Selon les associations, le Japon est à un « tournant » sur les droits LGBTI+

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Le Japon est à un « tournant » pour les droits des minorités sexuelles, ont déclaré mercredi 9 juin des militant·es du mouvement LGBTI+, espérant que les JO de Tokyo serviront de catalyseur pour l'adoption d'une nouvelle loi antidiscrimination dans le pays.

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Le drapeau du Japon et le rainbow flag - esfera / Shutterstock

« Nous pensons que c’est un vrai tournant, et je veux vraiment insister sur l’importance » d’adopter ce texte durant la session parlementaire s’achevant dans une semaine, a plaidé Yuri Igarashi, directrice de J-ALL, une organisation japonaise de défense des droits LGBTI+.

« Les Jeux olympiques de Tokyo attirent une énorme attention sur la manière dont ce pays va répondre aux enjeux pour la communauté LGBTQ », a déclaré de son côté Gon Matsunaka, responsable de la « Pride House » de Tokyo, un centre de convivialité pour les minorités sexuelles qui a ouvert ses portes en octobre dernier.

Des sondages montrent un soutien grandissant de l’opinion publique au Japon à une législation plus inclusive pour les minorités sexuelles, surtout parmi les jeunes. De plus en plus d’entreprises et d’administrations locales japonaises renforcent leurs mesures de promotion de la diversité. Et pour la première fois, un tribunal du pays a estimé en mars que la non reconnaissance du mariage pour tou·tes au Japon était anticonstitutionnelle.

Mais le vote de la nouvelle loi antidiscrimination traîne en longueur face aux manoeuvres dilatoires des élus du Parti libéral-démocrate (PLD, droite nationaliste) au pouvoir. Lors d’un débat parlementaire sur le sujet le mois dernier, un député du PLD avait fait scandale en déclarant selon la presse locale que les relations LGBTI+ menaçaient «  la préservation de l’espèce ».

Pourtant le PLD avait promis en 2019 de « promouvoir la compréhension  » vis-à-vis des difficultés persistantes rencontrées par les personnes LGBTI+, a rappelé Yuri Igarashi. Nombre de conjoints du même sexe au Japon éprouvent des difficultés à louer ensemble un appartement, ou ne peuvent parfois se rendre visite à l’hôpital, faute d’un lien officiellement reconnu entre eux.

La Charte olympique stipule que « tout individu doit avoir la possibilité de faire du sport sans discrimination d’aucune sorte ».

Aussi pour Gon Matsunaka, «  nous devons faire deux choses : d’abord créer le changement dans le milieu japonais du sport, puis dans la société dans son ensemble ».

Il est encore « très difficile  » pour des sportif·ves japonais·es LGBTI+ de révéler leur identité sexuelle, selon Fumino Sugiyama, un ancien escrimeur olympique japonais et militant trans. Ils ont peur de décevoir leurs fans et leurs proches, ou craignent d’être discriminés par leurs fédérations et de ruiner ainsi leur carrière sportive, a-t-il ajouté.

Avec l’AFP