Out d'Or 2023 : une cérémonie festive et politique pour récompenser les productions et personnalités LGBTQ+ de l'année

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Au palmarès des Out d'Or 2023 : des drag queens, un podcast lesbien, une série intersexe et des prises de positions à foison !

PhotoPhoto réunissant les lauréat·es et remettant·es des Out d'Or 2023 réunissant les lauré·tes et remettant·tes des Out d'Or 2023
Photo réunissant les lauréat·es et remettant·es des Out d'Or 2023

Ce dimanche 18 juin, se tenait la cérémonie annuelle des Out d’Or, qui récompense les productions artistiques ou journalistiques et les personnalités LGBTQI+ de l’année. Organisée par l’AJL (Association des Journalistes LGBT+) qui fête ses 10 ans, la soirée était présentée par La Briochée, ancienne candidate de Drag Race France, et la journaliste Linh-Lan Dao. Sept catégories, une pluie de discours engagés, beaucoup de rires et enfin un numéro musical pour clôturer une belle et importante soirée colorée !

Un palmarès riche pour mettre en avant la diversité des récits LGBTI+

Remis par des membres du collectif Les Inverties, le prix de la « Révolution Numérique » a été décerné à Hugo Spini pour son compte Instagram Whereverhugo, où il analyse l’histoire de l’art et des expositions en tout genre sous un œil amusé, kinky et queer : « Merci aux artistes, curateur·ices, chercher·euses, et tous les autres professionnel·les de la culture qui produisent de nouvelles narrations queer ».

Pour ses deux articles sur la transphobie ambiante au Royaume-Uni et ses conséquences sur les concerné·es, le journaliste anglais Ben Hunte se voit remettre le prix de la « Presse Étrangère ».  « On me demande souvent pourquoi je couvre autant les questions trans. À cela je réponds : Pourquoi est-ce que nous sommes si peu à les couvrir ? », déclare t-il sur scène.

Le prix du « Coup d’éclat éditorial » a été attribué à la journaliste Ariane Chemin pour son très beau « Les années clandestines », à lire sur Le Monde : une série de cinq articles qui reviennent sur les années 1960-1970, quand l’homosexualité était encore un délit puni par la loi en France. Le prix du « Meilleur Documentaire » est, quant à lui, allé au podcast « Voyage au Gouinistan », dans lequel les journalistes en couple Christine Gonzalez et Aurélie Cuttat nous plonge dans le monde des lesbiennes, leur culture et leur histoire.

Pour la catégorie « Coup d’éclat artistique », où étaient nommés le superbe film Le Paradis de Zeno Graton, la magnifique exposition photo de Zanele Muholi, ou encore la très belle bande dessinée S’il suffisait qu’on s’aime de Daphné et Julie Guillot, c’est la puissante série Chair Tendre qui s’est distinguée. La créatrice Yaël Langmann et son actrice Daphnée Bürki sont montées sur scène pour recevoir le prix qui récompense cette poignante série adolescente sur une jeune personne intersexe et le combat qui l’anime (disponible sur France TV).

L’avant-dernier prix de la soirée, celui du « Meilleur Reportage », a été décerné à la journaliste de 20 Minutes Sélène Agapé, pour son enquête sur les personnes LGBTQIA+ aux Antilles dix ans après le Mariage Pour Tous.

Enfin, le prix de la personnalité LGBTI+ de l’année, le seul attribué par le public, a été remis à la première reine de France : Paloma, gagnante de Drag Race France saison 1 ! Malheureusement absente lors de la cérémonie, c’est sa collègue La Briochée qui a réceptionné le trophée : « Je suis fière de Paloma, car elle donne à notre discours de la visibilité avec tellement de justesse. Il était temps qu’on ait des drag queens stars ici, en France ! »

Des discours engagés

Cette soirée était avant tout le moment idéal pour prendre la parole et dénoncer la situation dramatique dans laquelle se trouve la communauté LGBTQI+ à travers le monde. Lauréat·es, remettant·es et présentatrices ont donc enchainé les prises de parole.

En tant que drag queen et femme trans, La Briochée a tenu à revenir sur la « transphobie galopante » de certains médias, ainsi que sur la panique morale qu’ils véhiculent : « Nous, les personnes trans, nous ne sommes pas là pour remplacer les personnes cis, nous ne sommes pas là pour remplacer les femmes, ni pour transformer le reste du monde. Nous sommes là pour vivre heureux, avec les même droits que tout le monde, […] et avoir les pleins pouvoirs sur nos vies. Malheureusement, l’énergie autrefois déployée pour combattre les droits des homos, se rabat aujourd’hui sur les droits des trans. […] Nous n’avons pas à payer le prix de vos frustrations, de vos jalousies, ou de votre haine. Car c’est parce que nous sommes un miroir, que certains n’arrivent pas à nous regarder en face ».

Énora Malagré, alliée de la première heure et ancienne chroniqueuse télé, a elle aussi pris la parole alors qu’elle remettait le prix du « Meilleur Documentaire »  : « Le quotidien de la communauté LGBTQ+ est menacé chaque jour par cet obscurantisme brutal qui se répand en France comme une vieille lèpre nauséabonde. Je crois que le vaccin c’est vous, votre force, votre fierté, votre capacité à vous raconter, à faire famille, à nous apprendre à faire société. Vous nous garantissez la connaissance, alors merci de vous battre pour cette nouvelle société. L’accouchement est dur, mais le bébé se portera bien, et nous on est avec vous ! »

Enfin, autre discours dont on se souviendra longtemps, celui de Florent Manelli, illustrateur et auteur, qui a souhaité avoir une pensée pour celles et ceux qui nous ont quittés : « Je pense à ces vieux LGBT+ que plus grand monde ne regarde, à ces artistes et ces auteur·istes qui nous ont été enlevé.e.s par l’épidémie du sida, les meurtres et les suicides, et qui auraient pu recevoir ces récompenses. L’occasion aussi de rappeler que si nous pouvons remettre ces prix ce soir, c’est parce que ces personnes, et d’autres, ont battu le pavé avant nous et ont crée les espaces dans lesquels nous pouvons nous mouvoir, nous exprimer, ou tout simplement respirer ».

La cérémonie en intégralité est à retrouver en replay sur le site des Out d’Or.