Zeno Graton, réalisateur de « Le Paradis » : « Je voulais faire un film qui ne s'excuse pas »

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À l'occasion de la sortie de son magnifique premier film « Le Paradis », Komitid a rencontré Zeno Graton pour discuter de ses envies de cinéma, de poésie arabe et de représentation queer.

Zeno Graton
Zeno Graton

Dans un mois de mai assez calme côté cinéma, Festival de Cannes oblige, le tout premier film du belge Zeno Graton, joliment titré Le Paradis, apparaît comme un phare dans la nuit, éclairant les salles obscures de son éclatante virtuosité. Présenté au dernier Festival de Berlin, où il a fait l’unanimité, le film met en scène les excellents Khalil Gharbia (Peter Von Kant, SKAM) et Julien de Saint-Jean (Arrête avec tes mensonges), qui mettent chacun à profit un jeu physique et organique que les plus grands acteurs pourraient leur jalouser.

Interné dans un centre de détention pour mineurs, Joe prépare sa sortie prochaine et le début d’une nouvelle vie. Mais, alors que sa liberté est bientôt retrouvée, arrive William, nouveau pensionnaire du centre rempli de mystères.

Commence alors une exaltante histoire d’amour comme on en voit encore peu au cinéma, où Zeno Graton conjugue la poésie homoérotique et emprisonnée de Jean Genet à la passion enflammée shakespearienne. Un mélange riche et unique donnant naissance à un splendide cri amoureux, romanesque et politique, véritable coup de projecteur sur ces établissements marginalisés où se construisent de jeunes garçons stigmatisés, que le réalisateur traite avec humanité et intelligence.

Avec Le Paradis, figure de proue d’un souffle nouveau dans le cinéma queer international, Zeno Graton signe l’un des plus beaux films de l’année et s’offre un début de carrière fulgurant, qui ne laisse présager que du bon quant à ses futurs projets.

Récemment nommé jury de la Queer Palm, Zeno Graton a bien voulu s’entretenir avec Komitid pour parler avec passion de ses envies de cinéma, des figures LGBT+ qui l’inspirent et de l’aspect politique de son film.

Komitid : D’où vous est venu le besoin de raconter l’histoire du « Paradis » ?

Zeno Graton  : D’abord il y a eu mon cousin qui, quand j’étais ado, a été placé plusieurs fois dans des IPPJ (Institution Publique de Protection de la Jeunesse, ndlr). À l’époque ça m’a vraiment permis de visualiser le cortège d’opinions assez méprisant des membres de ma famille et aussi la dysfonctionnalité de ces endroits. C’est quelque chose qui ne lui avait pas du tout fait du bien, ça ne marchait vraiment pas, et j’ai pu développer un certain regard critique sur ces lieux. Puis le désir d’en parler, d’en parler d’une manière différente, de donner à voir ces lieux qui sont vachement en marge, complètement invisibilisés de la société, est né. Il y a eu ma rencontre avec Jean Genet, un auteur français des années 40 qui a beaucoup écrit sur l’amour en prison, et qui à côté de ça a aussi une sorte de pratique militante vraiment très puissante. Chez Genet, déjà dans les années 40-50, la question de l’homosexualité n’en est pas une, c’est à dire qu’il parle de gens qui s’aiment et de manière très belle. Cette littérature m’a véritablement construit, en tant qu’homme, qu’homme désirant, en tant qu’homme queer… Mon idée était de faire un film qui ne s’excuse pas, qui ne soit pas le récit du dépassement de la honte, que j’avais l’impression d’avoir déjà un peu trop entendu. Je voulais participer à l’élan d’une certaine jeunesse qui est beaucoup plus fluide, pour qui ces questions-là ne sont plus du tout au centre de sa vie.

Donc le fait de ne pas laisser de place à l’homophobie dans le film était quelque chose d’intentionnel ?

