Carine Petit, maire du 14e arrondissement : « Le festival 14e des fiertés sera l’occasion de sensibiliser le grand public à la lutte contre les discriminations »

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Pour la première édition du festival des cultures et identités LGBTQI+, Le 14e des fiertés, de nombreuses associations mais aussi des lieux culturels et de loisirs ont été mis à contribution pour un programme riche de plus de 20 évènements, la plupart gratuits.

Carine Petit, maire du 14e arrondissement de Paris - Florence Moncenis

Du 5 au 21 novembre, le 14e arrondissement va vivre au rythme du premier festival des cultures et identités LGBTQI+, Le 14e des fiertés. Sensibilisation du public à la lutte contre les discriminations, meilleure connaissance de l’histoire des combats LGBTQI+, moments festifs et artistiques, le programme est à l’image de cet arrondissement riche d’histoire et de personnalités LGBTI+ et qui veut se positionner sur la carte des quartiers LGBTfriendly.

De nombreuses associations mais aussi des lieux culturels et de loisirs ont été mis à contribution pour un programme riche de plus de 20 évènements (la plupart gratuits) : tables rondes, expos, pièce de théâtre, films, mais aussi un Dry Bingo Drag ou encore une soirée voguing avec la House of Gabbana.

Komitid est partenaire de cet évènement, et nous avons demandé à la maire du 14e, Carine Petit, de nous en dire plus.

Komitid : Pourquoi un festival « 14e des Fiertés » dans votre arrondissement ? 

Carine Petit : Il existe peu de moments et d’espaces dédiés pour les questions LGBTQI+ en dehors d’événements institutionnels ou de certains quartiers historiques de Paris (Marche des fiertés, le Marais ou encore le Nord-Est). Mêler cet objectif de visibilisation à un souhait de diffusion de la culture nous semble pertinent dans le 14e  arrondissement et au sud de Paris. 

Le 14e arrondissement est riche de la diversité de ses habitant.e.s. Nous souhaitions à travers ce festival célébrer cette diversité et le respect de chacun·e. Nous entendons malheureusement encore trop souvent l’expression de violences au quotidien : pour rappel, les chiffres du rapport sur les LGBTQIphobies de SOS Homophobie ne cessent d’augmenter depuis cinq ans. 

« Nous souhaitions à travers ce festival célébrer cette diversité et le respect de chacun·e »

Ce festival sera donc l’occasion de sensibiliser le grand public à la lutte contre les discriminations. Avec Mélody Tonolli, qui est chargée dans mon équipe municipale de la culture, de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations, nous avons souhaité le faire de façon positive, par la culture, en direction des petits et des grands et avec une programmation à très grande majorité gratuite.

Comment la programmation a-t-elle été conçue et les établissements culturels et associatifs de l’arrondissement y ont-ils été associés ?

Nous avons réuni un premier panel de partenaires culturels et associatifs du 14e autour du projet de festival en mars 2021, puis nous avons agrandi le cercle à chaque nouvelle réunion. 

Nous avons annoncé nos objectifs en termes de visibilité des identités, de sensibilisation du grand public mais également le caractère positif qui nous souhaitions véhiculer par cette manifestation. Nos partenaires ont été très enthousiastes à l’idée de proposer une programmation dédiée qui puisse s’inscrire dans leur programmation annuelle. 

Dès lors, nous leur avons laissé une grande liberté pour qu’ils proposent des événements, tout en restant en lien avec les objectifs annoncés. 

D’eux-mêmes, nos partenaires ont proposé des actions très justes et complémentaires,  qui allient de la culture et de de la sensibilisation. C’est, par exemple, ce que fait le Théâtre de la Cité Internationale le 17 novembre prochain, avec la pièce Marco qui évoque la question de la LGBTQIphobie et de l’asile politique, suivie d’un échange avec des associations et des militant·es.

De notre côté, nous avons souhaité organiser une soirée de lancement du festival le 5 novembre, qui soit à l’image de ce que nous portons, avec la participation d’artistes engagé·e·s, tout en gardant un espace dédié à une réflexion collective sur les questions LGBTQI+.

Avez-vous travaillé avec des associations locales ?

