La militante queer et féministe égyptienne Sarah Hegazi s'est suicidée
La militante égyptienne Sarah Hegazi s'est suicidée le 14 juin. La jeune femme avait été emprisonnée après avoir brandi un rainbow flag pendant un concert au Caire.
La militante queer égyptienne Sarah Hegazi s’est suicidée en exil au Canada après son emprisonnement en Égypte. Pour Amnesty international, elle a subi « l’oppression » du pouvoir au Caire.
Sarah Hegazi a « vécu une dure expérience en prison en 2017 », a tweeté l’ONG, déplorant « l’oppression » subie par la militante « en raison de ses opinions politiques et de son militantisme en faveur des droits LGBTI ».
"The experience was brutal and I am too weak to resist – forgive me"
With these words, human rights defender #SarahHegazy ended her life
Sarah was forced into exile in Canada after being imprisoned in 2017 in #Egypt for her political views and defending LGBTI rights pic.twitter.com/rbSjEApX0k
— Amnesty MENA (@AmnestyMENA) June 15, 2020
Dans le même tweet, Amnesty a cité les derniers mots laissés par la jeune femme avant son suicide dimanche : « L’expérience était sévère et je suis plus faible qu’il ne faut pour résister. Pardonnez moi ».
Sarah Hegazi arrêtée pour avoir brandi un rainbow flag
Sarah Hegazi avait été arrêtée au Caire après avoir brandi un rainbow flag lors d’un concert du groupe Mashrou’ Leila en octobre 2017, dont le chanteur Ahmed Sinno milite aussi pour la cause LGBT+.
- Lire aussi : Qatar : la venue du groupe pro-LGBT+ Mashrou’ Leila annulée après une campagne anti-gay sur internet
Elle avait passé trois mois en prison avant d’être relâchée et de s’exiler au Canada en 2018. Victime de stress post-traumatique, elle aurait été torturée pendant sa détention, subissant des violences sexuelles, selon de nombreux militant.e.s LGBT+ qui se sont exprimés sur les réseaux sociaux depuis dimanche.
Par ailleurs, toujours selon les militant.e.s, la mère de Sarah Hegazi est décédée pendant son exil sans que celle-ci ne puisse revenir en Égypte pour les funérailles.
« Elle s’est suicidée », a confirmé à l’AFP son avocat Amro Mohamed sans plus de précisions.
Depuis dimanche, les réactions indignées se sont multipliées sur les réseaux sociaux où les utilisateurs ont posté de nombreux drapeaux arc-en-ciel en hommage à Sarah Hegazi.
« Le régime égyptien a emprisonné et torturé Sarah Hegazi pour cette photo », a écrit dimanche la militante féministe Mona Eltahawy en postant une photo de la militante LGBT avec son drapeau arc-en ciel au concert de Mashrou’ Leila.
The #Egyptian regime jailed and tortured Sara Hegazy for this picture. The Sisi regime effectively killed her for this picture. The regime is homophobic and it knows Egyptian society is homophobic. Homophobia kills. Fuck homophobia. Fuck the patriarchy. #LGBTQ #Pride pic.twitter.com/n205050tLJ
— Mona Eltahawy (@monaeltahawy) June 14, 2020
« Au cas où quelqu’un aurait un doute, le gouvernement d’Égypte l’a tuée »
La directrice Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch, Sarah Leah Whitson, qui avait rencontré récemment Sarah Hegazi, a parlé sur Twitter d’une jeune femme « clairement en souffrance, traumatisée par sa torture ». « Au cas où quelqu’un aurait un doute, le gouvernement d’Égypte l’a tuée », ajoute-elle.
I met #SaraHegazy recently in Canada. She was clearly in pain, traumatized by her torture, suffering, and separated from her country, but very much wanting to turn a new page. It was too much to bear.
Lest anyone have any doubt, the government of #Egypt killed her. https://t.co/DE7uctU94E
— Sarah Leah Whitson (@sarahleah1) June 14, 2020
En 2017, les autorités égyptiennes avaient interdit aux médias « de montrer des homosexuels ou de promouvoir leurs slogans ». Si l’homosexualité n’est pas expressément prohibée en Égypte, la communauté LGBT+ est régulièrement prise pour cible par les forces de sécurité.
Avec l’AFP
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