le texte définitif de la plaque est en parti celui de l’ancien président d’Act Up-Paris, Mikael ZENOUDA. La promenade inaugurée également en même temps que la plaque, est de la volonté de La Maire de Paris, Anne Hidalgo.

  • arnosa

    Voir le PCF récupérer la lutte LGBT+, cela pique un peu les yeux.. Si c’est faire insulte à ceux qui ont souffert. Pour le PCF et ses partis frères, l’homosexualité était une dérive bourgeoise (sic). Ce fut le parti le plus homophobe de France