Oui c’était très important pour moi de montrer de la tendresse entre eux deux, et que cette tendresse rayonne sur le groupe, le collectif, et qu’on parle à la fois d’une histoire d’amour et d’une histoire collective, de la création d’une famille de marginaux. Pour ce qui est de la question de l’homophobie, après deux immersions d’un mois environ dans des IPPJ, je me suis rendu compte que c’était pas ça leur problème. On m’a dit que certains avaient des histoires d’amour, que des choses se passaient, mais leurs préoccupations étaient autres. Ils m’ont beaucoup plus parlé de leurs problèmes liés à la réinsertion, du fait que les écoles ne les prenaient pas, que les éducateurs les emmerdaient, qu’ils ne voyaient plus leurs familles… Et en fait c’était vraiment quelque chose qui était relégué au troisième plan ! Moi qui avait 10-15 ans de plus qu’eux à l’époque, j’ai été ébloui par cette nouvelle génération pour qui cette question n’est plus centrale comme elle l’était pour la mienne ou celles d’avant. Donc il y avait vraiment un désir, grâce au cinéma, de normaliser la tolérance d’une certaine manière, et ça devient donc de fait un projet politique. Et ça m’a plu d’être légèrement utopique, pour emmener le spectateur vers la suite et lui montrer surtout des modèles. L’écriture du personnage de Joe s’est faite de la même manière.

Ça passait donc aussi par le traitement des origines de Joe ?

Moi je suis à moitié tunisien et c’était très important pour moi de parler d’un personnage qui puisse porter ça en lui sans que ce soit un sujet. Je voulais essayer de décloisonner le cinéma dans ce qu’il a parfois d’enfermant. Je vois de temps en temps dans le cinéma contemporain des diktats, surtout en France, où dès qu’un personnage est maghrébin il va y avoir un cortège de clichés qui vont suivre. J’avais envie de créer un personnage sujet, qu’il ne soit pas objet d’exotisation ou de victimisation. Il fallait qu’il soit moteur de sa vie, que ce soit lui qui aille vers son désir, qu’il n’en ait pas peur, et qu’il soit fier d’où il vient. On l’a fait exister beaucoup par la musique, une manière pour moi de rendre puissamment visible et audible d’où il venait. Je voulais vraiment parler de fierté et c’est comme ça qu’on a travaillé avec Bachar Mar Khalifé, un auteur-compositeur libanais. C’est quelqu’un que j’écoutais depuis longtemps, j’étais déjà allé le voir en concert, et il a rapidement dit oui pour travailler sur le film. C’est quelqu’un qui a vraiment compris le projet du film.

« Réconcilier homosexualité et arabité, et ne pas antagoniser ces deux concepts »

Vous assumez donc votre film comme un acte militant et politique ?

Oui totalement. Le regard que j’avais envie de poser sur ces lieux étatiques il est politique parce que pour moi ils sont dysfonctionnels et que j’en fais la critique sociale. Je voulais parler de l’impuissance de ces institutions tout en représentant des éducateurs et éducatrices à l’intérieur qui se donnent à 100 %. Les humains qu’on voit se battre à l’écran ont envie que ces jeunes se réinsèrent. Il fallait surtout éviter le cliché du maton malveillant, parce que pour moi l’ennemi il est structurel, c’est la manière dont la prison est construite, dont on a pensé la justice comme une mise au ban de la société. C’est là que se pose la question politique de la responsabilité. Pour ce qui des mineurs, je suis assez clair là-dessus : la responsabilité d’un mineur par rapport à ses faits est en grande partie collective et systémique. La prise en charge doit être beaucoup moins punitive et beaucoup plus réparatrice. C’est quelque chose qui existe en Hollande ou au Québec d’ailleurs. Il y a eu des réformes ces 10 dernières années et ces lieux n’existent plus comme ils existaient avant, les mineurs sont pris en charge de manière très différente. En Belgique comme en France ce sont encore des lieux qui les enferment et les isolent. En France c’est même pire parce que le quartier des mineurs est collé aux prisons. Tu rentres par les mêmes portes, ils ne se voient pas, mais c’est un quartier différent. Mais le signe que tu envoies à l’enfant reste assez violent, c’est celle de la porte d’à côté.

Et la musique justement, faites par Bachar Mar Khalifé, prend souvent toute son ampleur dans des moments intimes et corporels. C’était une façon de vous la ré-approprier ?

