Cameroun : deux personnes trans condamnées à cinq ans de prison

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Deux personnes trans camerounaises ont été condamnées mardi 11 mai par un tribunal de Douala à 5 ans de prison notamment pour « tentative d'homosexualité » et « outrage public aux moeurs », la peine la plus lourde, a déclaré à l'AFP leur avocat.

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Le rainbow flag et le drapeau du Cameroun - Yuriy Boyko / Shutterstock

Loïc Djeukam, homme trans très présent et connu sur les réseaux sociaux au Cameroun sous le pseudonyme de Shakiro, et Roland Mouthé alias Patricia, emprisonné·es depuis février, ont été reconnu·es coupables de « tentative d’homosexualité, outrage public aux moeurs et défaut de carte nationale d’identité », a déclaré l’un de leurs avocats, Me Richard Tamfu, qui a annoncé son intention de faire appel de la décision.

« Ils ont aussi écopé d’une amende de 200 000 FCFA (300 euros) et des frais de procédure de 22 300 FCFA (33 euros) et risquent un an supplémentaire de prison au cas où ils ne parviennent pas à payer ces sommes », a-t-il ajouté.

« C’est un coup de massue. Il s’agit là de la peine maximale prévue par la législation », qui réprime l’homosexualité au Cameroun, a déclaré à l’AFP Alice Nkom, présidente de l’Association pour la défense des droits des homosexuels (Adefho). « Le message est clair : les homosexuels n’ont plus de place au Cameroun », a-t-elle poursuivi.

L’homosexualité est interdite au Cameroun, la loi prévoyant des peines allant de 6 mois à 5 ans de prison et une amende pouvant aller jusqu’à 200 000 FCFA à l’encontre de toute personne qui entretient des rapports sexuels avec une personne du même sexe.

L’ONG Human Rights Watch a déploré dans un communiqué publié en avril les discriminations subies par les personnes gays au Cameroun.

« La loi qui criminalise les comportements homosexuels fait courir aux personnes LGBT un risque accru d’être maltraitées, torturées et agressées sans aucune conséquence pour les auteurs de ces actes », avait déclaré Neela Ghoshal, directrice adjointe de la division LGBT à HRW.

Autrefois fréquentes, les arrestations pour des faits allégués d’homosexualité ont sensiblement baissé ces dernières années au Cameroun, mais elles semblent repartir à la hausse depuis peu.

Avec l’AFP