Nous avons collaboré avec des associations de quartiers, des associations parisiennes, franciliennes mais également nationales, notamment dans le cadre des différentes interventions se déroulant lors de notre soirée de lancement.

Nous avons également la chance d’avoir comme habitante dans le 14e, Suzanne Robichon, que l’on ne présente plus, et qui a participé aux différentes réflexions collectives pour l’élaboration de ce festival.

Il est important de souligner que le lancement de ce festival a permis la naissance d’une nouvelle association dans le 14e arrondissement. Il s’agit de l’association Boitaqueer, portée par des artistes queer, qui cherche à visibiliser les artistes et la culture queer. Cette association va notamment exposer une dizaine d’artistes à la galerie du Montparnasse du 6 au 18 novembre prochain, 55 rue du Montparnasse. 

« Nous prévoyons de lancer début 2022 le Réseau d’Aide aux Victimes de LGBTQIphobies  que nous avons dû malheureusement reporter plusieurs fois depuis 2020 »

Au-delà de cet événement centré sur la culture, que fait concrètement votre arrondissement en matière de droits LGBTI+ ?

Les prérogatives des Mairies d’arrondissement restent limitées sur ces sujets bien que nous nous inscrivons pleinement dans la politique de la Ville de Paris en participant aux divers moments institutionnels qu’elle organise (Semaine de lutte contre les discriminations, Quinzaine des fiertés, par exemple).

Nous prévoyons de lancer début 2022 le Réseau d’Aide aux Victimes de LGBTQIphobies  que nous avons dû malheureusement reporter plusieurs fois depuis 2020. Ce réseau d’acteurs en lien avec les structures du médical, du social et du sanitaire, mais également tout simplement des structures d’accueil du public (association, équipement public ou bailleur), a pour vocation de permettre une meilleure prise en charge des personnes victimes de violences et de LGBTQIphobie, par une meilleure information des ressources disponibles et une meilleure sensibilisation des équipes accueillantes.

Enfin, nous avons initié en 2021 une première action de sensibilisation des élèves de 3e et d’une partie du personnel encadrant du collège François Villon en partenariat avec SOS Homophobie. Cette action a été très bien reçue et nous souhaiterions la reproduire dans les autres établissements du secondaire du 14e.

Vous avez inauguré récemment un jardin Monique Wittig dans votre arrondissement. Pourquoi c’était important de préciser qu’elle était lesbienne et féministe ?

Cela semblait vraiment essentiel quand on connait le travail de Monique Wittig et les apports de sa réflexion, qu’elle soit littéraire ou intellectuelle, sur le féminisme et le genre.

Avez-vous d’autres lieux ou rues en mémoire de personnes LGBTI+ dans le 14e ?

Tout d’abord, il faut rappeler que le 14e est riche d’une histoire méconnue du grand public : pour ne citer qu’un exemple, le quartier de Montparnasse a longtemps été un lieu de fêtes et de rencontres des artistes, mais également de personnes LGBTQI+. De nombreux établissements existaient à l’instar du Monocle qui était un lieu de la vie nocturne lesbienne dans les années de l’entre-deux guerres. Je conseille la lecture du très bon ouvrage de Denis Cosnard sur Frede, une personnalité emblématique du monde de la nuit du Montparnasse de cette époque et qui était lesbienne et amante de Marlene Dietrich.

Avec mon équipe municipale, nous souhaitons privilégier en priorité les personnes qui ont eu un lien direct avec le 14e arrondissement quand nous le pouvons, fort·es de notre histoire connue ou méconnue commune.

Nous avons pu nommer le jardin Marie-Thérèse Auffray qui était une femme lesbienne artiste et résistante durant la seconde guerre mondiale. Elle a vécu dans le 14e et son atelier était rue Gazan. Monique Wittig a également résidé rue Raymond Losserand.

Enfin, dans le nouveau quartier Broussais réaménagé qui a vu la création de la promenade des sœurs Paulette et Jane Nardal, nous avons nommé la rue Hervé Guibert qui passa son enfance dans le 14e arrondissement.

Toutes les infos sur le festival Le 14e des fiertés à retrouver sur la page de la mairie

Illustration © Gwendoline L