En fait je suis très inspiré par le travail de Rûmî, un poète persan du Moyen-Âge, qui a beaucoup écrit sur ce qui est à l’origine d’une branche de l’Islam qui s’appelle le soufisme. C’est une branche de la religion qui raconte que la connexion à Dieu se fait par le corps et la danse. C’est les derviches tourneurs qui tournent sur eux-mêmes et qui, en dansant comme ça entrent dans un état de transe, ce qui permet d’accéder au divin. Et Rûmî a donc écrit beaucoup de texte très sensuels, très liés au corps. Et il y a énormément de rumeurs, de plus en plus avérées, qui disent que toutes ces lettres qu’il écrivait à Dieu en parlant d’amour il les écrivait en fait à un autre homme. Donc un des fondements des branches de l’Islam serait lié à une histoire homosexuelle. Alors évidemment c’est quelque chose qui est complètement réfutée par tout un tas de personnes, mais la figure de Rûmî a été beaucoup récupérée dans les pays du Maghreb, notamment en Turquie et en Iran, pour réconcilier homosexualité et arabité et ne pas antagoniser ces deux concepts. Moi c’est quelqu’un qui m’a construit en tant que personne, donc pour ces musiques je l’ai un peu appelé. J’ai donné beaucoup de ses poèmes à Bachar Mar Khalifé pour qu’il s’en inspire. Il y a notamment une scène à la fin avec un poème de Rûmî que Bachar a mis en musique.

Vous donnez aussi très peu d’informations sur leur passé et les raisons de leur internement. Pourquoi ?

Parce que ces jeunes ne sont dans la réalité visibilisés qu’à partir du prisme de leurs faits. Ça participe à reproduire la déshumanisation dont ils sont constamment victimes. Moi ce qui m’importait c’était de les humaniser, et ça commençait par les définir et les caractériser cinématographiquement par autre chose que leurs faits. Je voulais pas en faire tout un étalage. Joe on apprend les raisons de son internement au milieu du film et j’avais envie aussi que les faits qu’il a commis soient liés à cette responsabilité collective de l’État, et en l’occurrence un racisme institutionnel.

Les deux acteurs principaux, Khalil Gharbia et Julien de Saint-Jean, qu’on avait déjà vu précédemment dans des films gays comme « Peter Von Kant » et « Arrête avec tes mensonges », comment les avez-vous trouvés ?

Pour Julien ça a vraiment été une évidence, il avait vraiment très envie du personnage. Je pense qu’il a senti qu’il avait quelque chose à défendre aussi, politiquement. On l’a gardé donc pour faire passer les casting des candidats au rôle de Joe. Ça a permis de tester l’alchimie entre les deux, et quand Khalil est arrivé c’était aussi une évidence. C’est un garçon ultra-intelligent, hyper talentueux, c’est un grand acteur. Il a un imaginaire très riche, notamment au niveau de sa masculinité. C’est quelqu’un qui a une masculinité que j’appellerais alternative, dans le sens où ses idoles sont David Bowie, Jim Morrisson et Kurt Cobain… Donc j’ai tout de suite senti qu’avec lui on allait pouvoir travailler sur ces codes, et pour moi c’était vraiment hyper important dans le projet de donner à voir des garçons sensibles et solidaires, capables de tendresse les uns avec les autres. J’ai senti qu’il avait ça naturellement en lui. Je les ai emmenés une journée dans un vrai centre de détention pour qu’ils puissent rencontrer des détenus et discuter avec eux de manière calme, pour qu’ils s’inspirent. Puis on a fait énormément de répétitions avec tout le casting pour qu’il puissent tous créer des liens. Ce sont des lieux où ils vivent 24h/24 ensemble, les uns sur les autres, donc il fallait vraiment créer un sentiment de troupe avant de commencer le tournage.

« Si tu es out dans le milieu du cinéma ça devient très compliqué »

Et sur le débat sur les personnes hétéros et cis qui interprètent des personnages homo et trans, vous vous placez comment ? Vous vous êtes posé la question en préparant le film ?

