Les éditions la ville brûle publie un livre d'images pour enfants pas comme les autres

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« L'Imagier » publié aux éditions la ville brûle ne ressemble à aucun autre. Pour en parler, Komitid dialogue avec ses deux autrices talentueuses, Emilie Chazerand pour les textes et Anna Wanda Gogusey, pour les illustrations.

« L'Imagier », d'Emilie Chazerand (textes) et de Anna Wanda Gogusey (illustrations), éditions la ville brûle

Dans sa forme habituelle, un imagier, destiné aux enfants, fait défiler des animaux, des objets de la vie courante et des situations familiales traditionnelles.
L’Imagier publié aux éditions la ville brûle ne ressemble à aucun autre. Au fil des pages, on découvre des définitions ancrées dans leur époque, avec des références notamment aux familles homoparentales et recomposées ou aux manifestations de rue. Le drapeau LGBT s’est aussi glissé dans les pages de ce livre d’images original. Pour en parler, Komitid dialogue avec ses deux autrices talentueuses, Emilie Chazerand (textes) et Anna Wanda Gogusey (illustrations).

Komitid : L’imagier est un « genre » de livres pour enfants assez cadré. Qu’est-ce qui vous a intéressé dans ce travail ?

Anna Wanda Gogusey : L’idée était de sortir du cadre, et d’utiliser le principe vu et revu de l’imagier pour le situer dans le monde réel, avec des thèmes et une diversité qui nous tenaient à cœur. On voulait casser ces images de livres pour enfants de gens qui mangent des pique-niques dans des paniers en osier sur des nappes à carreaux et qui ramassent des bouquets de fleurs dans des champs avec des vaches toutes propres. Ça n’existe pas.

« L’idée était de sortir du cadre, et d’utiliser le principe vu et revu de l’imagier pour le situer dans le monde réel »

Emilie Chazerand : Effectivement, je ne vous cache pas que lorsque Marianne Zuzula, la merveilleuse éditrice de la ville brûle, a parlé de ce projet, je ne savais pas encore quelle place y prendre. D’ordinaire, les imagiers sont des livres qui n’ont pas besoin d’auteur·ice : dessin de pomme, mot « pomme » et hop, c’est plié. Mais elle voulait un imagier moderne, audacieux, avec de l’humour et du sens, de la poésie mordante. Elle ne souhaitait pas un simple catalogue. Je n’avais jamais fait ça, bien sûr, et j’aime énormément aller m’amuser sur des aires de jeux que je ne connais pas encore, et tordre les contraintes pour voir ce que je peux en faire. Et puis Marianne m’a tout de suite dit qu’Anna serait à l’image donc je ne pouvais qu’accepter le projet, avec gratitude et enthousiasme, qui plus est ! J’ai adoré, tout du long.

Comment avez-vous sélectionner les mots ?

Anna Wanda Gogusey : La sélection de mots a été faite par Émilie et l’éditrice, mais je n’ai rien trouvé à y redire 🙂

Emilie Chazerand : Marianne avait établi une liste de mots, j’en ai proposé d’autres. On a dû en éliminer des tas et des tas : il y aurait eu de quoi faire deux imagiers, voire trois… On a essayé de garder les plus significatifs, les moins conventionnels, aussi, peut-être. Certaines notions, très simples et assez banales, ne sont pas forcément expliquées aux enfants dans la plupart des imagiers, comme l’amour, le corps, la fatigue… Sans parler de celles du consentement et de l’inclusivité qui sont ici présentes dans le texte comme dans les illustrations. Je pense que cet imagier complète parfaitement les autres, en fait.

Comment avez-vous travaillé durant cette collaboration ?

Anna Wanda Gogusey : On a plutôt travaillé chacune de notre côté, Émilie a d’abord écrit les textes et à partir de là j’ai fait le travail d’illustration. Ses mots et mes dessins se répondent plutôt bien, comme si on avait tout fait ensemble, mais c’était vraiment un travail en deux temps. Je pense qu’on a la même vision et le même humour. Donc ça fonctionne bien.

Emilie Chazerand : J’ai eu des échanges avec Marianne, sur le choix des mots, la formulation de certaines définitions, la reformulation parfois. Idem pour la construction du livre en lui-même, en essayant d’associer les définitions qui se répondent, se ressemblent, se suivent. Pour que ça se tienne, tout ça. Que ce soit cohérent. Cette partie était assez rapide, parce qu’on était passionnées par le projet, tout simplement ! C’était un ping-pong très enrichissant et doux, bienveillant. Un vrai travail d’équipe. J’ai reçu les illustrations d’Anna par la suite : généralement, je ne veux pas du tout interférer avec le processus créatif de l’illustrateur·ice. Non seulement je ne suis pas compétente en cela mais, en plus, j’adore découvrir les images. C’est comme déballer un cadeau : parfois, ce n’est pas ce qu’on imaginait et on est un peu déçu. Parfois, c’est au-delà de ce qu’on espérait et on est quasi euphorique. Anna est totalement euphorisante : ses images m’ont bouleversée et je serais étonnée d’être la seule…

L’Imagier, d’Emilie Chazerand (textes) et de Anna Wanda Gogusey (illustrations), éditions la ville brûle, 96 p., 16 €.

Couverture de « L'Imagier » aux éditions la ville brûle

Couverture de « L’Imagier » aux éditions la ville brûle