Roumanie : le référendum anti-mariage pour tous fait un gros flop

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Les activistes LGBT+ du pays européen vont pouvoir souffler un peu. Mais la société roumaine reste encore très largement homophobe. Explications.

La Pride de Cluj en Roumanie le 23 juin 2018 - De Melinda Nagy / Shutterstock
La Pride de Cluj en Roumanie le 23 juin 2018 - Melinda Nagy / Shutterstock

C’est ce qu’on appelle un camouflet. Les électeurs et électrices de Roumanie ont boudé les urnes ce week-end, dans le cadre d’un référendum qui visait à définir la famille uniquement comme « l’union d’un homme et d’une femme » dans la Constitution. La participation finale, selon Euronews, s’élève à 20,4 %, bien au dessous des 30 % requis pour valider le vote.

Il faut dire que les associations LGBT+ du pays, ainsi que l’opposition, avaient appelé au boycott, pour justement s’assurer de l’invalidation du scrutin. Le but de ce vote, d’après ses instigateurs et instigatrices, était d’empêcher le mariage pour tous d’être un jour légalisé dans le pays européen et d’inscrire dans la loi fondamentale du pays qu’une famille ne peut être formée que d’un homme et une femme. Le référendum était en fait porté par la Coalition pour la famille, sorte de Manif pour tous locale et par l’Église orthodoxe.

Si le gouvernement social démocrate n’était pas à l’origine du vote, le parti majoritaire n’en avait pas moins fortement soutenu le camp du oui. Une manière, selon les activistes locaux, de détourner l’attention des Roumains et Roumaines des scandales de corruption secouant le pays. Le Partidul Social Democrat ayant même réussi à s’attirer les foudres des autres partis de centre-gauche européens, l’homophobie n’étant généralement pas une valeur partagée par le groupe des sociaux-démocrates du Parlement européen.

Société conservatrice

Le soulagement des personnes LGBT+ roumaines était en tout cas palpable dimanche 7 octobre. « Ensemble, au travers de la campagne de boycott, nous avons montré que, en tant que citoyen.ne.s, nous voulons une Roumanie fondée sur des principes démocratiques, où le respect, l’égalité et le sens commun guident la société », a expliqué l’organisation Accept Association dans un communiqué. « Aujourd’hui, nous avons montré que nous ne pouvons pas être trompé.e.s par un agenda politique qui nous demande de polariser la société. »

Reste que, si les activistes LGBT+ peuvent respirer, la Roumanie est loin d’être un havre de paix pour les minorités sexuelles. Le pays d’Europe de l’Est interdit notamment le mariage de personne de même sexe dans son code civil. La société roumaine, qui s’ouvre petit à petit, reste conservatrice et largement religieuse, la voix de l’Église orthodoxe comptant encore beaucoup. Le pays se classe 35 sur 49 au classement des droits LGBT+ de l’ILGA.

  • expat

    Très bonne nouvelle que ce référendum a échoué, les réac n’ont pas réussi à faire passer leur message de haine. Bravo aux citoyens qui se sont abstenus de voter, c’était risqué, mais ça montre que seul les réac se sont mobilisés et vu les résultats de leur mobilisation c’est très peu.