Minima Gesté : « Après 31 ans de vie sur Terre, j'ai l'impression de trouver enfin quelque chose qui me réalise entièrement »

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Minima Gesté est une des drag queens les plus célèbres à Paris. Et surtout une des plus engagées, notamment lors du Sidragtion, récolte de fonds pour le Sidaction. France 3 lui consacre un documentaire. Et c'est mérité ! Interview.

Minima Gesté dans le documentaire France 3
Minima Gesté dans le documentaire d'Antoine Daubin sur France 3 Paris Ile-de-France

Komitid : Minima Gesté, vous arrivez à cumuler un grand nombre d’activités (bingo drag, collecte pour le Sidaction, des actions auprès de plusieurs associations LGBT). Quel est votre secret ?

Minima Gesté : L’insouciance, le détachement et un bout de syndrome de l’imposteur parce que je trouve que je n’en fais pas assez.

Plus sérieusement, qu’est-ce qui vous motive ?

Après 31 ans de vie sur Terre, j’ai l’impression de trouver enfin quelque chose qui me réalise entièrement et qui conjugue différents aspects de ma personnalité (artistique, paperasse, organisation, engagements) que je ne pensais pas pouvoir mélanger. Donc en soit ce qui me motive c’est moi-même et l’effet positif que Minima a sur ma vie.

Pourquoi avez-vous accepté de participer au documentaire « Minima et les Drags » sur France 3 ?

C’est toujours très flatteur que quelqu’un veuille vous suivre avec une caméra pour documenter vos actions ! Mais au delà de ça, je me suis vite rendu compte en parlant avec le réalisateur, Antoine Dabin, qu’il avait la volonté de couvrir des aspects du drag que l’on voit moins représentés. Que ce soit des lectures de contes dégenrés pour enfant, des actions pour des associations, des bingos, des actions dans la rue… Toute cette panoplie fait aussi partie de l’art du drag et nous avons besoin de documenter ces éléments pour avoir des supports de transmission.

Comment expliquez-vous en particulier le succès du Sidragtion ?

Le Sidragtion est une collecte de sous pour le Sidaction que j’organise avec deux amies, Emily Tante et Enza Fragola, depuis 2016. Une horde de drags se retrouvent dans les rues du Marais à Paris pour récolter de l’argent pour la lutte contre le VIH aux terrasses de bars et de restaurants.
Nous sommes plus de 70 drags à nous réunir pendant cet événement. Et si cet événement a tant de succès c’est que c’est un des rares moments où nous nous rassemblons toutes et tous pour une même lutte, qui est centrale dans la communauté LGBT. Et ce moment représente ce qui, pour moi, est l’essence du drag : s’amuser tout en servant une cause.

Avez-vous des rôle models ?

J’ai une très mauvaise culture générale alors je n’ai pas de figure connues auxquelles me référer. Alors je vais dire que mon rôle model c’est moi-même dans 10 ans parce que je me serai amélioré sur plein d’aspects.

La France va enfin organiser une émission inspirée de « RuPaul’s Drag Race ». Vous pensez que c’est une bonne idée ?

Absolument. Plus on va être visible, mieux nous seront considéré.es. Voir tout un cast de drag-queens sur une chaîne publique en accès libre sur YouTube c’est exceptionnel. Cependant il faut se rappeler que c’est une émission de télé-réalité, qu’elle est écrite et éditée et surtout qu’être fan de RuPaul’s Drag Race et être fan de l’art drag, ce sont deux choses différentes.

« Les revendications de la communauté LGBT sont assez nombreuses pour pouvoir être réparties sur plusieurs marches »

Cette année à Paris sont organisées trois marches des fiertés. Vous comprenez cette multiplication des manifestations ?

Tout à fait. Je ne comprends pas les critiques qui disent que ça divise les revendications et dilue l’impact. Il y a aussi l‘ExisTransInter qui a eu lieu ce week-end à Paris. Les revendications de la communauté LGBT sont assez nombreuses pour pouvoir être réparties sur plusieurs marches. Il pourrait y en avoir une tous les mois que ça ne me rendrait pas moins heureux de voir des gens de la commu défiler dans les rues pour affirmer leurs opinions, leur fierté et revendiquer l’arrêt des discriminations.

En cette journée contre les LGBTphobies, quel message souhaitez-vous adresser à la communauté LGBT ?

Engagez-vous ! Il y a des centaines d’associations qui ont besoin de temps, de compétences, d’argent pour répondre à des problématiques diverses. Ne restez pas les bras croisés quand une injustice vous révolte, agissez.

« Minima et les drags », un documentaire d’Antoine Dabin, jeudi 19 mai, à 23 heures, sur France 3 Ile-de-France