Xavier Dolan : fatigué, le réalisateur explique vouloir faire une pause dans sa carrière

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À l'occasion de la sortie prochaine de sa série "La nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé", Xavier Dolan confie au Journal de Montréal son envie de mettre un terme à sa carrière de réalisateur.

Xavier Dolan lors du Festival de Cannes en 2014 - Denis Makarenko / Shutterstock

Sa première série, La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, devrait arriver très prochainement en France, signant ainsi le retour à la réalisation de Xavier Dolan, absent depuis 2019.

Pour autant, le cinéaste ne semble pas prêt à repartir en tournage de sitôt. Dans une interview accordée au Journal de Montréal, Dolan confie ne “plus vraiment avoir envie de faire ce métier-là en ce moment” : “Je suis comme tanné. On est en 2022, et le monde a drastiquement changé. Moi, dans ce monde-là, je ne ressens plus nécessairement le besoin de raconter des histoires et de me raconter.” S’il décrit la série comme « l’expérience la plus galvanisante, la plus enrichissante et la plus formatrice » de sa carrière, il reste assez marqué par le côté “drainant et décourageant” de tout le travail effectué en post-production (montage, étalonnage…). “Si je pouvais tourner un film ou une série et disparaître après, je le ferais”, ajoute t-il dans l’interview.

Une carrière jeune et déjà mouvementée

C’est qu’à la base, le réalisateur ouvertement gay n’est pas vraiment du genre à chômer. En seulement dix ans, il a réalisé pas moins de huit long-métrages, dont son tout premier, J’ai tué ma mère, qu’il a présenté à Cannes à seulement 20 ans ! Dès lors, Xavier Dolan n’a cessé de monopoliser les débats cinéphiles, les festivals et leurs prix : pour Mommy ou Juste la fin du monde à Cannes (respectivement Prix du Jury et Grand Prix), pour Suzanne Clément dans Laurence Anyways, ou encore à Venise pour Tom à la ferme. Une carrière à vitesse grand V, qui n’a pas épargné l’artiste de nombreuses critiques, et de quelques accidents professionnels.

C’est son septième long-métrage, Ma Vie avec John F. Donovan, son tout premier en langue anglaise avec un casting hollywoodien, qui marque un tournant pour l’auteur : le budget du film est plus important que tout ce qu’il a connu, des acteurs quittent le projet. Le tournage se fait sur deux continents différents, une version finale de quatre heures, qu’il est obligé de remonter pour la raccourcir, l’empêche de présenter le film à Cannes. Une étape de montage douloureuse qui l’obligera à faire entièrement disparaître le personnage de Jessica Chastain. “Pour la première fois, tout a été pénible et problématique du début à la fin, du financement à la post production, et bien au-delà. Ce serait inélégant de citer précisément les gens qui ont posé problème, et je suis finalement fier du résultat, mais il a fallu faire des choix très difficiles. J’ai connu toutes les déceptions que je pouvais vivre, humainement et artistiquement.” déclare t-il à Télérama en 2019.

La même année, Xavier Dolan présente Matthias & Maxime, le retour à un cinéma québécois plus sobre, après son drame français et sa grosse machine américaine. Plutôt bien accueilli par la critique, le film peine à conquérir le public encore froid de l’échec de Ma Vie avec John F. Donovan, sorti à peine quelques mois plus tôt.

“Le fait d’avoir sorti Donovan un mois avant Matthias et Maxime, ç’a tué les deux films. C’est sûr que tu ne passes pas tout ce temps-là à faire un film à la sueur de ton front pour que seulement cinq personnes le voient ! », explique t-il au Journal de Montréal.

Échaudé par ces mésaventures, le réalisateur explique vouloir s’éloigner du cinéma : “J’ai envie de prendre du temps pour être avec mes amis et ma famille. J’ai envie de tourner de la pub et de me construire une maison à la campagne un jour quand j’aurai mis assez d’argent de côté.”