Cameroun : deux femmes trans passées à tabac et menacées de mort

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Deux femmes trans camerounaises ont été « passées à tabac » et « menacées de mort » dimanche à Douala, la capitale économique du Cameroun, a rapporté mardi 10 août l'ONG Human Rights Watch.

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Le rainbow flag et le drapeau du Cameroun - Yuriy Boyko / Shutterstock

Shakiro, très connue sur les réseaux sociaux au Cameroun, et Patricia, avaient été remises en liberté provisoire mi-juillet, après avoir été reconnues coupables notamment de « tentative d’homosexualité ».

Les deux femmes ont été la cible d’« une agression d’une grande brutalité » commise par « un groupe violent » dimanche à 1 heure à Douala, selon un communiqué de l’ONG Human Rights Watch (HRW).

« Les agresseurs les ont tirées de force d’un taxi, insultées et menacées de mort, et les ont passées à tabac pendant environ 30 minutes avant de s’enfuir à l’arrivée des gendarmes  », a relaté l’ONG. « L’attaque a été filmée dans une vidéo qui a aussitôt circulé sur les réseaux sociaux », a-t-elle ajouté, appelant les autorités à « abroger la loi anti-homosexualité ».

« J’ai été entièrement déshabillée et rouée de coups sur tout le corps par plusieurs personnes  », a témoigné Shakiro dans le communiqué. « J’ai reçu des coups de pied et des gifles. J’ai dû faire le mort – c’était le seul moyen de survivre », a-t-elle poursuivi.

« Cette attaque est un dur rappel que les personnes transgenres au Cameroun, qu’elles soient derrière les barreaux ou non, ne sont jamais libres », a commenté HRW, poursuivant que la violence contre les personnes LGBTI+ est « institutionnalisée ».

Sollicitées par l’AFP, les autorités camerounaises n’étaient pas disponibles dans l’immédiat.

« C’est de la barbarie », a réagi auprès de l’AFP Me Alice Nkom, avocate et défenseure des droits LGBTI+. « C’est ce qu’on observe dans un État où la légalité a échoué  », a-t-elle estimé. Selon Me Alice Nkom, les deux femmes déposeront une plainte après l’obtention d’un certificat médical.

Début février, Shakiro et Patricia avaient été arrêtées à Douala avant d’être condamnées en mai àcinq5 ans de prison, la plus lourde peine prévue par la loi camerounaise contre les pratiques homosexuelles.

HRW avait déploré en avril les discriminations subies par les personnes LGBTI+ au Cameroun. Autrefois fréquentes, les arrestations pour des faits allégués d’homosexualité ont sensiblement baissé ces dernières années au Cameroun, mais elles semblent repartir à la hausse depuis peu.

Avec l’AFP