Journée mondiale du 1er décembre : On n'en a pas fini avec le sida

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La fin de l'épidémie telle que nous l'avons connue, nous savons aujourd'hui que c'est possible et nous avons les outils pour cela. Pour autant, nous n'en avons pas fini avec le sida.

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le ruban rouge, symbole de la lutte contre le sida - Shutterstock

Sur le front de la lutte contre le sida, et à la veille de la Journée mondiale, le 1er décembre, les bonnes nouvelles s’accumulent. Le nombre de découvertes de séropositivité a diminué de 13 % en cinq ans.

Dans certaines zones, la diminution est encore plus impressionnante. Dans les Alpes-Maritimes, la baisse est de 40 % entre 2015 et 2018. À Paris intra-muros, la baisse constatée durant la même période atteint 16 %. Cette diminution est particulièrement marquée d’ailleurs chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH), qui représentent toujours 40 % des nouvelles contaminations en France.

Il faut se réjouir de ces chiffres ! Et ils ne sont pas isolés. Une telle baisse est observée dans d’autres pays européens depuis plusieurs années, notamment en Autriche, Belgique, Finlande, Allemagne, Grèce, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni.

Succès de la prévention combinée

Une baisse que Valérie Delpech, dans un article du Bulletin épidémiologique hebdomadaire, attribue au succès de la prévention combinée. Une stratégie qui s’appuie sur le traitement préventif (PrEP), le dépistage et la mise sous traitement rapide des personnes découvertes séropositives, au côté d’outils plus traditionnels comme le préservatif.

Il reste en effet de nombreuses ombres au tableau.

La fin de l’épidémie telle que nous l’avons connue, nous savons aujourd’hui que c’est possible et nous avons les outils pour cela. Pour autant, nous n’en avons pas fini avec le sida. Il reste en effet de nombreuses ombres au tableau.

Perte de chance

La baisse des contaminations n’est pas observée dans certaines populations en France, en particulier les femmes hétérosexuelles nées à l’étranger ainsi que les HSH nés à l’étranger. Autre fait inquiétant : plus du quart des personnes (environ 1 700) ont découvert leur séropositivité VIH à un stade avancé de l’infection. Cela signifie pour elles-mêmes une perte de chance en matière d’accès aux soins et au traitement mais ce retard au dépistage signifie aussi que l’épidémie reste active.

Dans son avis publié à l’occasion du 1er décembre, le Conseil national du sida (CNS) est sévère sur la politique de prévention en France. Affirmant que « les indicateurs épidémiologiques disponibles restent globalement stables au cours des dernières années, sans montrer une réduction de l’épidémie en France », le CNS décrit la situation comme inacceptable. Il fait quelques recommandations comme celle de diversifier l’accès au dépistage, en partant des besoins des personnes.

Dans le monde, la baisse des décès a été certes spectaculaire, passant de 1,9 millions en 2004 à 940 000  en 2017. Mais selon l’Onusida, il faut aller beaucoup plus loin si on veut mettre fin au sida en 2030.Cela vaut aussi pour le nombre de nouvelles infections. Comparé au pic atteint en 1996 (avec 3,4 millions d’infections cette année-là), les 1,8 millions de nouvelles infections en 2017 apparaissent comme un progrès. On est cependant très loin de l’objectif de 500 000 nouvelles infections en 2020.Cela signifie très clairement qu’il ne faut pas baisser la garde et que ce soit en France ou dans le monde, les pouvoirs publics doivent se montrer à la hauteur contre une épidémie qui continue de faire des ravages.

 

Cet édito est dédié à la mémoire de Ludovic Bouchet, militant d’Act Up-Paris, et ami, mort cette semaine à l’âge de 44 ans. « Ludo » était arrivé à Act Up-Paris en 1991, encore adolescent. Hémophile, il était devenu séropositif après avoir reçu du sang contaminé. Avec sa mère Joëlle, il s’est battu durant de nombreuses années à l’association. 

 

  • phil86

    Quand on voit le nombre de mecs qui baisent sans capote et évidemment aussi sans prep et que l’on constate l’ignorance absolue d’une majorité de HSH à propos de la Prep et du Tasp le tout combiné à la discrimination sexuelle envers les séropos déclarés qui sont aujourd’hui indétectables et donc non contaminants *alors que ce sont eux qui sont safe* mais que les HSH préfèrent les exclure de leur vie sexuelle au profit de mecs dont ils ne savent finalement rien et qui s’ils sont séropositifs non dépistés sont contaminants eh bien on constate que l’épidémie chez les HSH a de beaux jours devant elle.