Des affiches de l'exposition consacrée à l'artiste non binaire Zanele Muholi vandalisées dans le métro parisien

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Simon Baker, le directeur de la Maison européenne de la photographie, où se tient l'expo consacrée à l'artiste Zanele Muholi, se dit « choqué » mais exprime sur Komitid sa détermination à œuvrer pour toujours plus de diversité.

Une affiche de l'expo Zanele Muholi détériorée dans le métro parisien
Une affiche de l'expo Zanele Muholi détériorée dans le métro parisien - DR

L’image est choquante et fait froid dans le dos. A gauche, le visage de l’artiste Zanele Muholi a été épargné. A droite, la photo de Candice Nkosi, une personne queer photographiée par Zanele Muholi à Durban en 2020, a été consciencieusement arrachée.

C’est le personnel de la Maison européenne de photographie qui a photographié ces dégradations sur au moins deux affiches ces derniers jours sur la ligne 1, l’une à la station Saint-Mandé, l’autre à la station Bastille.

Ces affiches accompagnent la campagne d’information sur la puissante exposition de la MEP consacrée à l’activiste visuel·le sud-africain·e Zanele Muholi, dont nous avons récemment parlé sur Komitid.

Contacté par Komitid, Simon Baker, le directeur de la MEP, confie : « Je réagis avec beaucoup de tristesse, c’est un choc. Je ne m’attendais pas à cela. C’est une atttaque ciblée sur l’image d’une personne queer. La représentation positive des personnes trans choque encore. Je pense qu’il s’agit d’une infime minorité car les réactions à cette exposition sont très positives.  »

Geste isolé ?

Dans le métro parisien, les campagnes d’affichages sont gérées par le groupe Mediatransports. Jointe par téléphone, sa Directrice du développement durable et de la communication Alexandra Lafay évoque un geste isolé. « A ma connaissance, deux affiches ont été dégradées. Nos équipes ont aussitôt recouverts d’affiches nouvelles dès le signalement. »

Il n’existe pas de statistique mais Alexandra Lafay affirme que les dégradations (tags ou tentative d’arrachage) restent très minoritaires sur l’ensemble du réseau de transports. Cependant, des sujets provoquent plus que d’autres des actes de vandalisme « manifestement idéologiques », selon notre interlocutrice. Ces dégradations semblent souvent motivées par l’antisémitisme, l’homophobie, le sexisme ou le racisme. Pour Alexandra Lafay, « cela doit inciter à continuer à œuvrer pour l’acceptabilité de normes différentes. La publicité et l’affichage sont le reflet de l’évolution de la société. »

 

Une affiche de l’exposition de Zanele Muholi vandalisée dans le métro parisien – DR

La détérioration des affiches dans le métro n’a pas fait semble-t-il l’objet d’une revendication. Mais il existe des groupuscules, souvent d’extrême droite, agissant contre les droits des personnes LGBT et qui n’hésitent pas à mener des attaques directement, sur les réseaux sociaux ou dans la rue.

Il y a quelques jours, à la Tate Gallery de Londres, des manifestants d’un groupuscule nationaliste avaient tenté d’interrompre des lectures pour enfants réalisées par des drag queens. A Toulouse, fin janvier, le même genre de harcèlement avait conduit à l’interdiction aux mineurs d’un atelier animé par les drag queens Brandy Snap et Shanna Bananades.

Vandalisme fréquent

Le vandalisme est aussi fréquent contre les centres LGBT comme à Nantes ou contre les passages piétons aux couleurs du rainbow flag. Nombreuses et régulières, les attaques contre la visibilité des personnes LGBTI+ dans l’espace public font très rarement l’objet de poursuites, faute de retrouver leurs auteurs.

Simon Baker veut se montrer positif. Il nous informe qu’avec plus de 3000 visites le premier week-end, l’exposition Zanele Muholi a connu le meilleur lancement de toutes les expos de la MEP. Il poursuit : « L’exposition du travail de Zanele Muholi est la plus engagée que nous proposons. Elle nous conforte dans notre engagement sur la diversité. Les gens réagissent très positivement à cette exposition. »