"Flee", témoignage animé et remarqué d'un réfugié afghan, sur les écrans français

Publié le

Primé aux festivals de Sundance et Annecy avant de représenter le Danemark aux Oscars, Flee, témoignage en animation sur le destin d'un réfugié afghan, arrive mercredi 31 août dans les salles françaises.

Flee de Jonas Poher Rasmussen - DR
Image de « Flee » de Jonas Poher Rasmussenn au cinéma le 31 août - DR

Primé aux festivals de Sundance et Annecy avant de représenter le Danemark aux Oscars, Flee, témoignage en animation sur le destin d’un réfugié afghan, arrive mercredi 31 août dans les salles françaises.

Dans la veine d’un Valse avec Bachir, Parvana ou Persepolis, Flee démontre la force du cinéma d’animation pour relier la petite histoire et la grande, en suivant le destin d’un jeune homosexuel afghan fuyant les troubles de son pays natal.

« Un visage humain »

Ce documentaire animé a voulu rendre “un visage humain” aux migrants, a expliqué son réalisateur, Jonas Poher Rasmussen, à l’AFP avant la dernière cérémonie des Oscars – où il a été nommé dans les catégories meilleur film d’animation, meilleur film étranger et meilleur documentaire, mais dont il est finalement rentré bredouille.

“J’espère vraiment que l’on peut donner de la nuance et de la perspective (…) et montrer qu’être réfugié n’est pas une identité, c’est une circonstance de la vie”, a-t-il confié.

Le documentaire s’articule autour d’une conversation entre le réalisateur et son ami d’enfance – rebaptisé “Amin” dans le film – venu il y a 25 ans, alors qu’il était adolescent, s’installer seul dans un village non loin de Copenhague.

Flee est rempli de traumatismes, depuis la disparition du père d’Amin dans le Kaboul des années 1980, en plein régime communiste, jusqu’à la décision de sa famille de quitter la capitale, encerclée par des combattants islamistes en 1996.

Lors d’une séquence représentée par des esquisses minimalistes, les soeurs d’Amin se retrouvent prisonnières d’un conteneur étouffant tandis qu’elles cherchent à rejoindre la Scandinavie à bord d’un cargo traversant la mer Baltique. Amin lui-même effectuera plus tard cette traversée sur un bateau surpeuplé et prenant l’eau de partout mais sera intercepté par les gardes-côtes estoniens.

Au départ, “je n’ai pas pensé à faire un film politique”, poursuit le réalisateur. Sa perspective a cependant évolué lors du long – presque 10 ans – processus de conception et de réalisation.

Alliant 2D classique et fusain aux images d’archives, Flee offre une réflexion sur la fuite autant que sur la quête d’une place dans le monde.

Dans les années 1980 et 1990, enfant revêtant les robes de sa soeur puis adolescent fantasmant sur la musculature de Jean-Claude Van Damme, “Amin” ne pouvait exprimer librement son homosexualité, une contrainte qui a culminé avec la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan en 1996. Le film sort en France un an après leur retour au pouvoir à Kaboul.

Arrivé au Danemark vers 1996, “Amin” n’osait ensuite pas raconter sa vie et s’est bâti une armure qui l’empêchait de s’ouvrir aux autres. C’est finalement l’anonymat qu’offre l’animation qui lui permet de témoigner, tout en continuant de vivre incognito. Marié, il mène aujourd’hui sa vie d’adulte au Danemark, où il est propriétaire d’une maison.

“Je pense que les gens peuvent vraiment s’identifier à l’universalité de l’histoire”, estime le réalisateur. “La plupart des gens, à un moment donné de leur vie, cherchent cet endroit où ils peuvent être, honnêtement, qui ils sont”.

Remarqué lors de son parcours dans des festivals, le film a la particularité d’avoir déjà été diffusé en ligne gratuitement en début d’été par Arte, qui l’a coproduit.