Vers la fin des lois coloniales LGBTphobes en Jamaïque ?

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Après l'Inde, c'est au tour de la Jamaïque de s'attaquer aux lois criminalisant les relations entre personnes de même sexe héritées de l'empire colonial britannique.

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Vers la fin des lois coloniales LGBTphobes en Jamaïque ? - J Flag / Facebook

Le 2 juillet 2018, la Commission interaméricaine des droits de l’homme a répondu à l’appel de deux activistes LGBT+ jamaïcain.e.s, Simone Edwards et Gareth Henry, au sujet des lois criminalisant encore les relations entre personnes de même sexe, avec une emphase particulière sur la sodomie en Jamaïque. La militante lesbienne et l’activiste gay ont confié avoir fui l’île en raison de ces lois héritées de l’empire colonial britannique, insistant sur le fait qu’elles incitaient aux propos et comportements LGBTphobes. Le même genre de lois qui ont récemment été rayées de la carte juridique indienne par la Cour suprême de New Dehli.

« J’ai été forcé de fuir la Jamaïque par peur pour ma vie simplement à cause de qui j’aime », a expliqué Gareth Henry à Gay Star News. « Je suis convaincu que de laisser les personnes LGBT+ en dehors de toute protection légale les laisse vulnérables à la violence et au harcèlement ». Les deux activistes notent tout de même que l’institution américaine a mis six longues années à se pencher sur leur interpellation.

Commission interaméricaine

Dans le rapport de la Commission interaméricaine des droits de l’homme on peut lire : « S’il est prouvé que les faits rapportés entraîneraient des menaces, une atteinte à l’intégrité personnelle, de l’ingérence dans la vie privée et familiale, des obstacles au droit de résidence et de libre circulation, une différence de traitement, un accès rendu difficile à la justice et à la santé, cela pourrait établir d’éventuelles violations de la Convention américaine sur les droits de l’homme  ».

Simone Edwards, qui a dû quitter la Jamaïque en 2008 après que deux hommes lesbophobes aient ouvert le feu sur son domicile et tenté de tuer ses deux frères, dont l’un est gay, est désormais résidente des Pays-Bas. « Je pense que les gangsters qui nous ont presque tué.e.s, mes frères et moi, se sont sentis légitimes de le faire par la simple existence de ces lois homophobes », a-t-elle affirmé auprès du site d’info LGBT+ américain. « C’est vraiment remotivant de voir la Commission prendre notre plainte au sérieux. Cela me donne l’espoir de voir ces lois d’un autre âge disparaître et de pouvoir retourner chez moi sans crainte d’être attaquée de nouveau ».

En attendant une décision institutionnelle, individus et assos LGBT+ de Jamaïque gardent l’oeil ouvert et le poing levé. Notamment à Montenegro Bay, où la pride a eu lieu, du 8 au 14 octobre 2018.