Comment la communauté LGBT+ crée de nouvelles solidarités face au Covid-19

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Des activistes et des associations ont pris les devants ces derniers jours pour lancer des initiatives et créer de nouvelles solidarités face au Covid-19. Komitid fait le point.

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Souvent loin physiquement de leur famille, parfois précaires, pour certaines malades ou isolées, les personnes LGBT+ sont particulièrement vulnérables face à l’épidémie du Covid-19 et le confinement qu’elle impose. Certain.e.s activistes ont pris les devants ces derniers jours pour lancer des initiatives et créer de nouvelles solidarités. Komitid fait le point.

L’appel à la solidarité de Gwen Fauchois

Dès jeudi 12 mars, certaines figures de la communauté lancent un appel à la solidarité comme Gwen Fauchois, activiste, lesbienne, féministe et ancienne militante d’Act Up-Paris. Gwen explique à Komitid ce qui l’a poussée à prendre la parole en publiant un billet sur son blog : « J’ai un environnement familial assez vulnérable et je suivais de près la situation en Italie. J’ai compris assez vite qu’il n’y avait aucune différence en terme de poussée exponentielle de l’épidémie entre l’Italie et la France. Notre gouvernement ne faisait rien et j’ai commencé à me sentir impuissante et en rage. Je me suis dit il va y avoir des milliers de morts si on ne fait rien. Il faut, à ma petite échelle, que j’essaie de déclencher quelque chose. »

Une course contre la montre

Grâce à la puissance des réseaux sociaux et notamment Twitter où le billet de Gwen est partagé plus de 150 fois, des actions se mettent en place : « Immédiatement j’ai eu des réactions et des réponses concrètes. C’est en mettant toutes nos idées en commun qu’on va en avoir d’autres. Cette épidémie c’est une course contre la montre ».

Le lendemain vendredi 13 mars, la direction du bar/club LGBT friendly À La Folie met en place un formulaire en ligne  pour identifier les personnes en capacité d’aider les plus vulnérables.

Une plateforme solidaire « trans pédé gouine »

De son côté Nathan Boumendil, salarié de Aides, contacte d’autres activistes pour savoir qui fait quoi et qu’est-ce qui peut être fait ensemble.

Il explique sa démarche à Komitid. « Depuis deux semaines chez Aides on est en contact avec les autorités de santé pour anticiper les conséquences du Covid-19 sur les personnes vivant avec le VIH mais aussi les travailleur.euse.s du sexe (TDS) et les consommateur.rice.s de produits psycho actifs. J’ai contacté Gwen Fauchois qui m’a dit que le Claq (Comité de Libération et d’Autonomie Queer) travaillait déjà sur un projet autour de la solidarité.

Avec le Claq, on a vite monté une réunion avec, entre autres, des activistes du Strass, d’Act Up-Paris et d’Acceptess-T. On s’est dit que le plus simple serait d’avoir un groupe Facebook qui puisse héberger des sous-groupes par quartier ou thématique. Un lieu safe pour les personnes LGBTQI+, TDS et séropos ».

Le groupe (privé) intitulé « Plateforme solidaire TBPGIQ (Trans, Bi, Pédés, Gouines, Intersexes et Queers), contre le Coronavirus (Paris/Ile de France)
https://www.facebook.com/groups/219815129381102/ est lancé mardi 17 mars et compte déjà plus de 1300 membres en 48 heures.

Un fond d’action sociale pour les personnes trans

Vendredi 13 mars, Océan, comédien et activiste trans, et Giovanna Rincon, directrice d’Acceptess-T, annoncent le lancement du FAST, le Fonds d’action sociale pour les personnes trans.

Pour Komitid, Giovanna Rincon explique ce nouveau dispositif : « Le FAST traduit bien à quel point les populations les plus invisibles et les plus frappées par les inégalités sociales ont besoin d’aide. Il n’a pas été créé en lien direct avec le Covid-19 mais il répond à des problématiques que nous rencontrons depuis toujours et qui se sont amplifiées avec l’épidémie actuelle. »

Solidarité avec les sans papiers

Giovanna et son association accompagnent des personnes trans infectées par le Covid-19 qui sont parfois travailleuses du sexe et sans papiers. Elle insiste sur un point essentiel, selon elle : « Il est important de rappeler qu’il y a une posture de contrôle très importante de l’État mais il va falloir très rapidement, dans notre stratégie de réponse solidaire, qu’on se rappelle à quel point les associations se sont battues pour défendre les droits fondamentaux des personnes les plus vulnérables et les plus discriminées face à des abus de pouvoirs de l’État. »

Quand les réseaux sociaux deviennent des lieux de solidarité

Komitid a compilé pour vous quelques comptes Twitter/Instagram qui se servent de leur audience pour devenir des lieux de solidarités et d’infos utiles LGBT+ :