« On a encore peur de dire qu'une série est féministe ou gay » : entretien avec Olivier Joyard, scénariste de « J'ai 2 Amours »

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Dans « J'ai 2 Amours », mini-série diffusée sur Arte fin mars, le scénariste a exploré le polyamour en dessinant un personnage bisexuel et engagé dans un projet de coparentalité avec son mec et leur meilleure amie lesbienne. Un festival de bras d'honneur à notre société monogame hétéronormée. L'occasion de parler représentation des personnes LGBT+ dans les séries françaises. Interview.

Benoit Linder/Arte France/Ita
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Explorer le désir et l'amour qu'une personne peut éprouver pour deux êtres à la fois, et toutes les complexités que cela engendre, c'est ainsi que l'on pourrait résumer l'intention derrière J'ai 2 Amours, la nouvelle mini-série diffusée sur Arte fin mars et signée Olivier Joyard, aussi journaliste Séries aux Inrockuptibles, et Jérôme Larcher. Cette fiction nous plonge dans le quotidien d'Hector, un médecin strasbourgeois en couple avec son compagnon Jérémie depuis cinq ans. Avec Anna, leur meilleure amie lesbienne, le couple s'est lancé dans un protocole d'insémination artificielle en Belgique pour avoir un enfant. Mais dans le même temps, Hector retrouve son premier amour de jeunesse, Louise, dont il retombe immédiatement et intensément amoureux. Au-delà de la bisexualité du personnage, c'est avant tout le polyamour qu'il découvre.

Polyamour, mais aussi parentalité, sexualité... cette série aborde de nombreux sujets de société avec beaucoup de simplicité. Pour Komitid, Olivier Joyard est revenu sur ses choix d'écriture, et notamment celui d'avoir fait de son héros un personnage à la fois bisexuel et polyamoureux. On a aussi interrogé cet expert en séries sur la représentation des personnes LGBT+ dans la fiction française. Interview.

Hector, joué par François Vincentelli (Clara Sheller, Hard), est un personnage à la fois bisexuel et polyamoureux. En le dessinant ainsi, n'avez-vous pas peur d'entretenir la confusion entre une orientation sexuelle et un mode de relation amoureuse ?

Olivier Joyard : C'était pour moi intéressant de revisiter le triangle amoureux sous un angle que je trouve plus proche des préoccupations contemporaines. Je comprends que l'on puisse faire la confusion entre la bisexualité et le fait d'être en couple avec plusieurs personnes à la fois, ce qui évidemment sont deux choses qui n'ont rien à voir. J'aimais bien l'idée que cette problématique soit abordée à un moment, lorsqu'un des personnages reproche à Hector de vouloir être amoureux de tout le monde parce qu'il est bisexuel, et de montrer à travers la fiction qu'il n'y a pas de lien direct. Il faut interroger ces réflexes que l'on a tous, et la biphobie est quand même extrêmement présente dans la communauté LGBT+. C'est quelque chose...

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