États-Unis : les passeports de plusieurs femmes trans révoqués

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« Ils ne peuvent pas changer toutes les lois tout de suite, mais ils peuvent compliquer les choses », dit une femme trans concernée, tandis que les administrations nient avoir changé leurs procédures internes.

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Passeport américain - Evgenia Parajanian / Shutterstock

L’administration de Trump continue plus loin dans la transphobie. Selon les témoignages de plusieurs femmes trans recueillis par le site américain Them, le Département d’État des États-Unis (équivalent du ministère des Affaires étrangères en France) aurait décidé de s’en prendre aux documents d’identité des personnes trans.

Pour la chercheuse new-yorkaise Janus Rose, la mauvaise nouvelle est arrivée par téléphone. Le bureau des passeports américain l’a appelée pour lui signifier que le changement de la mention de genre sur son passeport, obtenue en novembre 2017, avait été « une erreur ». Elle se voit donc dans l’obligation de devoir fournir à nouveau un justificatif médical afin qu’elle puisse renouveler son passeport en accord avec son genre.

Danni Askini, militante trans américaine expatriée en Suède qui œuvre pour la défense des droits humains, rapporte que le bureau des passeports a purement et simplement refusé de lui renouveler sa pièce d’identité. Ayant obtenu des documents officiels conformes à son genre depuis 1999, elle se voit obligée de fournir, pour la première fois, des preuves de sa transition, ainsi que de sa nationalité américaine.

« Rendre les choses le plus difficile possible pour les personnes trans »

Mary Emily O’Hara, journaliste de Them, a contacté le Département d’État des États-Unis pour savoir si ces faits rapportés étaient dus à un changement de règlement ou de procédure en interne. Sans réponse claire de la part de l’administration concernée, elle rappelle que depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, plusieurs textes touchant à l’inclusion et la diversité dans les institutions du pays ont été modifiés. Notamment le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies qui n’a plus le droit d’utiliser les mots et expressions « transgenre », « diversité » ou « basé sur des preuves » depuis décembre 2017.

Le Centre national pour l’égalité transgenre (National Center for Transgender Equality), qui a pris contact avec le bureau des passeports, a posté un communiqué au ton rassurant, arguant que ces cas anxiogènes étaient le fruit de situations aux «  circonstances exceptionnelles » et d’erreurs.

Un discours optimiste sur les administrations qui n’a pas convaincu tout le monde, d’après quelques réactions échaudées visibles sur Twitter. Selon Janus Rose, « il y a un changement de règlement intérieur pour rendre les choses le plus difficile possible pour les personnes trans. Le but est de créer de la friction. Ils ne peuvent pas changer toutes les lois tout de suite, mais ils peuvent compliquer les choses ».