« En Marge des Fiertés, c'est un espace par et pour les personnes queers et racisées »

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Le collectif des Raciné.e.s, basé à Lyon, organise pour la toute première fois son festival queer et racisé.

Affiche du festival En Marge des fiertés 2018 - Inky Missa

Le collectif des Raciné.e.s est un collectif féministe décolonial et queer racisé basé à Lyon. Il est composé de militant.e.s qui travaillent dans une optique intersectionnelle. Il organise pour la première fois du 21 au 23 juin le festival En Marge des Fiertés, consacré aux questions qui touchent les personnes queers racisées : conférence, atelier, exposition permettront d’aborder l’homo-nationalisme ou encore le coming out le temps de cet événement fait par et pour les concerné.e.s.

Dans le collectif des Raciné.e.s, beaucoup d’entre nous sont concerné.e.s par plusieurs oppressions : le sexisme, les LGBTphobies, le capitalisme et bien sûr, le racisme. Il est donc primordial pour nous, en tant que militant.e.s politiques, de ne jamais sacrifier une cause pour une autre. Le collectif est majoritairement composé de femmes cisgenres, on est donc en mixité de genre, mais nous avons fait le choix de rester en non-mixité racisée. Pour nous, la non-mixité est un outil politique. Comme pour les féministes, comme pour les anticapitalistes, comme pour les femmes victimes de viol… On sait très bien qu’en France il y a un énorme tabou là-dessus. Toutes les autres non mixités sont tout à fait admises, mais quand ça nous concerne en tant que personnes racisées, ça devient quasi automatiquement une polémique.

Pour nous, la non-mixité est un outil politique.

Nous avons appelé ce festival En Marge des fiertés. C’est un nom fort mais pour nous, c’est une réalité banale. Parce qu’il faut le dire, le militantisme LGBT mainstream est très blanc et très raciste. Lors de la Pride de Lyon le 16 juin, un militant syndical de la CFDT est venu sur notre stand dire à l’une de nos membres qu’on était des racistes anti-blanc, des radicaux dangereux. Voilà pourquoi nous sommes obligé.e.s pour exister politiquement de nous démarquer et de montrer les aspects problématiques propres à la communauté queer occidentale, qui peut être contre le voile, qui peut forcer les coming out, qui entretient une fétichisation des personnes racisées. Ce festival, on le fait avant tout pour nous. On a toujours voulu trouver un espace comme celui là à Lyon. Les intervenant.e.s qu’on a l’honneur et la chance de pouvoir accueillir et entendre parler sont tout.e.s des personnes queers racisées. Le programme, c’est un mélange de toutes nos envies, de tout ce qu’on veut voir. On a fait un festival pour nous, et pour les gens qui nous ressemblent. On a eu besoin de créer un espace, car on ne peut pas attendre que d’autres le créent pour nous. Créer un espace par et pour nous pour se nourrir et grandir en tant que personnes queers et personnes racisées.

Le programme, c’est un mélange de toutes nos envies, de tout ce qu’on veut voir.

Dans notre programmation, on a voulu par exemple faire un atelier sur le coming out. L’idée n’est pas de répondre à la question « comment faire son coming out à ses parents ? ». Nous avons une approche différente : si une personne ne veut pas le faire, elle n’a pas à le faire. Dire que le coming out peut être plus ou moins forcé, ce n’est pas dire que nos parents seraient plus homophobes ou transphobes. C’est plutôt une manière de souligner que nos fonctionnements familiaux sont différents, du fait par exemple de notre culture maghrébine. Pour beaucoup d’entre nous, le coming out est lié à la famille. Notre entourage est au courant, mais pas nos parents. Et c’est important de pouvoir en parler. Faire cet atelier, c’est aussi pour nos petit.e.s frères et sœurs queers racisé.e.s pour leur donner des moyens pour affronter ça.

Le festival est ouvert à toutes et tous, sauf deux ateliers, qui sont sur inscription. Encore une fois, on a fait ce festival pour nous, pour les personnes queers racisées, et on le voit aussi comme une opportunité pour les personnes blanches et/ou hétéros, donc non concernées par le racisme ou les LGBTphobies, de venir se former sur ces questions, pour écouter ceux et celles qui ont ces vécus et qui maitrisent ces savoirs.

Nous ne sommes pas une association loi 1901, donc nous ne touchons pas de subventions. Notre source de financements pour cet évènement, ce sont les dons. Organiser un festival, c’est très compliqué. Les difficultés qu’on rencontre à monter des événements, ce sont finalement les mêmes qu’on rencontre déjà dans la vie quotidienne à titre individuel. On est presque habitué, c’est triste à dire.

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