Oscars 2023 : une cérémonie sage qui récompense des artistes allié·es et leurs récits queer

Publié le

Le palmarès des Oscars est enfin dévoilé, faisant la part belle aux récits queer d'allié·es et à leurs discours touchants.

Statuettes des Oscars - Faheem Salimullah / Shutterstock
Statuettes des Oscars - Faheem Salimullah / Shutterstock

Cette année, l’heure est à la consolation ! Les votants des Oscars ont souhaité remettre des prix symboliques à des vétérans d’Hollywood, souvent méprisés et malmenés par l’industrie. Ainsi, pour son rôle de père obèse et gay dans The Whale, Brendan Fraser s’est vu remettre la statuette du Meilleur Acteur. Comédien phare de comédies et de films d’actions populaires du début des années 2000, il signe avec ce film son grand retour après des années de retrait des plateaux. Le traumatisme de son agression sexuelle par l’un des pontes d’Hollywood, Philipp Berk, avait eu raison de sa santé mentale et de sa carrière pendant près de vingt années. Si son film a largement divisé, sa performance n’a cessée d’être saluée à travers le monde.

Pour les prix des rôles secondaires, l’idée est la même : Jamie Lee Curtis et Ke Huy Quan, au casting d’Everything Everywhere All At Once, sont tou·tes deux reparti·es avec un Oscar. La première est une figure iconique du cinéma d’horreur pour son rôle légendaire de Laurie Strode dans la saga Halloween. Tout au long de sa carrière, elle n’a eu de cesse de parler du mépris auquel elle a dû faire face en tant que femme dans le cinéma de genre, sans cesse ramenée à un rôle qui lui collait à la peau. Lors de son discours à la presse après avoir gagné, en réponse à une question sur les catégories genrées dans les cérémonies de prix, elle n’a pas manqué de rappeler son envie d’ouvrir un dialogue sur le sujet, ainsi que sa fierté d’être la mère d’une jeune fille trans.

Ke Huy Quan est très certainement celui qui revient du plus loin. Son tout premier rôle au cinéma, il le doit à Steven Spielberg dans le second volet des aventures d’Indiana Jones. Alors âgé de 23 ans, il y interprétait le rôle du jeune Demi-Lune. Depuis, hormis quelques rôles dans d’obscures séries télévisées, Quan a été relativement absent devant la caméra. Une absence qu’il explique par la pauvreté des rôles qu’on lui proposait en tant qu’acteur asiatique. Un retour au cinéma on ne peut plus remarqué donc.

Enfin, et toujours pour Everything Everywhere All At Once (sept Oscars en tout), c’est Michelle Yeoh qui s’est vu couronnée de l’Oscar de la Meilleure Actrice. Dans le rôle d’une mère pleine de regrets, dépassée par sa relation avec sa fille lesbienne, jouée par Stephanie Hsu (la première actrice queer à être nommée pour un rôle queer, mais aussi la seule du casting à ne pas avoir été récompensée), Michelle Yeoh a fait l’unanimité face à la favorite de la catégorie, à savoir Cate Blanchett pour Tar.

Après avoir reçu l’Oscar de la Meilleure Réalisation, l’un des réalisateurs du film, Daniel Scheinert, a quant à lui tenu à remercier ses parents avec humour : « Merci à ma mère et mon père qui m’ont laissé m’habiller en drag quand j’étais petit. Ce qui n’est une menace pour absolument personne ». Une phrase qui, même si assez fugace, fait du bien dans ce climat anxiogène où les drag queens sont devenues, en France comme aux États-Unis, les premières cibles de l’extrême droite.

Pour ce qui est du reste des récompenses, le film de guerre allemand À l’Ouest rien de nouveau, le Pinocchio de Guillermo Del Toro et le somptueux Women Talking de Sarah Polley, se partagent les miettes d’une cérémonie sans scandales ni polémiques. D’autres films comme The Fabelmans, Les Banshees d’Inisherin ou encore Tar sont repartis bredouilles.