Sur la scène du Théâtre du Châtelet, Cole Porter au top !

Publié le

Les années parisiennes (1919-1928) de l'immense artiste Cole Porter renaissent sur la scène du Châtelet, grâce à l'auteur Christophe Mirambeau et aux Frivolités Parisiennes, pour un spectacle célébrant la liberté, sous toutes ses formes.

Le rideau de scène de « Cole Porter in Paris » au Théâtre du Châtelet - Christophe Martet pour Komitid

Mise à jour, le 21 décembre : ajout de vidéo

Pari(s) réussi pour Christophe Mirambeau au Théâtre du Châtelet. Son nouveau spectacle, Cole Porter in Paris, est un enchantement, pour les yeux et les oreilles. Du chic, du glamour, mais aussi une image très gay de la capitale des années 20 éprise de liberté.

Sur scène, de beaux décors, conçus par Casilda Desazars  se succèdent, inspirés par la peinture cubiste de l’époque. Des « tableaux » retraçant la vie de Cole Porter à Paris se déploient, au fil des chansons, des standards, bien sûr mais aussi des pépites peu connues. L’un des plus belles trouvailles de ce spectacle est la présence sur la scène de l’orchestre des Frivolités Parisiennes, une compagnie avec une folle énergie. On est parfois parcouru de frissons de plaisir en découvrant les orchestrations sublimes de certains airs qui pourtant n’avaient plus de secret pour nous (Love for Sale en particulier). Autre réussite, les séquences de danse, conçues par Caroline Roëlands. Parmi celles-ci, l’une s’inspire des ballets suédois de l’époque sur l’air Pilot Me, une autre se déroule au Lido à Venise et sont de pures merveilles.

Six interprètes principaux se partagent la vedette… dont trois qui jouent Cole Porter. Des rôles exigeants. Ils et elles sont excellents avec une mention spéciale pour Yoni Amar (qu’on avait pu voir dans La Belle et la Bête à Mogador), sans oublier l’immense Charlène Duval.

Christophe Mirambeau connaît presque par cœur Cole Porter et on lui doit, en 2012 la recréation de La Revue des Ambassadeurs, l’unique show de Cole Porter créé lors de ses années parisiennes et qui fut un immense succès. Dès le départ, ce qui l’intéressait était d’être d’une totale franchise sur la vie amoureuse de Cole Porter. Marié à une femme et aimant les hommes.

Christophe Mirambeau n’a pas voulu faire un biopic de Cole Porter comme il nous l’expliquait dans l’interview qu’il nous a accordée : « Je ne voulais pas faire un biopic mais montrer le rapport entre cette femme, Linda Lee Thomas, et Porter [qu’elle épouse en 1919] sachant très bien qui il est et où vont ses affections. Porter était homo, pas bi. Elle-même a eu un vécu assez tragique : elle avait été mariée à un type violent dont elle avait fini par divorcer. Ce rapport d’un homme homosexuel qui a besoin de cette femme dans sa vie, qui vit dans le Paris de l’après Grande Guerre, une vie sexuelle tout à fait libérée, j’ai trouvé ce triangle formé avec Linda et son amant Boris Kochno très intéressant. D’autant plus que tout cela est très lisible dans les lyrics des chansons de Cole Porter. »

Ce double entendre qu’affectionnait l’artiste américain et dans lequel il excellait n’est jamais aussi clair – et jouissif – que dans You’re The Top. À ce moment du spectacle, Christophe Mirambeau s’en donne à cœur joie dans la gaytitude et je vous laisse découvrir le résultat ! Constamment, le spectacle nous enchante grâce à un respect profond pour la musique et l’ambiance des années folles mais avec toujours cette dose de modernité refusant la nostalgie.

À l’issue de Cole Porter in Paris, vous risquez bien de passer le reste de la soirée à fredonner un air de Porter, ce qui n’est sans doute pas ce qui peut vous arriver de pire. Cole Porter aimait passionnément Paris et grâce à ce très beau spectacle, émouvant, époustouflant, étincelant, une ode à la liberté et à l’amour, la capitale le lui rend bien !

« Cole Porter in Paris », au Théâtre du Châtelet, jusqu’au 1er janvier 2022. Toutes les infos sur le spectacle sur le site.