À ne pas manquer : « Vent chaud », de Daniel Nolasco, Grand Prix du Jury à Chéries Chéris

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Dans « Vent chaud », le réalisateur multiple les scènes où le cuir et le fetish sont à l'honneur et propose un magnifique portrait d'un homme gay enfermé dans ses fantasmes.

Rafael Theophilo dans « Vent chaud », de Daniel Nolasco

Daniel Nolasco aime le cuir. On le savait déjà après avoir vu son documentaire Mr. Leather (présenté à Chéries-Chéris en 2019). Dans Vent chaud, son nouveau long-métrage, le cuir et le fetish  sont en effet au centre de nombreuses scènes de ce film aux limites du porno. Daniel Nolasco franchit en effet un pas de plus par rapport à des films déjà « risqués » comme L’Inconnu du lac, d’Alain Guiraudie et O’Fantasma de João Pedro Rodrigues.

Le décor du film est celui d’une usine d’engrais chimiques dans une ville brésilienne balayée en juillet par un vent sec (titre original du film) et très chaud. La vie de Sandro, le personnage principal, est plutôt monotone, entre son dur labeur, ses moments à la piscine et les fêtes avec les collègues.

Il a aussi des relations sexuelles sans parole avec un de ses collègues, Ricardo, qui, on va le découvrir, aimerait aller plus loin. La vie de Sandro va basculer à l’arrivée d’un nouveau collègue, Maicon, sexy comme un personnage de Tom Of Finland. Sandro est un taiseux mais il fantasme beaucoup. Dans la première partie du film, de (trop ?) longues séquences de sexe s’enchaînent dans un répertoire visuel inspiré par bon nombre de cinéastes gays (en particulier RW Fassbinder et son cultissime Querelle). Des références que le réalisateur revendique ainsi que sa passion pour les films porno gays des années 70.

L’aspect le plus fascinant du film est de montrer plusieurs facettes de ces personnages masculins. Daniel Nolasco explique son projet dans une interview pour Frameline : « Dans tout le film, j’essaie souvent de monter la dichotomie des personnages qui sont pour la plupart vulnérables, et qui montrent aux autres leur côté solide, costaud. » Le film propose une sorte de « gay gaze » sur la masculinité et la virilité.

Ce qui relie aussi ce film à une certaine cinématographie gay est le mélange des genres : érotique, fantastique, mélodrame, accentué par une utilisation remarquable de la musique, entre chansons d’amour populaires, musique électro et grandes envolées lyriques.

Sur fond de tensions politiques et sociales, le cheminement de Sandro (magnifiquement incarné par l’acteur Leandro Faria Leto), entre fantasmes et engagement, jalousie et résignation, est passionnant.

« Vent chaud », de Daniel Nolasco, Leandro Faria Lelo, Allan Jacinto Santana, Renata Carvalho, Rafael Theophilo – Interdit aux moins de 16 ans avec avertissement