« Peter von Kant », « Nel mio Nome », « Beautiful Beings », etc. : la Berlinale se décline en tous genres

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Le thème du « gender-bending » connaît des variations tout au long du festival, organisé cette année dans un format réduit à cause de la pandémie.

Image extraite de Beautiful Beings de Gudmundur Arnar Gudmundsson - Capture d'écran / Youtube

Le 72e festival du film de Berlin, qui remettra encore cette année un prix d’interprétation non genré, offre une programmation emplie de questionnements sur ce que signifie être une femme ou un homme.

Le premier grand festival du film européen de l’année s’est ouvert jeudi 10 février avec Peter von Kant de François Ozon, adaptation du film de Rainer Werner Fassbinder de 1972 Les Larmes amères de Petra von Kant.

Mais dans sa version, le personnage principal, Petra von Kant, est remplacée par son alter ego masculin, Peter, interprété intensément par l’un de ses acteurs fétiche, Denis Ménochet (Grâce à Dieu).

Le thème du gender-bending (inversion des genres) connaîtra des variations tout au long du festival, organisé cette année dans un format réduit à cause de la pandémie.

« Lentilles binaires »

Dans le documentaire italien Nel mio Nome, projeté dans la section Panorama de la Berlinale, le réalisateur Nicolo Bassetti suit ainsi la vie de quatre amis de Bologne à différents stades de leur transition FtM.

Nicolo, Leonardo, Andrea et Raffaele parlent intimement de leurs vies, de leurs expériences d’enfance, de leurs partenaires et du parcours de transition. Le producteur exécutif du film n’est autre que l’acteur trans Elliot Page, la star oscarisée de Juno.

Nicolo Bassetti, inspiré par son propre fils trans Matteo, 27 ans, a déclaré que son objectif était de rendre compte de la « richesse de l’humanité », perceptible sans « lentilles binaires ».

Faire ce film lui a fait réaliser qu’il « devait vraiment arrêter d’essayer de faire des hypothèses sur ce que c’est qu’être un homme ou une femme et ce que c’est qu’être hétérosexuel ou homosexuel », explique le réalisateur à l’AFP. « Ces distinctions sont vraiment dépassées et ne sont plus applicables. J’ai plutôt essayé de voir la beauté de ces personnes, de ces êtres humains ».

Avec Nel mio Nome, M. Bassetti veut montrer aux spectateurs qu’ils n’ont pas à se soumettre à « la performance de la masculinité ou de la féminité », des codes selon lui « devenus discutables pour beaucoup ».

Sont également présentés dans la section Panorama Swing Ride et Beautiful Beings, deux autres films qui offrent de nouvelles perspectives sur les normes de genre.

Désir et insécurité

Dans Swing Ride, film italien de Chiara Bellosi, une jeune fille de 15 ans voit ses horizons s’élargir lorsqu’elle rencontre Amanda, une foraine qui refuse de se conformer aux stéréotypes de genre.

Beautiful Beings, film islandais écrit et réalisé par Gudmundur Arnar Gudmundsson, explore lui les tourments de Balli, un jeune inadapté de 14 ans, qui rencontre trois garçons de son âge. Mais leur nouvelle amitié menace de tourner au vinaigre alors qu’ils sont entraînés sur une route sombre dans un monde saturé de masculinité toxique.

 


Dans la section Forum de la Berlinale, le film brésilien Three Tidy Tigers Tied a Tie Tighter suit la vie de trois jeunes amis queer pendant une future pandémie fictive à Sao Paolo.

Et dans la section Génération 14plus, le court métrage portugais At Sixteen explore le désir et l’insécurité que suscite chez une adolescente le fait de voir deux filles s’embrasser.

Ultime clin d’oeil à un avenir non binaire, le festival décernera cette année, pour la deuxième fois, un prix d’interprétation neutre, supprimant ainsi la distinction entre acteurs et actrices.

Pour M. Bassetti, la division des personnes en genres fixes n’est « qu’une période de l’histoire de l’humanité », une période transitoire et « en aucun cas ce qu’il en a toujours été ».