Les 4 bonnes raisons de binge-watcher la saison 2 des « Engagés », la première série LGBT+ française

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Récompensée dans de nombreux festivals, la série LGBT+ créée par Sullivan Le Postec pour Studio 4 ne manque pas d'atouts.

Éric Pucheu et Mehdi Meskar dans l'épisode 5 de la saison 2 des « Engagés »
Éric Pucheu et Mehdi Meskar dans l'épisode 5 de la saison 2 des « Engagés » - Astharte & cie

Alors que sont annoncées pour 2019 deux « reboots » de séries américaines, Les Chroniques de San Francisco (sur Netflix) et Queer as Folk (sur Bravo), il serait dommage de passer à côté des Engagés, première série LGBT+ française, dont la deuxième saison a été diffusée sur Studio 4, le site de France 4 dédié aux formats web. Komitid vous donne 4 quatre bonnes raisons de vous plonger dans les épisodes de cette série innovante qui vient d’être classée par Télérama dans le top 10 des meilleures séries françaises de l’année.

1. Une vraie série chorale

C’était annoncé dès le titre pluriel du projet, Les Engagés a été conçue comme une série chorale. L’intrigue se centre dans la première saison sur les liens ambigus et changeants qui unissent Hicham, jeune Stéphanois qui fuit son quartier pour vivre sa vie à Lyon et Thibault, militant associatif mal dans sa peau qui cache de mystérieux secrets. Si les excellents Mehdi Meskar et Eric Pucheu sont parvenus à nous rendre très vite ces deux héros proches, gravitaient déjà autour d’eux de nombreux personnages secondaires : Nadjet, la sœur d’Hicham, Amaury, le politique local dans le placard ou encore le flamboyant Claude (exceptionnel Denis D’Arcangelo) et toute la bande de l’association LGBT Le Point G. Pour la saison 2, ces personnages désormais familiers enrichissent leur cercle et l’effet choral prend une ampleur nouvelle, permettant de traiter de sujets d’actualité qui donnent à la série une nouvelle dimension.

2. Une belle maîtrise de l’écriture à la réalisation

Cette série, c’est le projet et le rêve de longue date de son créateur, Sullivan Le Postec. Ancien journaliste et scénariste brillant qui a exercé ses talents sur pas mal de séries télé (Falco sur TF1 ou encore Dernier Recours sur France 2), Sullivan portait en lui depuis longtemps ce projet fou de série mettant en scène une majorité de personnages LGBT+. Il s’est beaucoup inspiré de ses années d’engagement associatif qui lui ont permis de pointer très vite la façon d’amener la série à évoquer de nombreux sujets de société (son « Journal de bord » de la saison 2 est à lire, en cinq chapitres, sur le site FrenchMania.fr). Le réalisateur de cette saison 2, Slimane-Baptiste Berhoun, apporte une modernité, un dynamisme et met en valeur les moments de bravoure de cette série au budget limité, comme la scène musicale de cabaret et la très réussie immersion en pleine Marche des fiertés lyonnaise. En installant des personnages touchants, dans lesquels, chacun.e peut s’identifier, cette saison reproduit le tour de force de la saison 1 tout en affinant sa ligne « politique » : le mix entre les histoires intimes des personnages (et les moments tout mignons qu’il ne faut pas bouder !) et leurs engagements qui vont les rassembler ou les séparer. Tout est extrêmement bien construit malgré la difficulté imposée par le modèle choisi d’épisodes courts de 10 minutes.

3. Une saison 2 encore plus engagée

Dans la première saison, les enjeux majeurs étaient ceux de la découverte de soi, de la libération personnelle comme en témoignaient les titres des épisodes, uniquement des verbes pronominaux (« Se découvrir », « S’enfuir », « S’embrasser »). Pour cette saison 2, l’enjeu est plus sociétal, l’apprentissage se fait au contact de l’autre et la lutte militante s’envisage collectivement comme en attestent les titres des épisodes : « Les réunir », « L’accepter », « Le comprendre ». En abordant les sujets d’actualité qui nourrissent les débats de la communauté comme l’accueil des sans-papiers LGBT+ , la transidentité, les combines associatives ou encore les luttes de pouvoir, la série colle à son époque et à la communauté dont elle parle. Inclusive à plus d’un titre, cette deuxième saison permet au public – LGBT ou non – de percevoir de façon assez fine les enjeux de la communauté LGBT+ en France et révèle, grâce au merveilleux travail de Stéphane Gaillard, le directeur de casting, de jeunes talents comme le comédien trans Adrián de la Vega (dans le rôle d’Elijah). Il crève l’écran !

4°) Une série multirécompensée

Historique à plus d’un titre lors de la sortie de sa saison 1, Les Engagés restera à jamais la première tentative de série LGBT+ en France et a été multirécompensée dans les festivals à travers le monde. Les Engagés (qu’on aurait, pour chipoter, préféré orthographier Les Engagé.e.s) n’a pas à rougir des comparaisons et maintient une volonté louable de raconter nos luttes, celles de nos quotidiens, de nos vies par le prisme de l’intime. Même s’il est triste de constater que les grands chaînes hésitent encore à produire et diffuser des séries mettant en scène des personnages LGBT+ dans les rôles principaux (la série chorale Dix pour Cent et les merveilleux-ses Camille Cottin et Nicolas Maury étant l’exception qui confirme la règle), il faut se féliciter que Les Engagés existe, soit diffusée sur le web (Studio 4), à l’international sur TV5 Monde, et disponible en vod (queerscreen.fr) ou dvd (Optimale Distribution). Profitons-en !