Fred Lebreton de Remaides : « Cette image montre un jeune couple de parents gays dire : "On est une famille normale" »

Publié le

Remaides, publié par l'association Aides, publie un numéro avec à la une le témoignage d'un couple gay sérodifférent et leur enfant. Une couverture qui tranche avec les précédentes et qui annonce des changements importants dans la ligne éditoriale de ce magazine.

La nouvelle formule de Remaides avec Julien et Silouane et leur enfant en couverture
La nouvelle formule de Remaides avec Julien et Silouane et leur enfant en couverture

Fred Lebreton est journaliste et occupe cette fonction au sein de la rédaction de Remaides depuis deux ans. Il a rejoint un autre journaliste Jean-François Laforgerie, qui y travaille depuis de longues années et qui en est le coordonnateur.

Fred est aussi l’auteur d’un livre de témoignages très fort, T’as pas le sida, j’espère ? !, sur son parcours de personne vivant avec le VIH.

Cet été, Remaides change de cap et publie un numéro avec à la une le témoignage d’un couple gay sérodifférent et leur enfant. Une couverture qui tranche avec les précédentes et qui annonce des changements importants dans la ligne éditoriale de ce magazine. Fred Lebreton nous les présente.

Komitid : Est-ce que vous pouvez nous parler de la genèse de cette couverture et de votre enquête ?

Fred Lebreton : En 2020, le Conseil d’administration de Aides a voulu clarifier la ligne éditoriale du journal et Remaides a été défini comme le journal des personnes vivant avec le VIH et les hépatites. Avec Jean-François et le comité de rédaction, composé de volontaires, on a commencé à travailler à une refonte du journal. On a estimé que ce qui était important en 2022 c’est la visibilité. C’est une arme contre la sérophobie. Beaucoup de séropos sont toujours invisibles aujourd’hui. Désormais, dans chaque numéro de ce trimestriel, la couverture montrera une personne vivant avec le VIH. Cette couverture en particulier est née grâce à Julien, le garçon séropositif qui est à gauche, qui m’a contacté il y a plusieurs mois et qui était intéressé pour témoigner, d’autant qu’il était dans un parcours de GPA. Il y a eu un long accompagnement car il était un peu anxieux sur l’idée de témoigner, ce qu’il n’avait jamais fait. Ils ont accepté le principe d’une longue interview et une séance photo, à la condition de ne pas montrer le bébé. Un jour je lui ait dit : “avec ton mari, vous faites la couv’ du premier numéro de Remaides nouvelle formule”. Ils étaient un peu anxieux. Ce n’est pas anodin de témoigner, le journal est tiré à 20 000 exemplaires plus les réseaux sociaux. Il y a une forte exposition.

« La visibilité appelle la visibilité. A chaque fois qu’on fait des interviews de personnes séropositives, d’autres personnes nous contactent pour témoigner. »

Qu’est-ce que cela dit de l’évolution des mentalités ?

La visibilité appelle la visibilité. A chaque fois qu’on fait des interviews de personnes séropositives, d’autres personnes nous contactent pour témoigner. Ce qu’explique Julien, c’est qu’il avait fait deux fois le deuil de la parentalité. La première fois quand il a fait son coming out gay, estimant que ça allait être compliqué. Et après quand il a appris qu’il était “séropo”. Il a réussi à dépasser ces obstacles et à réaliser son rêve de parentalité avec son mari. J’ai pensé que ça faisait une belle couv’ en terme d’espoir. Tout simplement parce que cette image montre un jeune couple de parents gays dire : “On est une famille normale”. En terme de message et de symbole, c’est quelque chose qui m’aurait fait du bien quand on m’a annoncé ma séropositivité en 2009. J’essaie de me mettre à la place des nouveaux séropos avec cette couv lumineuse qui montre la réalité du VIH. Quand on est dépisté et traité, on a une vie normale. Cette couverture est un plaidoyer pour la GPA mais aussi contre l’homophobie et la sérophobie.

Komitid : Pouvez-vous nous en dire plus sur cette nouvelle formule de Remaides ?

Remaides a été lancé il y a 32 ans, par un couple gay de volontaires de Aides, tous les deux décédés du sida. C’est le dernier journal papier qui parle du sida. On a huit sections dans le journal, toujours dans le même ordre. La première section s’intitule ” Visibles “, c’est la partie portraits interviews de personnes vivant avec le VIH. On va toujours commencer avec cette section Visibles et une personne en couverture. Chaque section suivante correspond à la vie avec le VIH : les traitements, les droits, la culture, la mémoire, le bien-être… On est passé à 100 pages pour cette nouvelle formule.

Comment est distribué Remaides ?

Remaides est un journal gratuit, distribué par des partenaires comme l’Enipse, qui le distribue dans les lieux LGBT, mais aussi par abonnement gratuit pour le recevoir chez soi. Il est aussi disponible dans les Cegidd, les services de maladies infectieuses et dans les associations. Et bien sûr, il est consultable sur le web. On le retrouve aussi dans tous les pays francophones.

Pour découvrir la nouvelle formule de Remaides en ligne, cliquez ici.