Cineffable 2023 : « les jeunes femmes osent plus, créent et bousculent la chape d’invisibilité des réalisatrices »

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Cineffable, ce n'est pas que du cinéma ! Ce festival international, ouvert à toutes les femmes et/ou lesbiennes, dont c'est (déjà) la 35 édition cette année, propose une programmation très riche. Nous en parlons avec une des organisatrices, Marie-Anne, qui a répondu aux questions de Komitid.

Image extraite de « Amazones d'hier, lesbiennes d'aujourd'hui », documentaire de Dominique Bourque, Johanne Coulombe (1957-2021) et Julie Vaillancourt - Photo de Marik Boudreau prise en 1979 sur le tournage de « Amazones d'Hier, Lesbiennes d'Aujourd'hui »
Image extraite de « Amazones d'hier, lesbiennes d'aujourd'hui », documentaire de Dominique Bourque, Johanne Coulombe (1957-2021) et Julie Vaillancourt - Photo de Marik Boudreau prise en 1979 sur le tournage de « Amazones d'Hier, Lesbiennes d'Aujourd'hui »

Cineffable, ce n’est pas que du cinéma ! Ce festival international, ouvert à toutes les femmes et/ou lesbiennes, dont c’est (déjà) la 35 édition cette année, propose une programmation très riche avec de nombreuses expos mais aussi un concert.

Comme chaque année, la liste des films est impressionnante et de très nombreuses cinématographies seront présentées. La preuve que Cineffable est en pleine forme. Nous avons demandé à Marie-Anne, une des organisatrices, de nous parler plus précisément de l’édition 2023, qui débute le 26 octobre.

Komitid : C’est déjà la 35e édition du festival Cineffable. Qu’est-ce qui explique selon vous cette longévité et ce succès ?

Marie-Anne : Je crois que les lesbiennes, et plus généralement les personnes LGBTQIA+, ont besoin de trouver dans les expressions artistiques des représentations d’elles-mêmes. En effet, comment se construire si l’on ne se voit pas, si l’on n’a pas de modèles (qu’ils soient fictionnels ou issus de la vie réelle) auxquels s’identifier ? Cineffable, à travers les films présentés, les expositions de plasticiennes, les débats organisés répond à ce besoin. C’était vrai en 1989 lorsque Cineffable a débuté et qu’il y avait peu de représentations valorisantes de personnages LGBTQIA+ mais ça reste vrai aujourd’hui car s’il y a beaucoup plus de personnages LGBT dans les romans, les films, les séries, ce sont beaucoup de productions mainstream avec souvent des corps jeunes, beaux, assez peu diversifiés, peu racisés. A Cineffable nous présentons des œuvres créées par des femmes et/ou des lesbiennes. Cela permet une plus grande diversité de représentations et encore une fois cela aide chacune à trouver son propre reflet.

Par ailleurs, l’espace de convivialité qu’est Cineffable, son bar, sa restauration, permet de vivre une sororité chaleureuse, que ce soit des retrouvailles entre copines ou des rencontres de nouvelles personnes. Et ça on ne peut pas vivre cela avec le streaming et les films ou séries lgbt visionnés depuis son canapé !

« L’espace de convivialité qu’est Cineffable, son bar, sa restauration, permet de vivre une sororité chaleureuse, que ce soit des retrouvailles entre copines ou des rencontres de nouvelles personnes »

Qu’est-ce qui a sensiblement évolué ces dernières années dans la cinématographie lesbienne et féministe ?

Incontestablement il y a eu un avant et un après The L Word pour ce qui est de la production cinématographique ou sérielle sur des lesbiennes. Il y a plus de budget alloué (même si ce sont des productions fragiles) et cela permet plus de films mainstream. Par ailleurs, les mœurs ont quand même évolué et la représentation de personnages LGBTQIA+ a quand même été facilitée. Les smartphones ont démocratisé l’accès à des outils de création. C’est plus facile de franchir le pas pour une jeune réal. De ce fait, la production a énormément grossi au cours des 10 dernières années. Côté production féministe, #meetoo, le concept de female gaze, et encore une fois l’essor des smartphones favorisent la réappropriation par les jeunes générations de la parole, de l’acte de création. Même si cela reste difficile, je crois que les jeunes femmes osent plus, créent et bousculent la chape d’invisibilité des réalisatrices.

Quels vont être les temps forts du festival cette année ?

Il y a toujours à Cineffable un mélange de légèreté et de thématique plus sérieuse. Cela se retrouve dans la programmation avec le vendredi soir la mythique séance de courts métrage “Hallogouine”, le film romantique du samedi soir La Amiga de mi amiga qui raconte l’histoire de trentenaires qui se croisent et se décroisent à Barcelone, le concert d’ouverture du Cabaret des dessous lesbiens, hyper pêchu. On a également des documentaires qui retracent l’histoires des LGBT à travers le monde avec par exemple Amazones d’hier, lesbiennes d’aujourd’hui, 40 ans plus tard documentaire canadien ou Home Ground qui retrace l’histoire du 1er bar lesbien de Corée nommé LesVos.

Et puis cette année nous fêtons les 35 ans de Cineffable et la réalisatrice Chriss Lag nous a fait l’immense honneur de réaliser un documentaire sur l’histoire de Cineffable, ce que représente Cineffable, à quoi sert un festival comme cela. Le film sera présenté en avant-première dimanche après-midi et cela sera sans doute très émouvant !

Cineffable, Festival international du film lesbien et féministe de Paris, quand les lesbiennes se font du cinéma, du 26 au 29 octobre. Plus d’infos ici.

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