Après le déconfinement, la France va-t-elle rester toujours aussi « colorblind » ?

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Il ne suffit plus d'afficher sa bonne volonté et il faut en finir avec les discours de « plus rien ne sera comme avant ».

Un quai du RER - Hadrian / Shuttterstock

Ce vendredi 22 mai, cela fait près de deux semaines que nous avons entamé, en France, la période dite de déconfinement. Avec des nuances en fonction de la couleur de votre département, vert ou rouge.

Durant ces deux mois passés en confinement, les nerfs ont parfois été mis à rude épreuve et pour certains et certain.e.s d’entre vous, cette période a signifié au mieux télétravail mais parfois du chômage partiel, voire malheureusement, une perte d’emploi.

Pendant cette crise, qui n’est pas finie, Komitid vous a informé largement sur les actions entreprises par les associations LGBT+. Il y a eu ces distributions de nourriture et de produits de première nécessité organisées par le Fast.

Comme le faisait remarquer Giovanna Rincon, lors de la table-ronde organisée en début de semaine par SOS homophobie, il existe un véritable « cumul de vulnérabilités ». 

Un autre point qui dépasse les questions relatives aux personnes LGBT+. Mais concerne toutes celles et ceux qui militent contre toute forme de discriminations.

Car cette crise sanitaire a révélé non seulement les failles et les graves carences du système de santé ainsi que cet adage vrai pour d’autres épidémies (je pense en particulier au VIH) : On n’est pas égaux devant la maladie.

 

J’ai été frappé (et le mot est faible) par la rapidité avec laquelle, en particulier dans les transports, à l’annonce du déconfinement du 11 mai, les opérateurs ont mis en place des mesures drastiques pour éviter la contagion par le coronavirus. Tout d’un coup, c’était branle le bas le combat ! Obligation de porter un masque, distances de sécurité, distribution de gel… Mais pendant deux mois, pourquoi n’a-t-on pas assurer à celles et ceux qui prenaient toujours les transports en commun, et parfois dans des conditions très dégradées, d’avoir accès à ce même dispositif de sécurité ? Parce que c’étaient des « travailleurs peu qualifiés » et qui plus est en grande majorité des personnes racisées qui prenaient les transports, pour assurer les activités essentielles, en particulier la santé (rappelons que l’APHP est le plus gros employeur d’Ile-de-France) ? Pourquoi les médias et les politiques n’ont-ils pas abordé cette question ? La France va-t-elle longtemps continuer à être « colorblind ».

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le département le plus touché par le coronavirus est aussi le plus pauvre et un des plus divers : la Seine Saint-Denis. Un département où vivent de très nombreuses communautés afro-descendantes, repoussées loin de Paris par la cherté des loyers.

Combat intersectionnel

Dès maintenant, il faut mener le combat intersectionnel afin de prendre en compte tous les parcours et les vécus. Il ne suffit plus d’afficher sa bonne volonté et il faut en finir avec les discours de « plus rien ne sera comme avant ». Il faut des actes ! Pour les personnes LGBT+, on voit déjà, avec l’annonce d’un nouveau retard sur la PMA, que le gouvernement méprise les droits des couples lesbiens et des femmes célibataires. Sur le terrain des injustices alimentées par le racisme et des discriminations en raison des origines, le chantier, lui, reste immense !

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  • arnosa

    Je ne suis pas abonné à Kolitid pour lire de la prose LFI.
    La France a les plus gros transferts sociaux du monde. La question est plutôt où vont les 770 milliards d’euros annuels ?!