Premier procès pour « extrémisme » en Russie pour des photos du drapeau arc-en-ciel

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Une photographe de 33 ans est jugée depuis mardi 30 janvier dans la région de russe de Saratov pour avoir mis en ligne des photos comportant l'étendard arc-en-ciel.

Rainbow flag inclusif
Rainbow flag inclusif - nito / Shutterstock

Une photographe de 33 ans est jugée depuis mardi 30 janvier dans la région de russe de Saratov pour avoir mis en ligne des photos comportant l’étendard arc-en-ciel, première affaire du genre depuis l’interdiction en Russie pour « extrémisme » du mouvement LGBT+, a annoncé l’ONG Pervy Otdel.

La jeune femme, Irina Mossina, qui risque une amende ou 15 jours de détention, est poursuivie pour diffusion de « la symbolique d’une organisation extrémiste », selon l’organisation de défense des droits humains Pervy Otdel qui travaille avec les avocats de la défense.

L’ONG assure qu’il s’agit de la première affaire du genre en Russie depuis que la Cour suprême a banni fin 2023 pour « extrémisme » le mouvement « international » LGBT+, ouvrant la voie à des poursuites judiciaires contre les militants défendant les droits des minorités sexuelles.

Elle relève que l’affaire a été lancée par un policier du service de lutte contre l’extrémisme, qui avait repéré des clichés de la photographe montrant le drapeau arc-en-ciel sur son compte Instagram, un réseau social banni en Russie mais qui reste très consulté via VPN.

Selon l’organisation, ces poursuites n’ont pas lieu d’être notamment car l’agent a déclenché son enquête avant même l’entrée en vigueur de l’arrêt de la Cour suprême sur lequel il fonde ses accusations.

Irina Mossina « est une photographe et ses réseaux sociaux sont une exposition digitale de son travail, et la représentation du drapeau arc-en-ciel est un choix artistique », ajoute Pervy Otdel.

L’organisation relève que le policier doit être entendu par le tribunal lors d’une prochaine audience prévue le 5 février.

Depuis 2013, une loi en Russie interdit la « propagande » de « relations sexuelles non-traditionnelles » à l’adresse des mineurs.

Puis, dans la foulée d’un tour de vis général après l’assaut russe contre l’Ukraine, cette législation a été considérablement élargie fin 2022 pour interdire toute forme de « propagande » LGBT+ dans les médias, sur Internet, dans les livres et les films. Enfin, fin 2023, la Cour suprême a donc interdit pour « extrémisme » ce qu’elle a appelé le mouvement « international » LGBT+.

De son côté, le président russe Vladimir Poutine se lance régulièrement dans des diatribes anti-occidentales du fait de la tolérance à l’égard des personnes LGBT+, y voyant la preuve de la décadence de l’Europe et des Etats-Unis et se présentant comme le porte-drapeau de valeurs conservatrices.