« Avec "Fiertés", on a fait une série qu'on aurait pu regarder il y a 15 ans, et nous dire "c'est cool, on existe" »

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Pour Komitid, les scénaristes de « Fiertés », Niel Rahou et José Caltagirone, reviennent sur leur expérience d'écriture. La mini série réalisée par Philippe Faucon couvre sur trente ans de vie LGBT+ en France : 81 et 82 (la dépénalisation de l'homosexualité), 1999 (le Pacs) et 2013 (Le mariage pour tous et toutes).

Fiertés - Benjamin Voisin & Sami Outalbali / Arthur Farache / Sauvegrain-Scarlett Production Arte France
Fiertés - Benjamin Voisin & Sami Outalbali / Arthur Farache / Sauvegrain-Scarlett Production Arte France
Article Prémium

Fiertés, c'est ce soir sur Arte à 20h55 ! Cinq ans après la loi autorisant le mariage à tous les couples, la mini série réalisée par Philippe Faucon (La Désintégration, Fatima), va vous envahir le coeur (vous êtes prévenu.e.s). Les trois épisodes de la série balaient trente ans de vie LGBT+ en France : 81 et 82 (la dépénalisation de l'homosexualité), 1999 (le Pacs) et 2013 (Le mariage pour tous et toutes).

Mais l'ambition de la série n'est pas d'être panoramique et de raconter l'homosexualité et l'évolution des droits LGBT+ en France. On suit le chemin de Victor (interprété par de ses 17 ans à son âge mûr, de son job d'été à lunettes de presbyte). Dans une ville qui pourrait être Montpellier comme Montreuil, on voit grandir un homme qui construit sa virilité, qui tombe amoureux, qui se vit homosexuel - ou pas.

Que la série ne soit pas une longue litanie de tristesse et de coming outs, c'était la volonté de ses deux scénaristes : Niel Rahou et José Caltagirone. Nous avons rencontré les deux trentenaires, ouvertement gays, à la terrasse ensoleillée d'un café parisien. Les auteurs nous ont raconté leur ambition de raconter cette histoire, qui les touche de près.

Les deux scénaristes de la série Fiertés, Niel Rahou et José Caltagirone / ALP

Les deux scénaristes de la série Fiertés, Niel Rahou et José Caltagirone / ALP

Comment est née Fiertés ?

José Caltagirone (J.C.) : On était dans le marasme des débats sur le mariage pour tous, on a eu envie d'opposer quelque chose de positif à la réaction super violente des antis. Ça nous a fait penser aux avancées majeures de ces dernières années et ces trois dates ont émergé comme ça. Nous avons mis deux ans en tout et pour tout pour ce projet, depuis l'idée jusqu'à la fin du tournage. Philippe Faucon a une manière d'approcher l'émotion toujours à distance, de ne jamais l'imposer, en ce sens là son apport était vraiment utile car nous avions une approche vraiment frontale, moins pudique. C'est l'avantage majeur pour des scénaristes de travailler avec un ou une réal dès le début d'un projet. Ce projet c'est vraiment l'histoire d'une collaboration.

Niel Rahou (N.R.) : Il n'y a eu aucune résistance quand on a apporté le sujet et les personnages. La production a tout de suite compris ce qu'on voulait dire. On a tout de suite pensé à un premier épisode en 1981 et 1982, avec l'élection de Mitterrand et la dépénalisation de l'homosexualité par Badinter, un deuxième épisode en 1999 au moment du Pacs, et un dernier épisode en 2013 au moment du mariage pour tous. On suit les mêmes personnages sur une période de 32 ans.

Vos personnages racontent l'histoire LGBT+ en France, mais vous dites que vous les vouliez universels. Pourquoi ?

J.C. : Le but c'était que l'histoire puisse parler au plus grand nombre, même si elle a été promue comme une série qui retrace 30 ans de lutte pour les droits LGBT. On voulait générer une empathie universelle. On nous demande parfois, pourquoi nous n'avons pas choisi aussi un couple de femmes... parce qu'on a pas eu envie de raconter l'histoire exhaustive de l'homosexualité en France.

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  • stephanedk

    J’ai vu “fiertés” hier…
    A 55 ans, j’y ai retrouvé toute mon histoire, mon adolescence et ses amours interdites et souvent terribles, la campagne de 1981, les années “Mitterrand”, les terribles années “SIDA”, mon refus du PACS, l’agression homophobe et enfin notre mariage… J’en ai évidemment été extrêmement troublé, d’évidence, il s’agit surement de l’histoire commune aux gays quinquagénaires.
    A voir, à revoir et surtout à faire voir,
    merci

  • friendlyfire

    Formidable série !
    Comme quoi Plus Belle La Vie mène à tout. En ce qui me concerne le petit monde du Mistral n’est pas ma tasse de thé mais je remercie tous ceux qui ont écrit de beaux morceaux de personnages avec cahiers des charges serré car je sais que tout ce travail de visibilisation des minorités a des effets réels, et dans mon cas, a grandement participé à l’assouplissement des préjugés au sein de ma famille.

    Concernant “Fiertés” : quel sens de l’ellipse ! Ramener l’épisode LMPT ( sans rien en montrer, ici travail inverse d’invisibilisation de ceux qu’on a trop vus et entendus) à un poing dans la gueule est BRILLANT (et douloureux).