Adaptation live action de « Mulan » : Disney pris en flagrant délit de straightwashing ?

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Les dernières informations sur la version filmée de « Mulan », à paraître en 2020, suscitent déception et colère dans le milieu LGBT+.

Le live action de Mulan serait-il sur le point de straightwasher les personnages dessin animé ?
Le live action de Mulan serait-il sur le point de straightwasher les personnages dessin animé ? - The Walt Disney Company France / Allociné

Rendez-nous Li Shang ! Mulan est un grand classique de Disney, certes. Mais bien plus. Le dessin animé sorti en 1998 est aussi et surtout une vraie histoire queer, bien qu’elle ne soit pas énoncée comme telle : Shang ressentait clairement une attirance pour Ping avant que Chi Fu ne l’oute en tant que Mulan devant tout le bataillon.

Seulement, d’après un extrait de casting qui circule sur les réseaux sociaux, l’adaptation en chair et en os de cette fable (inspirée d’une histoire vraie, mais beaucoup moins joyeuse) semble être sur le point de gommer cet aspect-là de l’histoire.

Sur la capture d’écran du casting, juste en-dessous du nom de Mulan, figure celui d’un certain Chen Honghui. Il s’agit d’une simple recrue, et non d’un capitaine de l’armée impériale, et il sera extrêmement compétitif avec le personnage principal. Sa jalousie promet de « se transformer en quelque chose de différent, quelque chose comme de l’amour » une fois qu’il apprendra la vérité au sujet de son camarade, Ping.

Changer le nom d’un personnage et sa situation sociale, à la rigueur, mais gommer l’attachement progressif, et clairement bisexuel, comme celui que nous avons si fortement ressenti en Li Shang est une réécriture hétéro de l’histoire vraiment agaçante. Les fans LGBT+ du dessin animé, et de Disney, dénoncent désormais ce procédé de straightwashing (invisibilisation d’un caractère queer en le ou la rendant hétéro) flagrant, rendu d’autant plus pénible par le fait que le personnage de Chen Houghui renvoie à une image viriliste de « harceleur », de « masculinité toxique ».

D’autres internautes ont profité du débat public pour porter à l’attention générale le fait que l’histoire de Mulan elle-même aurait été réécrite par la Chine, bien avant d’être réinterprétée par le studio de Mickey, car l’héroïne aurait en fait été originaire d’Asie-Centrale, et non chinoise.

La mobilisation sur les réseaux sociaux peut-elle encore modifier le sort ? Il faudra sans doute attendre 2020 pour découvrir les choix de la réalisatrice Niki Caro, qui ne s’est, pour l’heure, pas exprimée sur cette controverse.