Tchétchénie : deux hommes gays accusés de complicité avec un groupe armé

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Deux jeunes gays arrêtés et conduits de force début février en Tchétchénie sont accusés de complicité avec une rébellion armée, a annoncé mercredi 24 février une ONG spécialisée sur la persécution des minorités sexuelles dans cette république russe du Caucase.

Une pancarte pour la Tchétchénie lors de la Pride de Londres 2017 - Sandor Szmutko / Shutterstock
Une pancarte pour la Tchétchénie lors de la Pride de Londres 2017 - Sandor Szmutko / Shutterstock

L’association LGBT Set a déclaré à l’AFP que Salekh Magamadov et Ismaïl Issaïev avaient été officiellement accusés de « participation à un groupe armé clandestin », un terme employé habituellement par les autorités pour désigner les activités de combattants jihadistes. Les deux hommes risquent jusqu’à 15 ans de prison.

« Les détenus ont dit à leur avocat qu’ils avaient dû signer des déclarations et des dépositions sous la menace », a encore expliqué l’ONG, qui ajoute ne pas avoir vu de « preuves objectives » de leur culpabilité.

Enlèvement

Salekh Magamadov et Ismaïl Issaïev, âgés de 21 et 17 ans respectivement, avaient été appréhendées par les forces de l’ordre le 4 février à Nijni Novgorod, dans l’ouest de la Russie, et transférés dans des conditions troubles dans un commissariat de la ville tchétchène de Goudermès. LGBT Set a qualifié leur arrestation d’enlèvement.

Le 7 février, un proche collaborateur du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, Akhmed Doudaïev, avait assuré que les deux prévenus avaient « avoué avoir fourni une aide à un membre d’un groupe armé illégal  », tué au cours d’une opération des forces antiterroristes le 20 janvier.

Selon l’ONG, un tribunal a ensuite ordonné leur placement en détention dans une prison de Grozny, la capitale de la Tchétchénie. Contacté par l’AFP, le ministère tchétchène de l’Intérieur a affirmé qu’ils avaient été appréhendés dans un premier temps en tant que « témoins ».

Main de fer

Les deux hommes avaient été exfiltrés avec l’aide de l’ONG LGBT Set en juillet 2020 hors de cette république russe du Caucase en majorité musulmane et dirigée d’une main de fer par Ramzan Kadyrov. Selon l’association, ils avaient été interpellés une première fois au printemps 2020 à cause de leur orientation sexuelle et contraints d’enregistrer des excuses filmées, dans lesquelles ils disaient « ne pas être des hommes  ».

La Tchétchénie est régulièrement accusée de graves violations des droits des opposants politiques, des femmes et des personnes LGBT+. Le journal d’opposition russe Novaïa Gazeta, suivi par plusieurs ONG, avait révélé en 2017 que des hommes gays y étaient arrêtés et parfois torturés et assassinés par la police.

Avec l’AFP