Comme on travaillait avec des mineurs, c’était assez compliqué d’entrer dans cette partie-là de leur intimité. Donc ce qui s’est passé c’est que moi je leur posais énormément de questions sur la manière dont ils envisageaient de jouer ça, de comment ils se sentaient par rapport à ces rôles… Pour le personnage de Joe c’est encore autre chose. Comme on est toujours dans une industrie cinématographique hyper discriminante, je pense que c’est très compliqué aujourd’hui pour une personne maghrébine d’accepter un rôle queer. Mais c’est en ce sens que Khalil est visionnaire, il a compris très vite que c’est pas ça qui allait lui bloquer des portes. Il avait fait des séries, SKAM et Les 7 Vies de Léa, où il est un sex symbol, et il a compris comme ça qu’il pouvait jouer des deux côtés sans problème. En ce qui me concerne, je pense que c’est très important politiquement pour les questions trans et qu’il n’y a aucun discussion. Je suis assez radical là-dessus, d’autant plus après avoir vu le film de Paul B. Preciado et le documentaire Disclosure sur Netflix. Pour ce qui est des personnages homosexuels, pour des personnages mineurs, je ne me sentais pas de leur demander, ça me semblait impossible d’en faire une condition. Après si je refais un film avec des personnages queers majeurs je pense que j’y serais plus attentif. J’avais adoré quand Robin Campillo, pour 120 battements par minute, avait assumé vouloir caster des personnes queers pour des rôles queers. Il disait qu’il y  avait un habitus, une manière d’être queer, qui ne pouvait pas s’apprendre dans les écoles. Et je crois très fort à ça. D’autant plus que les rôles queers sont joués par des cishétéros et que les acteur·ices queers se voient refuser les rôles d’hétéros parce que soi-disant ils ont un habitus qui est trop queer. Donc d’un côté ou de l’autre, si tu est out dans le milieu du cinéma ça devient très compliqué. Mais je pense que les choses sont vraiment en train de changer et j’espère que ce film pourra participer à ce changement.

Le personnage de William, joué par Julien de Saint-Jean, a pour passion le dessin. Vous donnez à voir de magnifiques œuvres très organiques qu’il peint sur ses murs et sur des feuilles. C’était important pour vous ?

Celui qui fait ces dessins est un ami illustrateur qui vit à Bruxelles et qui s’appelle Créons. Il est grapheur à la base et il a tout un travail de dessins plus alternatifs, donc c’était une évidence de lui proposer. Il travaille beaucoup avec les animaux et moi dès le scénario j’y pensais beaucoup. William l’a rencontré, Créons lui a appris à dessiner certains trucs. Ça rentrait dans mon idée de vouloir rendre ces jeunes talentueux, que leur expression passe aussi par l’art. Joe fait du rap et danse, tandis que William dessine.

Pour vous qui avez commencé en faisant une formation de chef-opérateur, quelle était votre approche plastique pour le film ?

Grâce à cette formation en image, je pense que ma porte d’entrée vers le cinéma est très liée au cadre, à la lumière, et à comment la forme raconte une histoire. J’avais donc très envie avec mon chef-opérateur Olivier Boonjing, qui est super talentueux, que la forme raconte le romanesque. D’être dans quelque chose de très lyrique, très coloré, plein de mouvements, pour tout de suite coder le film auprès du spectateur comme une histoire d’amour. C’est pas une critique sociale de l’enferment, pas un film social tout court, mais un film romanesque. Et on voulait l’imprimer par les travellings, le cinema scope, une forme de chose très aérée, on a beaucoup réfléchi à comment accompagner ces personnages qui sont souvent en train de courir, comment raconter l’enfermement et la docilité par des choses très construites au niveau des cadres… On  a pu avoir le lieu assez vite donc on a pu découper à l’intérieur en avance, ce qui est souvent un luxe au cinéma, où généralement tu découvres sur le tas sans avoir trop le temps. Un des films qui m’avait vraiment inspiré pour ça c’est Happy Together de Wong Kar-Wai, un film hyper lyrique, coloré et émotionnel.

En tant que jeune cinéaste queer, est-ce que vous gardez un œil sur le cinéma LGBT actuel ?

