Tribune - Fonds mondial/Financement du VIH : l’heure est à l’action !

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Alors que doit se tenir en octobre une importante réunion du Fonds mondial pour la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et la paludisme, Komitid publie la tribune de la présidente de Coalition Plus, Hakima Himmich, pour réclamer que les populations les plus vulnérables, dont les minorités sexuelles et de genre, ne soient pas oubliées.

En 2019, Aides manifeste Gare de Lyon pour réclamer des moyens supplémentaires pour le Fonds mondial - Xavier Héraud pour Komitid

En prélude à la septième reconstitution de ses ressources, le Fonds mondial a établi ses besoins de financements à minimum 18 milliards de dollars étatsusiens (environ 17 milliards d’euros, ndlr) pour accélérer la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.  En tant que réseau international de lutte contre le sida réunissant les personnes infectées, affectées et vulnérables au VIH, Coalition PLUS appelle les pays donateurs à augmenter leur contribution d’au moins 30 % pour agir véritablement sur l’épidémie du VIH.

La cible financière de 18 milliards de dollars annoncée par le Fonds mondial constitue une augmentation d’environ 30 % par rapport aux 14 milliards réunis en 2019. Même si nous reconnaissons cet effort, nous constatons que ce montant ne couvre que 14 % des ressources que le Fonds mondial estime nécessaire sur la période 2024-2026 (130,2 milliards de dollars) pour rattraper le retard dans la riposte au VIH/sida, au paludisme et à la tuberculose.

« Nous, personnes infectées, affectées et vulnérables au VIH, appelons les pays donateurs à augmenter de minimum 30 % leur contribution au Fonds mondial. »

 

Des millions de vie en jeu 

La covid-19 a eu un impact catastrophique sur la lutte contre le sida, faisant reculer considérablement les progrès obtenus depuis la création du Fonds mondial. En 2020, les dépistages du VIH ont baissé de 22 % tandis que le nombre de personnes bénéficiaires des services de prévention du VIH a baissé de 11 % dans les pays où intervient le Fonds mondial. Ces indicateurs très préoccupants nécessitent  une réaction urgente et significative.

Nous, personnes infectées, affectées et vulnérables au VIH, appelons les pays donateurs à augmenter de minimum 30 % leur contribution au Fonds mondial. Seul cet engagement sans précédent permettra de garantir l’accès aux services de prévention et aux traitements dans certains pays comme le Gabon qui font face à une rupture totale des stocks d’antirétroiraux.

Nous sommes à un tournant historique et l’heure est à l’action ! Investir dès maintenant ce minimum de 18 milliards de dollars c’est choisir de sauver des millions de vies ; c’est faire un choix économique durable et optimal puisque chaque dollar dépensé dès aujourd’hui dans la riposte à ces trois maladies permet d’économiser 31 dollars en coûts de santé plus tard.

L’objectif d’un monde sans sida d’ici 2030 ne peut être atteint sans une mobilisation effective et un ferme engagement des pays soutenus par le Fonds mondial. En cela, nous saluons l’implication personnelle des présidents de la République Démocratique du Congo, du Kenya, du Rwanda, du Sénégal et de l’Afrique du Sud dans la campagne de reconstitution du Fonds mondial. Nous leur demandons de maintenir ce leadership et de plaider auprès de leurs homologues pour une mobilisation des ressources nationales indispensables pour mettre fin au sida, soit 45 % du besoin financier nécessaire pour la période 2024-2026.

« Pour une riposte efficace au VIH, nous demandons au Fonds mondial d’œuvrer pour une meilleure inclusion des communautés les plus vulnérables dans les prises de décisions, l’exécution et la coordination des programmes de santé dont elles sont bénéficiaires. »

Impliquer les personnes concernées

Dans les pays où il intervient, le Fonds mondial reste un allié de taille pour les populations vulnérables et marginalisées en particulier, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les personnes usagères de drogues injectables, les travailleuses et travailleurs du sexe, les personnes transgenres, etc. Toutefois, ces personnes restent peu impliquées dans l’exécution des programmes financés par le Fonds mondial comme l’a révélé une enquête flash menée par Coalition PLUS et son membre français AIDES auprès de 18 organisations dans 11 pays de notre réseau.

Pour une riposte efficace au VIH, nous demandons au Fonds mondial d’œuvrer pour une meilleure inclusion des communautés les plus vulnérables dans les prises de décisions, l’exécution et la coordination des programmes de santé dont elles sont bénéficiaires. Ce n’est qu’à cette condition que leurs besoins spécifiques de santé seront pris en compte dans l’élaboration et la mise en œuvre de la riposte à l’épidémie du VIH.

Hakima Himmich, présidente de Coalition PLUS