Un personnage non binaire et pansexuel dans « Ici tout commence », le nouveau soap quotidien de TF1

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Fort du succès de « Demain nous appartient », TF1 part à la conquête des jeunes — sans négliger leurs parents — et lance lundi 2 novembre « Ici tout commence », nouveau feuilleton quotidien situé dans une école de gastronomie, qui mise sur la diversité et des idées dans l'air du temps.

Eliott (Nicolas Anselmo) est un personnage non binaire et pansexuel dans la série de TF1 « Ici tout commence »

Au générique, signé Gims, figurent des acteurs qu’on ne présente plus (Francis Huster, Elsa Lunghini, Frédéric Diefenthal…) aux côtés de jeunes comédiens déjà vus sur TF1 (Clément Rémiens, Azize Diabaté) ou débutants (Aurélie Pons, Lucia Passaniti).

Tournée à Saint-Laurent d’Aigouze (Gard), la série sera diffusée du lundi au vendredi à 18 heures 30, juste avant sa grande soeur DNA tournée à Sète, à la place du divertissement Bienvenue à l’hôtel.

TF1 proposera ainsi « un bloc de fiction d’une heure, inédit en access prime time » (avant-soirée, ndlr), souligne Anne Viau, sa directrice artistique de la fiction française. Un pari risqué, «  mais le succès de DNA nous a donné des ailes », justifie-t-elle.

Regardée par quelque 3,5 millions de téléspectateurs en moyenne (replay inclus), DNA enregistre des parts d’audience de 23 % chez les femmes de moins de 50 ans et de 25 % chez les 15-24 ans, un petit exploit face à un public plus enclin à se tourner vers les plateformes comme Netflix et les réseaux sociaux.

Personnage non-binaire et pansexuel sur TF1

Le soap porté par Ingrid Chauvin compte ainsi parmi ses adeptes Léandre, Francilien de 11 ans, qui apprécie son « suspense » et l’a découvert « il y a un an » chez sa grand-mère, explique-t-il à l’AFP.

Ou Jeanne, une Strasbourgeoise de 14 ans, d’abord intriguée par des extraits diffusés sur Instagram avant de suivre les replay sur son portable. « On s’attache aux personnages, il y a de belles intrigues », estime l’adolescente, évoquant aussi des sujets « tabous dans la société ».

C’est que, dans le sillage de Plus belle la vie (France 3), et comme Un si grand soleil (France 2), DNA aborde de nombreux thèmes sociétaux en écho à l’actualité, tels que l’homophobie, le handicap, les violences faites aux femmes, la transidentité, tandis que la pléiade de personnages caractéristique des feuilletons quotidiens favorise une diversité par ailleurs cruellement absente du petit écran, comme le pointe régulièrement le CSA.

Ici tout commence met par exemple en scène le personnage d’Eliott, non-binaire et pansexuel. Elodie, elle, est une jeune apprentie cuisinière malvoyante.

Nicolas Anselmo, l’interprète d’Eliott, 22 ans, se fait une joie de « porter la parole de ceux qui n’osent pas s’exprimer ou ne le peuvent pas » dans un monde où «  un garçon qui se maquille, c’est encore mal toléré  », déclare-t-il à l’AFP.

Chez TF1, on se défend de viser spécifiquement les jeunes ou de vouloir remplir un cahier des charges. « C’est plutôt une volonté éditoriale » de refléter et questionner la société « de manière positive et pas anxiogène » en fédérant « tous les publics », fait valoir Fabrice Bailly, directeur des programmes.

« Regard condescendant »

La démarche de TF1 est «  intéressante, même sous un angle grand public  », commente Sullivan Le Postec, créateur de la web-série Les engagés, centrée sur des militants LGBT+ et diffusée sur Slash, l’offre numérique de France télévisions dédiée aux jeunes.

Selon lui, les chaînes françaises ont fait des efforts ces dernières années pour inscrire leurs fictions dans « une forme de réalité sociale », longtemps restée « l’apanage du documentaire et du reportage ».

« Il y a des évolutions notables  » bien qu’insuffisantes, abonde la sociologue Marie-France Malonga, spécialiste de la question des minorités dans les médias. « Les chaînes sont mises au pied du mur face à la concurrence des plateformes qui donnent plus la parole à d’autres types de récit » pour capter « un public qui peut aussi s’exprimer sur les réseaux sociaux », analyse-t-elle.

Produits à flux tendus, les feuilletons quotidiens ne peuvent pas être « du Godard, mais ce n’est pas grave », insiste Sullivan Le Postec, déplorant un « regard encore condescendant » sur ce format très populaire.

Quand Plus belle la vie aborde l’évolution d’un personnage transgenre, « ce n’est pas parfait » mais c’est fait dans la durée « devant des ados, des adultes, des grands-mères », insiste-t-il.

Avec l’AFP