À fond ! Là ma grande claque récente a été le nouveau film de Paul B. Preciado, Orlando ma biographie politique (au cinéma prochainement, ndlr). La première a eu lieu à Berlin et j’y ai vu Preciado en parler avec tous·tes ses acteur·ices trans qui pleuraient… Paul Preciado c’est quelqu’un d’hyper inspirant parce qu’à la base il est philosophe, et là il a réussi à ramener de la pensée et du cinéma dans son film. Il a une vision tellement rafraichissante. Il disait ne pas du tout se reconnaître dans les films représentant des personnages trans parce que c’était toujours des récits d’oppressions. Et lui voulait en faire un récit d’émancipation. Donc je pense que les films queer qui m’intéressent aujourd’hui c’est ceux qui me parlent d’émancipation sous toutes ses formes et qui ne perpétuent plus le regard oppressif inconscient de la société, une espèce d’homophobie ordinaire. C’est le dernier film qui m’a vraiment bouleversé.

« Si j’avais vu des personnages queers, maghrébins ou pas, ça m’aurait permis d’avoir plus de force pour casser les miennes »

L’idée était-elle aussi de faire le film que vous auriez aimé voir quand vous étiez plus jeune ?

Oui carrément ! Je pense que ce que j’ai vu étant plus jeune ce sont des récits qui me racontent que l’homosexualité est un problème qu’il va falloir combattre et que ça va être très difficile. Même si ce récit est sans doute encore d’actualité aujourd’hui, le pouvoir du cinéma c’est de créer un imaginaire qui puisse emmener le spectateur vers d’autres pistes d’actions. Et je pense que si j’avais vu des personnages queers, maghrébins ou pas, qui n’ont aucune barrière intérieure par rapport à leurs désirs, ça m’aurait permis d’avoir plus de force pour casser les miennes. J’aurais adoré que ce soit normalisé et que des films comme ça sortent dans des cinémas complètement mainstream, ne soient pas cantonnés à des festivals uniquement gays… Mais c’est ce qui est en train de se passer actuellement. Puis je voulais vraiment que le public puisse s’identifier à un couple gay. Le sujet de conflit c’est leur enfermement et eux deux. S’aimer ça apporte du conflit et c’est ça aussi qui est frustrant en tant que spectateur en étant jeune. Qu’est-ce qui se passe après le coming-out qu’on nous sert dans tous les films gays ? Moi j’ai eu beaucoup plus de problèmes après mon coming-out en étant en relation avec des garçons. Je ressentais des intensités émotionnelles tellement puissantes que je ne comprenais pas. Je n’avais aucun modèle, on ne m’avait jamais expliqué comment c’était d’aimer, d’être en relation avec quelqu’un. Je voulais que le conflit soit aussi lié au mensonge, à la trahison, à leur intériorité, ce qui m’excitait beaucoup plus cinématographiquement parlant.

Le film a été montré à Berlin pour la première fois et sort quelques mois après en France et Belgique. Comment était-ce pour vous, un jeune cinéaste qui débute, de montrer votre film au public ?

Berlin c’était un rêve pour moi, une grande joie. J’étais surtout trop content de pouvoir emmener les jeunes avec moi. Je suis parti avec tous les sept et mes producteurs. C’était une aventure vraiment trop chouette. Puis c’est un festival où il y a énormément de public à Berlin, ce qui est assez différent de Cannes et Venise. Donc passé la phase du stress qui est évidente, c’était super plaisant de rencontrer un vrai public qui ne soit pas un public de journalistes. Et depuis Berlin j’ai pas arrêté ! Il y a plein de festivals, d’avant-premières, et je suis particulièrement heureux de voir que la jeunesse aime beaucoup le film. C’était pas nécessairement le public qu’on pensait le plus acquis, et c’est celui qui est le plus à fond et nous a même fait rediriger un peu notre communication. Je suis très heureux que la jeunesse se mobilise pour ce film qui est à la fois politique et qui ne s’excuse pas. On le voit avec la réforme des retraites, la mobilisation de la jeunesse n’est pas négligeable et elle est très éclairée. Elle sait ce qu’elle veut, et ce film est aussi pour eux.

Vous avez déjà d’autres projets ?

Je vais me remettre à écrire tout doucement, j’ai toujours des projets dans les tiroirs. L’aspect combattif des personnages du film c’est quelque chose qui m’a énormément nourri et que je vais entretenir. Les personnages pour lesquels j’ai le plus d’empathie c’est ceux qui se battent.